Président d’Église, (Pl) (★ Lobsann 23.6.1874 † Strasbourg 23.2.1950).
Fils de Pierre Maurer, fonctionnaire de la ville de Strasbourg, et d’Élisabeth Schmidt. ∞ 8.8.1901 à Strasbourg Lina Schahl ; 1 fille. Après des études à la faculté de Théologie protestante de Strasbourg (1892-1896) et son vicariat à Saint-Pierre-le-Jeune à Strasbourg, il fut ordonné le 19 février 1898. Vicaire à Westhoffen, Bischwiller et Hœrdt, Maurer fut nommé pasteur à Büst (1901) où il fit construire une nouvelle église, à Gerstheim (1915) et à Schwindratzheim (1920), où il présida le Consistoire. Son grand intérêt pour la Mission lui valu d’être envoyé à la conférence missionnaire internationale d’Edimbourg (1910) et en Perse auprès de l’Église nestorienne, mais il refusa un poste important au Tanganyika (Deutsch-Ostafrika) pour rester au service de l’Église d’Alsace. Arrêté au printemps 1940, pour ses relations avec le mouvement autonomiste et interné à Arches, Vosges, Maurer accepta le 23 juin 1940 la présidence de l’Église de la Confession d’Augsbourg et du chapitre Saint-Thomas, en remplacement de Robert Hœpffner ©, réfugié à Périgueux. Il refusa de s’associer à la campagne orchestrée Outre-Rhin pour le retour de la cathédrale au protestantisme, mais demanda dans un télégramme (2 août 1940) à Hitler « que le vieux symbole de l’art allemand et de la foi chrétienne soit, en signe de l’union enfin réalisée du peuple et du Reich, retiré des luttes confessionnelles et serve en tant que sanctuaire national à tous ceux qui cherchent à pratiquer un christianisme positif, par la foi et les actes, dans notre grand Reich allemand » (als nationales Heiligtum allen denen dienen möge, die ein positives Christentum des Glaubens und der Tat im neuen Grossdeutschen Reich zu verwirklichen suchen). Maurer assuma sa charge dans les conditions extrêmement difficiles de l’annexion de fait, s’opposant aux empiètements et pressions de l’administration allemande et du parti nazi, pour défendre les droits de l’Église et des paroisses, des personnes persécutées ou arrêtées, protestantes et catholiques, par exemple la Congrégation des sœurs de la Divine Providence de Saint-Jean-de-Bassel. En novembre 1944, Maurer se retira à la maison Bethlehem à Strasbourg-Cronenbourg. Alors que les cours de justice cessaient leur activité en Alsace, il fut arrêté en novembre 1947 et jugé, après plu- sieurs mois de détention à la prison de Metz, par le tribunal militaire de la 6e Région. Le commissaire du gouvernement reconnut sa résistance courageuse face aux autorités occupantes et le zèle infatigable avec lequel il s’est engagé en faveur de tous les persécutés, sans distinction de leur confession », Maurer fut condamné à 5 ans de travaux forcés, à la confiscation des biens et à 10 ans d’interdiction de séjour ; mais l’exécution de la peine fut suspendue par le général commandant la région militaire. En exil en Haute-Saône, gravement malade, il fut gracié et ramené en septembre 1949 à l’hôpital de Strasbourg et décéda au Diaconat.
Agenda für die Gemeinden Augsburgischer Konfession in Elsass-Lothringen (liturgie), Strasbourg, 1906 ; Gesangbuch für Christen Augsburgischer Konfession in E-L. (recueil de cantiques), Strasbourg, 1908 ; Halleluja (livre d’orgue), Leipzig, 1923 (réédition) ; rédacteur de l’hebdomadaire Friedensbote de 1912 à 1939.
Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, L’Alsace, sous la dir. de B. Vogler, Paris, 1987, p. 285-287 ; J. Bresch, « Ein offenes Wort zum Prozess von Herrn Pfarrer Maurer », Le Messager évangélique, n° 165, 5.12.1948; F. Bachmann, « In memoriam Pfarrer Carl Maurer », Almanach 1951 de l’Eglise évangélique luthérienne (portrait) ; R. Ernst, Rechenschaftsbericht eines Elsässers, Berlin, 1954, p. 252-253, 300; L. Kettenacker, Nationalsozialistische Volkstumspolitik im Elsass, Stuttgart, 1973, p. 197 ; D. Sturzer, Les Églises protestantes d’Alsace pendant la 2ème guerre mondiale, Strasbourg, 1983; A. Irjud, « Le retour des biens culturels », Revue d’Alsace, n° 120, 1994.
† Alphonse Irjud (1995)