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LUPFEN von

Famille aristocratique originaire du sud de la Forêt Noire (Hohenlupfen, au-dessus de Stühlingen, près de Waldshut). Elle fut détentrice du landgraviat de Stühlingen à partir du XIIIe siècle. En Alsace, outre l’exercice de fonctions de commandement dans les terres de l’Autriche antérieure, elle posséda: la seigneurie du Hohnack et Bergheim (1399-1438) en héritage d’HerzIaude von Rappoltstein (Ribeaupierre) ; la seigneurie du Haut-Landsbourg (chef-lieu : Kientzheim) en gage ou en fief de l’Autriche (elle la céda ensuite à Lazare de Schwendi © en 1563).

J. Kindler von Knobloch, Oberbadisches Geschtechterbuch, t. 2 ; E. Papierer, Kientzheim en Haute-Alsace : la ville de Lazare de Schwendi, Colmar, 1982.

  1. LUPFEN Johann von,

(★ avant 1383 11436). Fils d’Eberhard von Lupfen († av. 1383), landgrave de Stühlingen et d’Ursula von Hohenberg (petite-fille du comte Ulrich von Pfirt (Ferrette) et donc cousine de Rodolphe IV et Léopold III). ∞ I 1399 Herzlaude von Rappoltstein (Ribeaupierre). ∞ II Elisabeth von Rottenburg ; 7 enfants du 2e lit dont Sigismund I et Johann II © 2. Entré en possession de la seigneurie du Honack à la suite de son bref mariage avec Herzlaude, veuve de son deuxième mari en 1398 et fille unique d’Ulrich von Rappoltstein, il hérita de celle-ci dès 1400, s’opposant violemment alors à ses cousins, les frères Johann, Ulrich et Smassmann (187 gentilshommes prirent parti pour Lupfen). Le duc Léopold IV, qui avait favorisé le mariage, et cédé — en gage — la ville de Bergheim et la seigneurie de Haut-Landsbourg, arbitra le conflit (juin 1400), obtenant que la seigneurie du Hohnack demeurât aux Lupfen pendant deux générations. Johann von Lupfen détenait en outre, en gage, la seigneurie de Hewen, dans le sud de la Forêt-Noire, proche de son château de Stühlingen, centre du landgraviat du même nom. Landgrave de Stühlingen, Johann fut un fidèle des Habsbourg dont il exerça les fonctions de bailli à plusieurs reprises (Argovie, Alsace, Sundgau, Brisgau, 1405-1406, 1409), participant notamment à la guerre du duc Frédéric IV contre Appenzell et s’opposant au parti bourguignon dont la duchesse Catherine et Smassmann von Rappoltstein étaient les animateurs. Nommé à la place de Smassmann, accusé d’une gestion malhonnête des revenus de la maison d’Autriche en 1409, il entra en guerre contre lui (raid de représailles de Smassmann à Dessenheim) jusqu’à un arbitrage du comte palatin Louis III © 1. Ce dernier et l’évêque de Diest © le soutinrent en décembre 1411 lorsque reprirent des hostilités contre Catherine, qui convoitait Bergheim, et Smassmann, qui voulait reprendre la seigneurie du Hohnack. L’Autriche s’empara d’Ammerschwihr et Kientzheim, tandis que le Hohnack était assiégé. Le statu quo fut rétabli en 1412, jusqu’à une nouvelle tentative de Smassmann sur Bergheim et des représailles contre Ribeauvillé (6 avril 1414). Président du tribunal aulique de Rottweil, adjoint du comte palatin Louis III, protecteur du concile de Constance (1414-1416), il administra les terres confisquées par l’Empire lors de la mise au ban du duc Frédéric IV (qui avait transformé le gage de Haut-Landsbourg en fief), et se vit confirmer ses possessions alsaciennes par le roi Sigismond (1415). En 1422, allié de Smassmann von Rappoltstein, il prit part aux opérations contre Hans Wilhelm von Girsberg. En 1433, ses officiers rançonnèrent des marchands flamands, tandis qu’Anton von Hattstatt de Wihr capturait le bétail des habitants de Bergheim, provoquant une attaque contre le bourg d’Herrlisheim. En tant que seigneur du Haut-Landsbourg, Johann fut le promoteur de la foire et du marché hebdomadaire de Kientzheim (confirmé par Sigismond en 1420), ce qui engendra de longues querelles avec les bourgeois de Kaysersberg (1427, 1433). Considéré comme bienfaiteur de l’abbaye de Pairis à laquelle il attribua la prébende de la chapelle du Hohnack (1430). À sa mort, ses 4 fils essayèrent de se garantir contre Smassmann avec l’aide des Hattstatt, auquel leur père venait de s’allier, de même qu’avec Friedrich von Haus : la confirmation donnée par Sigismond fut contrariée par Frédéric IV qui reconnut que le fief relevait des Rappolstein. Le litige fut réglé le 3 août 1438 au bénéfice de ces derniers.

