Architecte, (C) (★ Béziers ? 1706 † Strasbourg 12.3.1771).
Fils de Guillaume Massol, maître maçon, et de Marie Blanchette. ∞ 23.6.1724 à Paris (date du contrat de mariage) Marie-Louise Relly; 2 fils. «Appareilleur des bâtiments», il bénéficia d’emblée de l’appui de la veuve d’Hardouin-Mansart. À 25 ans, en juillet 1731, il remplaça l’architecte Le Chevalier à la tête du chantier du palais épiscopal de Strasbourg conçu par Robert de Cotte ©. En même temps, il prit la direction des travaux de l’hôtel de Hanau-Lichtenberg et surveilla la construction de l’église Saint-Louis de Neuf-Brisach. «Architecte du Roi et de S.A. le Cardinal de Rohan» (1736), il brigua, en 1738, la succession de François-Rodolphe Mollinger ©, inspecteur des travaux de la ville de Strasbourg. Mais le préteur royal Klinglin © réussit à imposer son propre architecte, Jean-Pierre Pflug ©, en faisant valoir que Massol ne parlait pas l’allemand, qu’il ignorait la règlementation locale, qu’il ne savait guère construire sur pilotis, qu’il avait fourni des projets médiocres pour l’Hôtel prétorial et que, somme toute, il n’était que l’architecte exécutant du palais épiscopal. Une seconde tentative échoua en 1754, et Massol dut se contenter de la fonction, fort honorable, d’architecte de l’Évêché et du Grand Chapitre. Par ses projets et ses réalisations, il montra d’ailleurs qu’il n’avait rien à envier aux autres architectes de la place et que le jugement du cardinal de Rohan, selon lequel il avait plus de goût que tous les architectes allemands, était amplement justifié.
Pendant 40 ans, Massol exerça une influence bénéfique sur l’architecture strasbourgeoise et alsacienne, maintenant un style classicisant sobre et élégant sans concession majeure aux tentations baroques. À Strasbourg, il construisit entre autres le couvent Sainte-Barbe (détruit), les sacristies de la cathédrale (1744), le grand portail de la préfecture (1747), sa propre maison au n° 36, rue des Juifs (1751), l’hôtel Gayot (Gouvernement militaire) à partir de 1754 avec l’aide de G.-M. Muller ©, le collège des Jésuites (lycée Fustel de Coulanges) sur les plans de Le Mire ©, entre 1755 et 1757, l’hôtel des Hohenlohe, rue des Frères (1760), le Grand Séminaire (1768) d’après les plans de François Houlié, la façade de l’hôtel de Dettlingen (1769), rue des Juifs, et l’hôtel Baron d’Autigny (1770), rue des Veaux, détruit. En dehors de Strasbourg, on lui doit également l’Hôtel de ville de Wissembourg (1742) ainsi que celui de Mutzig, achevé en 1746, les plans pour l’hôpital de Haguenau (1745), réalisé par G.-J. Barth, l’hôpital de Saverne (1747), détruit, la Cour de Niedermunster à Obernai (1747), l’École royale de sériciculture à Dachstein (1750), aujourd’hui château neuf, les châteaux d’Odratzheim (1765) et de Reichshoffen (1770). L’influence de Massol se perçoit aussi à l’église de Geispolsheim (1770). Parmi ses projets, il faut signaler des dessins pour le château de Karlsruhe (1750) et pour les maisons curiales de Scherwiller (1746), de Steinbourg et Westhouse (1741). Dans le domaine du mobilier, enfin, nous lui sommes redevables de la chaire de l’église Saint- Christophe de Belfort (1748), du maître-autel de Monswiller (1760) et du maître-autel de la cathédrale de Strasbourg (1765). Peut-être est-il aussi l’auteur des remarquables boiseries (1765) du chœur de l’église Saint-Pierre-le-Jeune de Strasbourg.
Archives municipales de Strasbourg, D, Saint-Étienne ; Archives municipales de Strasbourg, procès-verbaux du Conseil des Treize, vol. 564 ; Archives départementales du Bas-Rhin Not. 6E 41 ; H. Haug, « François-Rodolphe Mollinger et les services d’architecture strasbourgeois du XVIIIe siècle », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 1923, p. 136-139 ; idem, « L’architecture Régence à Strasbourg », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 1926; idem, « L’architecture du XVIIIe siècle dans les petites villes d’Alsace », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, 1928 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, XXIV, 1930, p. 222 ; A. Weirich, « L’hôtel de Hanau, contribution à l’histoire de ses origines », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 1967, p. 319-332 ; A. Wollbrett, « Une œuvre peu connue de Joseph Massol, le maître-autel de Notre-Dame de Monswiller », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire,1967, p. 363-374; J.-D. Ludmann, « L’hôtel prétorial de Strasbourg », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 1973, p. 145-160; idem, Le Palais Rohan de Strasbourg, t. I et II, Strasbourg, 1979-1980, t. I, p. 37-40; idem, « L’architecture à Strasbourg sous Louis XV », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 1981 ; L. Châtellier, « De l’autel de Frémery à la gloire de Massol », Bulletin de la cathédrale de Strasbourg, 1984, p. 79-87 ; : Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 5003-5004; R. Lehni, B. Parent, Haguenau, Art et Architecture, Cahiers de l’Inventaire 16, Strasbourg, 1988, p. 72, 116 ; V. Umbrecht, Les hôtels particuliers de Strasbourg au XVIIIe siècle, Strasbourg, 1990, p. 37-38 (erreurs) ; Th. Rieger, B. Vogler, Alsace baroque et classique, Strasbourg, 1993, p. 180 ; J.-D. Ludmann, « Les aménagements successifs du chœur de la cathédrale de Strasbourg depuis 1681 », Bulletin de la cathédrale de Strasbourg, 1994, p. 45-56.
Théodore Rieger (1995)