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MASEVAUX Melchior de

Chevalier, homme de guerre et diplomate (★ vers 1460 † 1530).

Fils de Louis de Masevaux et de Guillemette de Montreux. Frère de Balthasar, Jacques, Marguerite. ∞ N. Melchior fut probablement élevé à la cour de Frédéric III, en compagnie du futur empereur Maximilien Ier © (qui évoque ses qualités de jouteur dans son autobiographie). Présent à ses côtés lors de la révolte des villes flamandes (1488), il partagea sa captivité, à Bruges, puis contribua aux opérations de rétablissement de l’ordre en Flandre occidentale, à la tête de contingents fournis par les villes impériales (été 1488-janvier 1489). Nommé grand-veneur (upperjager van Vlaendren) et membre du conseil de Flandres, proche du duc Albert de Saxe, il obtint les fonctions de capitaine et bailli de Nieuport (en 1490), mais renonça rapidement à cette charge revendiquée par un autre courtisan. Ses talents politiques et militaires en firent l’un des meilleurs agents de l’empereur auprès de l’archiduc Philippe le Beau, notamment lors des opérations de guerre contre le duc de Gueldre (1495, 1497). Venu renforcer l’armée de Maximilien en Italie en 1496, il organisa l’arrivée de troupes à Gênes et reçut le commandement de Pise. Lors de la guerre souabe, il rejoignit sa région natale avec des renforts des Pays-Bas (mai 1499) et fut chargé de défendre le secteur des villes forestières du Rhin, notamment Waldshut, après la défaite de Dornach (24 juillet 1499). Conseiller impérial, il fut nommé capitaine ou gouverneur de l’importante place de Wiener-Neustadt, en Basse Autriche, et resta à ce poste pendant plus de 20 ans (1501-1523), exerçant en outre différents commandements et d’autres fonctions de cour, comme celle de maître d’hôtel (Hofmeister) de l’impératrice (1510). En dehors des affaires courantes (commissaire aux états provinciaux de Basse Autriche ou de Styrie à plusieurs occasions, par exemple en 1511, lors de la Ligue de Cambrai), il fut particulièrement chargé des relations avec la Hongrie et les autres territoires de l’est (où il disposait d’un réseau d’informateurs). Parmi ses missions diplomatiques, la plus importante fut celle qui le conduisit au bord de la Baltique en 1514 et 1515 pour coordonner une alliance regroupant aussi bien le Danemark que ses voisins (Suède, Saxe et Brandebourg) et même le prince de Moscovie contre le roi de Pologne alors en lutte contre l’Ordre teutonique. En 1507, il avait été chargé de négocier l’intervention militaire du margrave de Bade en Champagne et en Bourgogne dans la perspective de nouvelles tensions entre le royaume de France et l’Empire, à la suite de la mort de Philippe le Beau et il était vraisemblablement resté en Alsace pendant plusieurs mois, notamment pour surveiller le duc de Lorraine. Membre de la Régence d’Innsbruck (1508), il joua un rôle de premier plan dans la guerre contre Venise: fait prisonnier lors de la chute de Padoue, il demeura en captivité dans la cité des Doges entre novembre 1509 et la fin de l’hiver suivant, et ne fut libéré qu’au prix d’une énorme rançon. Le congrès de Vienne de 1515, dont il était l’un des organisateurs (avec son compatriote Jacob Villinger ©) marqua l’apogée de sa carrière : il défila à la tête de 2000 soldats et fit l’objet d’une des gravures du célèbre Triomphe de Maximilien de Brugkmair et Altdorffer. À la mort du souverain, qui fut inhumé dans sa ville de Wiener-Neustadt (février 1519), il resta naturellement au service de Charles-Quint, dont il avait été l’un des meilleurs partisans, en liaison constante avec Marguerite de Savoie. Cependant, l’archiduc Ferdinand n’allait pas tarder à le relever de ses fonctions de gouverneur de Wiener-Neustadt, le 4 septembre 1523, le remplaçant, par l’Espagnol Gabriel de Salamanque © et lui attribuant une pension de 100 florins sur les salines de Hall. Retiré en Alsace en 1524, sans doute diminué par la maladie, il fit partie du conseil de guerre des pays antérieurs autrichiens en 1525 et demeura le plus souvent à Masevaux dont il était bailli-engagiste, à la suite de son père (le titre de bailli est utilisé depuis 1518). En 1513, il avait vendu sa seigneurie de Nambsheim à Jacob Villinger.

H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian /., Munich, 1986, t. V, p. 541- 543 ; G. Bischoff, « Une enquête: la noblesse austro-bourguignonne », Les pays de l’entre deux au Moyen Age, Paris, CTHS, 1990, p. 123-138.

Georges Bischoff (1995)