L. Stouff, Catherine de Bourgogne et la féodalité de l’Alsace autrichienne, Dijon, 1910 ; L. Sittler, Un seigneur alsacien de la fin du moyen âge: Maximin de Ribeaupierre…, Strasbourg, 1933; R. Kröhn, « Die Abrechnungen der Landvögte in den österreichischen Vorlanden um 1400 », Blätter für deutsche Landesgeschichte, 1992, p. 117-178.

2. LUPFEN Johann II von,

(★ entre 1408 et 1420 † 21.1.1488). Fils de Johann von Lupfen 1 © et d’Elisabeth von Rottenburg. ∞ Barbara von Fulach ; 1 fille. Johanna. Il obtint la seigneurie de Haut-Landsbourg à la suite d’un partage avec ses frères (1438). En 1444-1445, il joua un rôle ambigu face aux Armagnacs: il fut apparemment l’un des promoteurs de l’alliance (dont les fondations furent jetées à Kientzheim le 22 décembre 1444) qui fonctionna à partir de juin 1445 et accueillit les villageois de Sigolsheim à l’abri des remparts de Kientzheim, mais il sembla manifester une sympathie active pour les envahisseurs dans ses terres de la Forêt-Noire. Ses difficultés financières le conduisirent à engager ses droits sur Turckheim et Ammerschwihr au margrave Jacob de Bade (avant 1446) et à recruter des mercenaires dans le Sundgau pour le duc de Bourgogne. Il fut aussi co-détenteur des deux tiers du château de Jungholtz (1447). Prétextant une dette de Philippe le Bon, il s’empara de voyageurs bourguignons (1446), puis (vers 1449) captura un troupeau de 350 moutons appartenant à un marchand bourguignon. En 1449, il arrêta des marchands genevois et les enferma à Kientzheim. L’évêque de Strasbourg, Robert de Bavière ©, qui leur avait accordé un sauf-conduit, intervint à la demande de Frédéric III (sollicité par Philippe de Savoie et peut-être de Philippe le Bon qui exigeait toujours des réparations) et fit arrêter Johann II, incarcéré à Dachstein jusqu’au 6 août 1450. Sa libération intervint grâce à une caution versée par Jacques de Bade (à qui il engagea Haut-Landsbourg, dont le dégagement eut lieu vers 1453, grâce à l’aide de ses habitants et d’un prêt consenti par les dominicaines d’Unterlinden). Ses relations avec les villes d’Empire s’expliquent par ses problèmes financiers. À Turckheim, où il exerça son autorité sur le tiers de la ville, le litige portait sur le statut des nouveaux bourgeois (qui prétendaient se soustraire à lui) ; au printemps 1465, il s’empara de la ville, emmena une partie des habitants, les rançonna, saisit les biens des juifs et se fit prêter serment. La réaction violente envisagée par la Décapole (projet de siège du Haut-Landsbourg) fut différée à la suite des pressions de Frédéric III, mais l’ouverture des hostilités entre Mulhouse et son capitaine Peter von Regisheim (Réguisheim) le 15 avril 1466, les agressions de ce dernier contre Munster, un affrontement armé entre les sujets du comte et Kaysersberg (9 mai 1466) et l’entrée en scène de la Société de l’Écu de Saint-Georges (dont les Lupfen furent protecteurs) précipitèrent les événements. Le 5 juin 1466, le capitaine impérial de Turckheim s’empara du château de Haut-Eguisheim, principal point d’appui de Peter von Regisheim, mais ne parvint pas à mener à bien une attaque sur Kientzheim. Des renforts suisses arrivèrent à Kaysersberg, tandis que le wildgrave Jean de Daun était chargé par le comte palatin Frédéric d’épauler les villes de la Décapole où étaient les ennemis de Mulhouse. Une attaque aux abords de Kientzheim (1-2 août), fut suivie du siège du cimetière et de l’incendie de l’église de Sigolsheim puis d’un blocus d’Ammerschwihr. L’appui de Frédéric III et de Sigismond — qui avait envoyé 300 cavaliers et 800 piétons — aboutit à un armistice (25 septembre 1466), puis à un accord (23 octobre 1466). Une transaction avec Kaysersberg eut lieu en 1469 (limites des bans), mais le contentieux relatif à Turckheim ne fut réglé qu’en 1485 (exemptions de corvées, répartition des amendes et des nouveaux bourgeois, reconnaissance de la haute justice à l’Empire). Johann II tira profit du miracle qui avait épargné les statues de la Vierge et de saint Jean lors de l’incendie de Sigolsheim. Placées dans la chapelle Saint-Félix et Sainte-Régule (1470), elles reçurent la visite de l’empereur Frédéric III, de l’archiduc Maximilien et de leur entourage (8 septembre 1473). La domination bourguignonne se traduisit par une participation active de Lupfen au siège de l’Ortenbourg par Peter von Hagenbach (novembre 1470) et par l’accueil réservé à Charles le Téméraire qui passa les fêtes de Noël 1473 au château de Kientzheim. Toutefois, les contingents du comte participèrent aux campagnes de Morat et Nancy du côté de la Basse-Union dont il était partenaire.

