(★ Strasburg, Prusse occidentale, vers 1360 † après 1416).
Prêtre du diocèse de Kulm, il quitta son pays pour devenir chartreux, mais ce projet échoua. À partir de 1388, il vint prêcher à Cologne, Coblence, puis Mayence. En l’année jubilaire 1390, il partit pour Rome. De passage à Strasbourg, ce militant de l’obédience romaine s’en prit dans ses sermons au pape d’Avignon Clément VII, à ses partisans et aux neutralistes ; il dénonçait également la « dépravation » des laïcs, du clergé séculier et tout particulièrement des ordres mendiants. Ses sermons virulents provoquèrent une émeute contre les Hospitaliers du Grünenwoerth (Marais Vert) et leur commandeur, Heinrich von Wolfach, partisan de l’obédience avignonnaise, qui dut prendre la fuite. De retour de Rome, Malkaw prêcha à Zurich et à Bâle, puis à nouveau à Strasbourg, où il fut bientôt inculpé d’hérésie et emprisonné. L’action de l’Inquisition était en fait inspirée par les ordres mendiants, le Conseil, des membres des milieux dirigeants de la ville, et de nombreux clercs séculiers. Cette coalition comprenait aussi des partisans du pape d’Avignon, des neutralistes, ainsi que des sympathisants des « Amis de Dieu » rassemblés autour du Grünenwoerth. En 1392, Malkaw quitta sa prison de Benfeld dans des circonstances non éclaircies ; la même année, il s’inscrivit à l’Université de Cologne. En 1394, un arbitrage de l’Université de Heidelberg — qui, dans le cadre de son procès, avait émis en 1392 une expertise très défavorable pour lui — le réhabilita entièrement, le lavant de l’accusation d’hérésie. Déjà nommé chapelain d’honneur du pape en 1393 par Boniface IX, Malkaw devint commandeur teutonique de Strasbourg vers 1396, mais fut chassé en 1398, à l’occasion d’un conflit avec l’élu Wilhelm von Diest ©, par un parti de Strasbourgeois. Après son retour, Malkaw par ailleurs ambassadeur du roi Ruprecht en 1401, dirigea la commanderie avec succès pendant quelques années. Mais en 1403, ses démêlés avec le Conseil et avec son ordre l’obligèrent à quitter définitivement Strasbourg. Démis de ses fonctions de commandeur, il devint bénédictin (après 1406). À nouveau inculpé d’hérésie en 1411, cette fois à Cologne, il prit la fuite. Sur quoi l’inquisiteur prononça contre lui l’excommunication, mais elle fut levée à l’initiative de Grégoire XII, dont Malkaw était l’ambassadeur à la cour palatine et le propagandiste dans les pays rhénans en 1413-1414. En 1416, il était au concile de Constance, où il fut mis fin à son procès pour hérésie, sans doute par la voie de négociations. C’est la dernière mention qu’on ait de lui.
F. Rapp, Réformes et Réformation à Strasbourg. Église et société dans le diocèse de Strasbourg (1450-1525), Paris, 1974, p. 117-118 ; J.CI. Schmitt, Mort d’une hérésie. L’Église et les clercs face aux béguines et aux béghards du Rhin supérieur du XIVe au XVesiècle, Paris, 1978, p. 76-79; M. Tönsing, Johannes Malkaw aus Preussen (ca. 1360-1416). Studien und Quellen zu einem Streiter für die römische Obodienz während des Grossen Abendländischen Schismas, Diss. phil., Konstanz, 1995.
Michael Tönsing (1995)