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MANDERSCHEID-BLANKENHEIM, Jean comte de

Prince-évêque de Strasbourg de 1569 à 1592 (★ 1538 † château de Saverne 2.5.1592, inhumé dans l’église collégiale de Saverne).

Fils du comte Arnold et de Marguerite de Wied, fille de Jean de Wied, et de Marguerite de Nassau. Issu d’une grande famille de la région de Trêves,  dont les représentants étaient, depuis le début du XVe siècle, titulaires de riches bénéfices ecclésiastiques dans toute la région et, au-delà, de Cologne à Stavelot-Malmédy. Les liens qui existaient traditionnellement entre les chapitres de Cologne et de Strasbourg avait conduit Jean à disposer de prébendes dans les deux cathédrales. Élu évêque de Strasbourg en 1569, confirmé par le pape en 1573, il semble qu’il se soit surtout préoccupé, dans un premier temps, du rétablissement du temporel de son évêché. Les âpres discussions avec le Magistrat de la ville de Strasbourg qui s’achevèrent en 1578 par un compromis, les visites des bailliages et des chapitres ruraux qu’il fit entreprendre en 1570 et 1572 puis en 1578 et 1580 par son procureur fiscal allèrent dans ce sens. Toutefois, à cause peut-être de la présence auprès de lui du suffragant Johann Delphius ©, il se préoccupa de plus en plus du spirituel. Il appela les Jésuites et les établi à Molsheim, en 1581, qui devint ainsi un centre missionnaire de la plus grande importance pour toute la Basse Alsace. Les Jésuites de Molsheim s’employèrent immédiatement à diffuser l’enseignement du concile de Trente dans les paroisses environnantes et à le faire mettre en pratique par les leçons d’instruction religieuse qu’ils donnaient, les distributions du catéchisme de Pierre Canisius, les sermons aux fidèles, les exercices spirituels qu’ils faisaient pratiquer aux prêtres. En 1582, ce fut le recteur du collège qui fut chargé par l’évêque de la visite pastorale du diocèse. Cette initiative contemporaine de celle qui fut prise en Lorraine (1581) par le cardinal de Vaudémont ©, chargeant les Jésuites de Pont-à-Mousson de la visite du diocèse de Toul, peut être considérée comme le point de départ de l’œuvre de réforme catholique dans le diocèse de Strasbourg. Il est vrai que ces premiers efforts n’eurent pas en Alsace les effets que l’on pouvait espérer. La cause principale est à chercher à Cologne où les troubles qui agitaient l’archevêché depuis l’élection de Gebhart Truchsess en 1577 ne tardèrent pas à avoir leurs prolongements en Alsace. Le Chapitre de Strasbourg était trop lié à celui de la grande métropole rhénane pour ne pas être divisé à son tour: d’un côté se trouvaient ceux qui adhéraient, comme l’archevêque Truchsess, à la réforme luthérienne et de l’autre, ceux qui restaient fidèles à Rome. La personnalité de l’évêque Jean de Manderscheid qui, à deux reprises, s’était porté candidat à l’électorat de Cologne en 1570 et en 1577 (contre Gebhart Truchsess) et, d’autre part, les sympathies du Magistrat de Strasbourg et de plusieurs princes voisins pour les chanoines révoltés ne pouvaient donner qu’une plus grande intensité au conflit. Celui-ci prit bientôt les caractères d’une véritable guerre lorsque les forces conjuguées de la Bavière et de l’Espagne ayant contraint l’archevêque apostat de Cologne à l’exil, l’évêché de Strasbourg devint pour lui et ses partisans une place de repli (après 1583). Dès lors, les combats et les destructions compromirent grandement l’œuvre de réforme entreprise par Jean de Manderscheid-Blankenheim

P.-A. Grandidier, Œuvres historiques inédites, IV, Colmar, 1866; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 231-232; K. Hahn, Die kirchlichen Reformbestrebungen des strassburger Bischofs Johann von Manderscheid, Strasbourg, 1913 ; M. Barth, « Die Seelsorgetätigkeit der Molsheimer Jesuiten von 1580 bis 1765, » Archiv für elsässische Kirchengeschichte, t. VI, 1931, p. 325-400 ; P. Delattre, Les établissements des Jésuites en France depuis quatre siècles, 5 vol., Enghien-Wetteren, 1949-1956, III, col. 385-429; Répertoire des visites pastorales de la France. Première série. Anciens diocèses (Jusqu’en 1790), IV, Paris, 1985, p. 388-389 ; Neue Deutsche Biographie, XVI, 1990, p. 14-15.

Louis Châtellier (1995)