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LÜTZELMANN Heinrich

Peintre alsacien du XVe siècle, originaire d’Ulm, cité à Strasbourg de 1473 à 1506, après un passage vraisemblable par Colmar. Les archives de l’Œuvre Notre-Dame de Strasbourg, tome 9, (Livre des Contrats, 1448, f. 443, du 5 juillet 1473) le signalent comme pictor civis Arg., époux de Barbara Irmengard. En 1475, Lützelmann eut un différend avec Jörg Ubelin, secrétaire de la ville d’Offenbourg qui en référa au Magistrat de Strasbourg. Inscrit dans le district de Saint-Martin, il effectua des paiements au bénéfice de l’œuvre Notre-Dame en 1475-1476 et en 1505-1506. Ces mêmes archives font mention en 1492 de divers travaux exécutés par le peintre pour les administrateurs de l’Œuvre, notamment la dorure d’un poêle (comptes de 1492 f° 43). En 1502-1503, Lützelmann fut payé 60 florins comme peintre de l’Œuvre Notre-Dame pour un retable de sainte Anne (comptes OND 1502-1503). Il régla également son dû pour la location d’une boutique unter der Pfalz (Allmendbuch 967, f. 52). Les historiens d’art identifient Lützelmann avec meister Heinrich dem Moler zu Strassburg qui apparaît à Haguenau en 1461 ; il y reçut la somme de 13 florins pour la peinture d’un drapeau (Archives municipales Haguenau, G 253; Rott p. 161). Destinée à l’église paroissiale de la ville, une statue de saint Georges sculptée par Lux Kotter © fut peinte par L. (Rott p. 171). Les historiens lui attribuent également la peinture du retable de la Passion destiné à l’église Sainte-Madeleine de Strasbourg. La consécration du maître-autel suivit en 1488, date à laquelle des peintures murales, probablement de sa main, y furent effectuées. Après la Révolution, le pasteur Métrot acquit des panneaux de ce retable pour l’église Saint-Pierre-le-Vieux ; ils sont présentés aujourd’hui autour du chœur de l’église catholique du même nom. Bien que vraisemblablement issus d’un même pinceau, ces panneaux sont censés provenir de retables différents. Lily Fischel, qui désigna Lützelmann comme « maître de la Passion de Karlsruhe », considère le retable de sainte Marguerite, conservé à Langenbruck près de Bâle ainsi qu’à Dijon, comme strasbourgeois et provenant à l’origine précisément de l’église Sainte-Madeleine, vers 1490 probablement. Hans Haug © attribue pareillement à Lützelmann un volet de retable (Musée de l’Œuvre Notre-Dame), représentant saint Conrad de Constance, évêque, et portant les armoiries de Conrad de Duntzenheim. Ce volet provient de la cure de Weyersheim. Œuvres du même maître dans les musées de Dijon, Karlsruhe (dont un panneau représentant une vue de Saint-Thomas de Strasbourg), Cologne, Mayence et Behlsbach près d’Offenbourg, ainsi que dans la chapelle palatine de Lichtental. A. Stange situe son art à proximité du « maître du retable de Maikammer » (Archives municipales de Strasbourg, Livre de Bourgeoisie, I, n° 1277).

A. Schricker, Trésors d’art en Alsace-Lorraine, Strasbourg, 1896, p. 6, pl. 46-49 ; A. Girodie, Revue de l’art ancien et moderne 22, 1907, p. 187 ; L. Fischel, « Studien in der altdeutschen Abteilung der Badischen Kunsthalle (Karlsruhe) », Oberrheinische Kunst 6, 1934, p. 15-60 (p. 41-60 : Der Meister der Karlsruher Passion ; sein verschollenes Œuvre) ; Hans Rott, Quellen und Forschungen zur südwestdeutschen und schweizerischen Kunstgeschichte im 15. und 16. Jahrhundert, Stuttgart,, III-A, 1936, p. 171, 189, 210, 211 ; III-C, 1938, p. 84-85 ; E. Speich, S. Magdalena in Strassburg Geschichte des Klosters und der PfarreiStrasbourg, 1937 ; H. Haug, L’art en Alsace, Paris, 1962, p. 102 ; A. Stange, Die Malerei der Gotik, VII, Munich-Berlin, 1955, p. 6; Le Petit Larousse de la Peinture, I, Paris, 1979, p. 1064 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4879-4880 ; François Lotz, Artistes peintres alsaciens décédés avant 1800, Kaysersberg, 1994 (ex. polycopié, n° 203, p. 116).

† Victor Beyer (1995)