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MACÉ Jean

Educateur ( Paris 22.4.1815 † Mouthiers, Aisne, 13.12.1894; sépulture à Beblenheim depuis 1946, sous le monument Macé depuis 1956). ∞ Louise Sollier.

Enseignant et publiciste acquis aux idées républicaines et à un socialisme d’inspiration fouriériste, Macé passa à Beblenheim en mars 1850 alors qu’il faisait une tournée pour le compte du journal La République. Il y fit la connaissance de Coralie Vérenet © qui dirigeait un établissement privé d’enseignement féminin, le Petit Château. Lorsque le coup d’État du 2 décembre 1851 mettant fin à la liberté de la presse, eut mis Macé sur le pavé, il fut heureux d’être récupéré comme professeur par Mme Vérenet. Il resta à Beblenheim de 1852 à 1872 date à laquelle, à la suite de l’annexion à l’Allemagne, le pensionnat fut transféré à Mouthiers. Le 8 octobre 1883, Macé fut élu sénateur inamovible. C’est à Beblenheim que Macé écrivit ses livres pour les jeunes, publia la revue éducative La Ruche et collabora au Magasin d’éducation et de récréation de Hetzel. Dans ses Lettres d’un paysan d’Alsace, Macé prônait le développement de l’instruction populaire. Une circulaire ministérielle ayant encouragé la création de bibliothèques au niveau communal, Macé saisit cette occasion pour faire créer par la commune de Beblenheim, en 1863, la première bibliothèque communale d’Alsace et participa activement à la création d’une Société des bibliothèques du Haut-Rhin, patronnée par le préfet Odent © mais présidée par l’industriel philanthrope Jean Dollfus ©. Il créa également, en 1863, la Société de crédit mutuel de Beblenheim. À l’exemple de la Ligue de l’enseignement fondée en Belgique en 1860, Macé voulut encourager un enseignement populaire obligatoire et non confessionnel. Le 15 novembre 1866, le journal L’Opinion nationale lança un appel à signatures en faveur d’une association destinée à promouvoir ce projet, et recueillit en un an 4818 signatures. Au vu de ces adhésions, Macé rédigea officiellement, le 1er novembre 1867, les statuts de la « Ligue de l’enseignement », bientôt subdivisée en de nombreux comités locaux notamment la très importante section de Colmar crée par Macé lui-même (il était devenu peu avant membre de la loge maçonnique de cette ville, « la Concorde »), Macé rédigea également un bulletin. Jusqu’à la guerre de 1870, l’action de Macé se limita surtout à l’action pédagogique, même si le comité strasbourgeois de la Ligue lançait une pétition nationale en faveur de l’enseignement obligatoire. Cette action suffit à valoir à Macé, qui ne faisait pas mystère de son adhésion aux loges maçonniques de Colmar, de la Parfaite Harmonie de Mulhouse et, après 1870, à celle d’Alsace-Lorraine à Paris, la suspicion de l’épiscopat, et les foudres de Mgr Dupanloup. Après 1872, la ligue, très proche des milieux républicains, mit l’accent sur le caractère laïque de l’enseignement, et Macé fut revendiqué par les laïques comme un précurseur. Lui-même, quoique favorable à un enseignement neutre, c’est-à-dire sans endoctrinement politique ou confessionnel, abordait avec circonspection le problème de la laïcité. Encore en 1886, comme sénateur, il demandait que celle-ci soit pratiquée « en tenant compte des circonstances locales ». Un monument à la mémoire de Macé fut élevé à l’initiative de la Ligue de l’enseignement et inauguré le 2 octobre 1931. Démoli sous l’occupation, il fut remplacé par un nouveau monument inauguré le 16 octobre 1956.

Histoire d’une bouchée de pain, 1861 ; Contes du Petit-Château, 1862 ; « La société des bibliothèques communales du Haut-Rhin », Revue d’Alsace, 1864 ; Conseils pour l’établissement des bibliothèques communales, Paris, 1864 ; Histoire d’une bibliothèque communale, Colmar, [1864] ; Morale en action. Mouvement de propagande intellectuelle en Alsace, Paris, 1865 ; Arithmétique de grand-papa, 1866 ; Lettres d’un paysan d’Alsace à un sénateur sur l’instruction obligatoire, Paris, 1870 ; Paroles prononcées sur la tombe de mademoiselle Vérenet, s.l. n.d. ; Pensionnat sociétaire du Petit-château à Mouthiers (Aisne). Assemblée générale du 30 novembre 1873, Paris, 1873; Le pensionnat du Petit-Château de Beblenheim à Mouthiers, Château-Thierry, 1883 ; Les origines de la ligue de l’Enseignement, Paris, 1891.

M. Bloch, Trois éducateurs alsaciens, s.l.n.d. ; L. Mougenot, La Ligue de l’Enseignement ; portrait et biographie de Jean Macé, Paris, 1895 ; Ch. Mismer, « Jean Macé le fondateur de la ligue de l’Enseignement », Almanach de l’Alsace et de la Lorraine,1896 ; G. Compayré, Jean Macé et l’instruction obligatoire, Paris, 1902 ; A. Dessoye, Jean Macé et la fondation de la Ligue de l’Enseignement, Paris, 1912 ; C. Pfister, « Jean Macé à Beblenheim », La Ligue de l’Enseignement depuis la Guerre, Paris, s.d. [1921] ; E. Petit, Jean Macé, sa vie, son oeuvre, Paris, s.d. [1922] ; J. Senger et P. Barret, Le problème scolaire en Alsace et en Moselle, 1948 ; L. Caperan, Histoire contemporaine de la laïcité française, Paris, 1957-1961, t. I, p. 21-29 et t. III, p. 199 ; P. Lachapelle, « Le cercle parisien de la Ligue de l’Enseignement », Cahiers laïques, n° 47-48, septembre-décembre 1958 ; R. Oberlé, L’enseignement à Mulhouse de 1798 à 1870, Strasbourg, 1962; A. Prost, L’Enseignement en France, Paris, 1968; F. L’Huillier, « L’enseignement primaire en Alsace à la fin du Second Empire », L’Alsace en 1870-1871, Gap, 1971, p. 43-56; P. Leuilliot, dans Histoire de MulhouseStrasbourg, 1977 ; T. Zeldin, Histoire des passions françaises, t. 2, s.l., 1978, p. 173-175 ; J.-M. Gillig, La question scolaire en Alsace de 1918 à 1939, thèse 3e cycle, Strasbourg II, 1979 ; K. Auspitz, The radical bourgeoisie, the Ligue de l’Enseignement and the origins of the third Republic 1866-1885, Cambridge, 1982 ; A. Gueslin, Le Crédit mutuel. De la caisse rurale à la banque sociale, Strasbourg, 1982 ; G. Braeuner, « Les archives du groupe colmarien de la Ligue de l’Enseignement », Annuaire de la Société historique et littéraire de Colmar, 1983, p. 99-138; G. Braeuner, dans Histoire de Colmar, Toulouse, 1983 ; EA, VIII, 1984, p. 4886-4487 ; Dictionnaire historique des Francs-Maçons, Paris, 1988, p. 184 ; P. Nord, « Republicanism and Utopian Vision : French Freemasonry in the 1860 and 1870’s », The Journal of Modem History, Chicago, juin 1991, p. 213-229 (et spécialement p. 223-224).

† Jean-Yves Mariotte (1995)