J. Chmel, Materialien zur österreichischen Geschichte, t. 1 et 2, Linz, 1832-1837 ; A. Tuetey, Les Écorcheurs sous Charles VII. Épisodes de l’histoire militaire de la France au XVe s., Montbéliard, 1874 ; X. Mossmann, « Matériaux pour servir à l’histoire de l’invasion des Armagnacs », Revue d’Alsace, 1875, p. 144-192, 416-432, 541-548 ; H. Witte, Die Armagnaken im Elsass, Strasbourg, 1889 ; L. Sittler, La Décapole alsacienne des origines à la fin du moyen âge, Strasbourg, 1955; Ph. Mieg, « Les difficultés de Mulhouse à l’époque de son alliance avec Berne et Soleure », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1965-1970 ; Ph. Mieg, « Les destinées de Mulhouse au lendemain de la guerre des Armagnacs et les origines de son alliance avec les Suisses », Bulletin du Musée historique de Mulhouse, 1971, p. 57-164.

3. LUPFEN Sigmund II von,

(★ 31.1.1461 † 28.12.1526, inhumé à Engen, Hegau, monument funéraire). Fils de Sigmund I et de Catharina von Maetsch. ? vers 1485 Clémence de Montfort ; 18 enfants dont Wolf- Eberhard († Naples 1528), seigneur de Tremblevif (près de Blois), au service de François Ier, Wilhelm, Georg et Christoph. À la mort de son oncle Johann II © 2, le frère de celui-ci, Sigmund, administra les seigneuries alsaciennes (1486-1494). Ses fils Sigmund II et Heinrich procédèrent à un partage, au terme duquel le landgraviat et Haut-Landsbourg échurent au premier. Engagiste de Thann à partir de 1502, celui-ci se vit reconnaître les fonctions de capitaine général (obrister feldhauptmann) des pays antérieurs autrichiens, moyennant l’ouverture de son château de Stühlingen et une pension importante. En 1511, lors de la guerre contre Venise, il conduisit à Padoue les contingents levés par la Diète d’Ensisheim. Sa situation financière relativement fragile se traduisit par des emprunts, notamment aux frères Roland et Bernhard von Andlau, à ses sujets du Haut-Landsbourg et même, semble-t-il, par l’engagement d’une partie de cette seigneurie au vice-chancelier Nicolaus Ziegler ©. En 1524, il fut l’un des premiers seigneurs exposés à l’insurrection paysanne: ses sujets de Stühlingen lui reprochaient notamment des corvées de charroi vers ses possessions alsaciennes. Des renforts lui furent envoyés par la régence d’Ensisheim au cours de l’automne 1524. À sa mort, lui succédèrent son fils Georg (★ 1494 † 1546), puis son petit-fils Joachim († 1562) ; en 1563, les tuteurs des derniers descendants mâles (Heinrich, fils de Joachim, Eitel-Friedrich, fils de Wilhelm) vendirent le gage à Lazare de Schwendi.

Georges Bischoff (1995)