Marchand strasbourgeois, (Pl) (★ Strasbourg vers 1510 † avant 1579 ?). ∞ 1536 à Strasbourg Anna Burger. Martstaller avait créé une entreprise de commerce à caractère familial. De 1542 à 1544, il fut associé avec le marchand Mathias Wicker et s’adonna avec celui-ci principalement au commerce des épices. Ils utilisèrent comme entrepôt le Gürtlerhof que Wicker avait acheté en 1541 (KS 41 f° 31 v°). Après 1557, par suite de différends avec Wicker (KS 98 f° 28 ; XXI, 1556, f° 116-117, 212 et 224), Martstaller s’associa avec son gendre Hans Volmar. Un autre gendre, Nicolaus Scheid, fit fonction de facteur de la firme notamment à Anvers. Martstaller travailla essentiellement avec des crédits privés provenant de la petite noblesse strasbourgeoise et étrangère, d’officiers seigneuriaux, d’institutions diverses (orphelinat, béguinage zum Thurn, chapitre de Saint-Pierre-le-Jeune) mais aussi de Hans von Fleckenstein et surtout de Philipp IV von Hanau-Lichtenberg. Ce dernier avait prêté à Martstaller 24 000 florins pour les placer à Anvers. A l’instar des autres marchands strasbourgeois, Martstaller travailla avec des maisons de commerce de Francfort, Augsbourg, Nuremberg, Cologne et Aix-la-Chapelle entre autres. Il importa des produits alimentaires (épices, sucre, figues, harengs) mais aussi du cuir, du plomb, de l’alun, du papier, du fil et des filés, ces derniers en provenance de la Lorraine, de la Bourgogne (KS 83 f° 41 r°) et de Lyon (XXI, 1572, 2 et 5 juillet). Son rayonnement commercial dépassa donc largement les frontières de l’Alsace. Les affaires réussirent à Martstaller pendant une trentaine d’années. En 1568, Martstaller estima sa fortune à 51 000 thaler dont 20 000 thaler en créances (Archives départementales du Bas-Rhin, 3 B 442/47). En plus il possédait un important stock de marchandises diverses, notamment de fil et de harengs évaluées à 10 000 thaler. À partir de 1566, suite à des spéculations imprudentes et aux troubles religieux et politiques aux Pays-Bas (KS 180 f° 169 v°, 171 r°), les affaires déclinèrent et, à l’instar d’autres marchands, Martstaller fut acculé à la faillite en 1572. À cette date, les dettes se seraient élevées à 60 000 florins (XXI 1572 f° 754 ; Série V 22/110). Devenu insolvable, Martstaller quitta, secrètement semble-t-il, Strasbourg pour se réfugier à Bergheim en emportant un certain nombre d’effets. Son gendre Volmar s’enfuit également. En 1577, Martstaller se trouvait à Mulhouse (AA 1817 f° 1). Martstaller était aussi un important propriétaire foncier. Il possédait à Strasbourg plusieurs immeubles et, à Anvers, la maison zu sint Marcus, achetée en 1564, lui servait de comptoir. Il était en outre propriétaire d’une ferme près de Saint-Nicolas-de-Port, dite La Madeleine, et d’une résidence de campagne avec dépendances, dite Herrenhof à Helmlingen au nord de Kehl. L’entreprise d’envergure moyenne de Martstaller commença à se dégrader vers 1566. La ruine d’Anvers lui porta un coup fatal : Martstaller ne put plus honorer ses échéances.
En plus des sources figurant chez A. Humm on peut encore citer: Archives municipales de Strasbourg XV, 1574, f° 40 et 103 ; XXI, 1555, f° 297 r° ; 1556, f° 116v°- 117r°, 212 r°, 224 r° ; 1557, f° 67 v° ; 1558, f° 254r°-255 r° ; 1568, f° 153 r°v° ; 1569, f° 632 v° ; 1572 (2 et 5 juillet), f° 754 ; 1577, f° 684 v° ; 1578, f° 48 v°, 91 r° ; chambre des contrats, KS 32, f° 79 v° ; 83, f° 41 r° ; 180, f° 169 v° ; 300 f° 25 v° ; AST 42, f° 458 ; Série III, 85/14. J. Strieder, Aus Antwerpener Notariatsarchiven. Quellen zur deutschen Wirtschaftsgeschichte des 16. Jh., Stuttgart, 1930, p. 386, n° 747 et 748 ; A. Humm, « Un marchand strasbourgeois du XVIe siècle : Balthasar Marstaller », Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1980, p. 47-64 ; J.-P. Kintz, La société strasbourgeoise 1560-1650, Strasbourg, 1984 (marque des Marstaller, p. 376).
† François-Joseph Fuchs (1995)