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LOUTHERBOURG Philippe Jacques de

Peintre, dessinateur et graveur, (PI) (★ Strasbourg, Temple-Neuf 31.10.1740 † Chiswick 11.3.1812). ∞ I 10.1.1764 à Paris Barbe Burlat († 1819). ∞ II 1774 à Londres, Lucy Paget.

Fils du graveur et miniaturiste bâlois Philipp Jacob Loutherbourg, établi vers 1700 à Strasbourg où il avait épousé Catherine Barbe Heitz. En 1755, la famille s’installa à Paris où le jeune Loutherbourg fut confié à Carle Van Loo. Il étudia également la gravure auprès de Jean-Georges Wille et entra dans l’atelier de François-Joseph Casanova dont il devint le collaborateur. En 1763, son premier envoi au Salon lui valut les louanges de Diderot qui appréciait son retour à la nature, rappelant Berchem et l’estimant digne de rivaliser avec Vernet. Cette distinction marqua le début d’une brillante carrière, jalonnée par des paysages, des marines, des scènes de genre ou de bataille. Entre 1763 et 1771 il présenta 80 tableaux lors des Salons. Nommé peintre du roi, il fut reçu à l’Académie royale de peinture en 1767. Vers cette époque, son nom s’enrichit d’une particule dont on ignore l’éventuelle justification. En 1768 il effectua un voyage en Provence qu’il prolongea peut-être en Italie, en Suisse et en Allemagne. Peintre prolifique, accumulant les succès, qualifié de « génie rare », Loutherbourg était aussi d’un « caractère très déréglé », menant une vie de désordre, aventureuse et fastueuse, non dépourvue de scandales, provoqués notamment par sa vie conjugale et extra-conjugale. En 1771 il décida de commencer une nouvelle existence. Il abandonna ses quatre enfants et sa femme qui venait d’obtenir la séparation des biens, puis, poussé par l’attrait de gains importants, se rendit à Londres. Engagé par David Garrick au théâtre de Drury Lane, il se consacra aux décors jusqu’en 1785, faisant preuve d’un réel talent dans l’art scénique. C’est à ce talent qu’on doit l’invention par Loutherbourg de l’« Eidophusikon » (1781-1785), spectacle panoramique et mécanique, aux éclairages variables, qui illustrait différents aspects de la nature et qui fit sensation. Parallèlement, il avait exposé, de 1773 à 1811, à la Royal Academy dont il devint membre en 1781. En 1786 il rencontra Cagliostro © qu’il accompagna en Suisse l’année suivante. Après une brouille en 1788, il revint en Angleterre où il s’établit comme guérisseur. En 1789 il se remit à la peinture. Son importante production anglaise se diversifia. Il se fit caricaturiste et illustrateur, notamment d’une bible, d’un Shakespeare et d’une Histoire d’Angleterre, devint aussi peintre de scènes historiques, mythologiques ou religieuses. En 1793 il suivit le duc d’York dans les Flandres pour y peindre les victoires anglaises. Sur sa tombe, une inscription le compare à Salvator Rosa, à Poussin et au Lorrain. Dans quelle mesure, Loutherbourg, né à Strasbourg, peut-il être considéré comme un artiste alsacien ? En 1776, devant le naturaliste Jean Hermann ©, il renia même ses origines, prétendant être suisse. Ce qui est sûr, c’est qu’il fut un peintre talentueux et fécond, parisien d’abord, anglais ensuite. Son importance, affirmée par Diderot et aujourd’hui méconnue, fut assez bien jugée par son confrère, Sir Thomas Lawrence qui disait : « Loutherbourg est à compter parmi les plus grands génies, mais il n’est pas allé plus loin ».

J.-F. Hermann, Notices historiques, statistiques et littéraires sur la ville de Strasbourg, II, Strasbourg, 1819, p. 346-348 ; Ch. Blanc, Histoire des peintres de toutes les écoles, P.-J. de Loutherbourg, livr. 67, Paris, 1865 ; R. Ménard, L’Art en Alsace-Lorraine, Paris, 1876, p. 87-92 ; P.-E. Tuefferd, « L’Alsace artistique », Revue d’Alsace, 34, 1883, p. 549-557 ; Guiffrey, Jacques Loutherbourg et sa femme, Revue de l’art français, IV, 1888, p. 204 et suiv. ; Dictionary of National Biography, XXXIV, London, 1893, p. 154-155 ; H. Stein, « Quelques particularités de la vie du peintre Philippe Jacques Lauterbourg », Bull. de la Société de l’histoire de l’art français, 1915-1917, p. 85-96 ; H. Garbe, Un peintre strasbourgeois, P.-J. de Loutherbourg, L’Alsace Française, 21.7.1929, p. 633-636 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, Leipzig, XXIII, 1929, p. 418 ; A. Girodie, « Notes biographiques sur les peintres Loutherbourg », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, XIV, 1935, p. 249-255 ; G, Levallet-Haug, « Philippe-Jacques de Loutherbourg », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, XVI, 1948, p. 77-133 ; R. Joppien, Die Szenenbilder Philippe Jacques de Loutherbourg, diss., Köln, 1972 ; Philippe Jacques de Loutherbourg 1740-1812, cat. d’exp., Kenwood House, London, 1973 ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, 6, 1976, p. 756-757 ; Encyclopédie de l’Alsace, 8, 1984, p. 4829-4830 ; Diderot et l’art de Boucher à David, cat. d’exp., Hôtel de la Monnaie, Paris, 1984, p. 313-326 ; Lotz III, p. 107-109 ; The Dictionary of Art, 19, London, 1996, p. 728-730 ; P. Schneider, « Les ancêtres du peintre strasbourgeois Loutherbourg », Bulletin du Cercle généalogique d’Alsace, 134, 2001/2002, p. 89-93.

Portrait (75 x 60 cm) par Gainsborough, vers 1780-1785, Dullwich Collège près de Londres. Autoportrait (127 x 101 cm), vers 1805-1810, Londres, National Portrait Gallery.

† Roger Lehni (2006)