Bénédictin, professeur de philosophie et de théologie, prédicateur, curé et abbé d’Ebersmunster, (C) (★ Sélestat 25.11.1665 † Ebersmünster 4.6.1725).
Fils de Daniel Maeder, de la corporation des Cordonniers, et de Magdalena Kempf. Après ses humanités au collège des Jésuites de Sélestat, Maeder entra à l’abbaye d’Ebersmunster et y fut reçu à la profession religieuse le 22 septembre 1686, fête de saint Maurice et de ses compagnons, patrons de l’église : d’où le choix du nom de Candide, l’un du groupe de ces martyrs. Il fut ordonné prêtre le 20 mai 1690. Puis, il continua ses études à l’Université des Jésuites à Molsheim, où il fut promu docteur en théologie. Par sa double filiation spirituelle, qui le liait d’une part à la Règle de saint Benoît, d’autre part aux Exercices de saint Ignace de Loyola, il réalisa en lui-même et proposa ensuite à ses élèves ce nouveau type de bénédictin, qualifié parfois de « baroque », largement ouvert à la pastorale de la Réforme catholique, tout en gardant ses attaches dans le cloître. Curé de la paroisse d’Ebersmunster entre 1698 et 1703, puis de nouveau de 1707 à 1722, il fut aussi professeur de philosophie et de théologie aux abbayes d’Ebersmunster et de Murbach. Prédicateur réputé aussi bien dans les paroisses que dans les communautés religieuses, il publia en 1712 un recueil de sermons en deux parties, l’une pour le cycle de l’année liturgique, l’autre pour les fêtes de saints, sous le titre de Zodiacus caelestis, tout à fait dans le style de l’époque. Après une vacance du siège abbatial de cinq ans, il fut élu abbé par le chapitre le 15 mars 1725, obtint la confirmation royale le 27 et mourut après un gouvernement de 82 jours sans avoir reçu la bénédiction abbatiale. Durant son bref mandat, il eut tout juste le temps de faire démolir l’église restaurée par son prédécesseur, sous prétexte qu’elle menaçait ruine ; il dégagea ainsi la place pour la construction de l’église abbatiale actuelle. Propagateur de l’esprit baroque, l’abbé Candide Maeder voulut une église conforme à sa théologie et à sa pastorale. L’architecte Peter Thumb, qui avait déjà reconstruit les bâtiments conventuels entre 1721 et 1722, allait l’achever de 1725 à 1728 sous l’administration de son successeur, le prieur Ildephonse Beck. Les difficultés des élections abbatiales, immédiatement avant et après le bref abbatiat de Maeder, traduisent sans doute une tension au sein du chapitre conventuel entre les « anciens », fidèles à la tradition classique, et les « modernes », ouverts au mouvement baroque.
Œuvres manuscrites : Sermones dominicales in quatuor partes juxta anni tempora divisi et idiomate teutonico propositi. Seule la Pars autumnaiis est conservée à la Bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg, Ms 434 ; Tractatus de gratia, Bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg, Ms 345 ; œuvres imprimées : Ariadna dialectica theseum peripateticae veritatis amantem solidae doctrinae filo ducens ad scientiae arcana sive brevis summularum summa…, soutenance de thèse à l’abbaye de Murbach en juillet 1704 par Placidus Reich de Reichenstein, Maurus d’Ichtratzheim © et Carolus de Ligertz (exemplaire à la Bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg, Alsatiques A.T. 281, 208 p.) ; Une petite logique, 1712 (non retrouvé) ; Zodiacus caelestis in duos divisos semicirculos. Das ist : Der in zwey Theil zertheilte geistliche Himmelsring, die 12 Zeichen und Monath dess Jahrs, andeutende, oder : Sittliche Lob- und Ehrenpredigen, von Christo, seiner werthen Mutter, lieben Aposteln, Ordens-Stifteren, und anderen besonderen Heiligen …, Strasbourg-Francfort/Main, 1712 (zu finden bey Hansz Georg König, Buchhändlern in Basel). Le frontispice, dessiné par Jean Baptiste Kueber et gravé par J.A. Seupel, représente l’état contemporain de l’église d’Ebersmunster et un portrait de l’abbé Bernard Roethelin († 1715) (exemplaires ; Bibliothèque municipale Sélestat, M 74 ; Bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg, 1 Fn 22).
Generallandesarchiv Karlsruhe, Abt. 69, von Turckheim (Nachlass Grandidier), carton XI, fasc. 13 : Series abbatum Aprimonasteriensium, f. 12 r-v ; J. Geny, Die Jahrbücher der Jesuiten zu Schlettstadt und Rufach, II, Strasbourg, 1896, p. 264, 681 ; L. Pfleger, « Zur Geschichte des theologischen Studiums in den elsässischen Benedictiner- und Cistercienserklöstem im 18. Jh. », Studien und Mitteilungen zur Geschichte des Benediktiner-Ordens 23,1902, p. 157 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 224; J. Gass, « Elsässische Benediktinerbibliotheken während der Revolution », Bulletin ecclésiastique de Strasbourg 38, 1919, p. 277 ; R. Lehni, « L’église d’Ebersmunster », Congrès archéologique de France, 136e session 1978, Haute Alsace, Paris, 1982, p. 75-90, en part. p. 76-78; Kammerer, Répertoire du clergé d’Alsace sous l’Ancien Régime 1648-1792, I, p. 203, n° 3145, II, p. 124 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4892.
René Bornert (1995)