Vicaire épiscopal de Gobel (C) à Paris, aumônier des prisons, © (★ Thann 18.5.1740 † Thann 13.12.1803).
Fils de François-Jacques Luthringer (sic) et de Marie-Agathe Jaeger, il étudia au Séminaire de Porrentruy et fut ordonné en 1764. Vicaire à Thann (1765), à Colmar (1766), à Holtzwihr (1767), curé de Buetwiller (1768), chapelain de Merxheim (1769-1789) ; il démissionna de ce dernier poste, les héritiers du fondateur de ce bénéfice contestant la légitimité de sa nomination, et se rendit à Paris pour défendre ses droits. Il y fut d’abord confesseur des malades étrangers à l’Hôtel-Dieu, fonction qu’il garda jusqu’en avril 1793. En avril 1791, Gobel © en fit un de ses vicaires épiscopaux. Il prêta le serment constitutionnel. Mais le 7 novembre 1793, il ne s’associa pas à l’abdication de Gobel et de 14 de ses vicaires épiscopaux. Avant son exécution, Gobel lui avait demandé de l’absoudre au passage, ce qu’il fit le 13 avril 1794. Il fut appelé auprès d’un grand nombre de condamnés pour leur donner les secours de la religion, entre autres le général Custine et Philippe-Égalité. Mais, à la suite d’une dénonciation, il fut arrêté comme suspect et incarcéré à la prison de l’Abbaye, puis à celle des Écossais. Libéré le 2 novembre 1794, il rentra à Thann. Il avait déjà rétracté le serment. Des gens de Saint-Maurice, Vosges, le demandèrent comme curé, mais sa déclaration d’exercer le culte, le 18 mai 1795, n’ayant pas été enregistrée, il eut de nouveaux ennuis : il fut arrêté et conduit au tribunal correctionnel de Remiremont. Persécuté par ses adversaires, il se retira à Thann en octobre 1796. Le 11 mars 1797, il faisait publier dans les Annales catholiques sa rétractation du serment constitutionnel. À la même époque, il publiait en allemand et en français un Petit catéchisme pour le temps présent et envoyait une lettre à l’évêque de Bâle pour demander sa réintégration. Mais à cause de sa rétractation, il fut arrêté et emprisonné à Colmar le 13 mai 1797. Libéré une première fois, il se cacha à Blotzheim. Une seconde arrestation le conduisit à Colmar, puis à la maison de réclusion
des prêtres à Ensisheim. Malgré ses interventions auprès de Reubell © et son mauvais état de santé, il fut déporté à l’île de Ré le 12 septembre 1799 et y resta jusqu’au 21 janvier 1800. Après sa libération, il séjourna un certain temps à Paris et rentra à Thann. Ses tribulations n’étaient pas terminées: le provicaire général Didner © refusait toujours de l’admettre aux fonctions ecclésiastiques tant qu’il ne pouvait justifier par quelle autorité légitime il avait été nommé à Saint-Maurice. L’agent national avait essayé de le faire nommer curé à Thann. En vain. Provisoirement, il exerçait les fonctions d’instituteur de langue latine et française, de morale, d’histoire et de géographie. Proposé comme curé de Hagenbach le 24 avril 1803, il refusa ce poste. À sa mort, il était professeur à l’école secondaire de Thann qui venait de s’ouvrir.
Kleiner Katechismus gegenwärtiger Zeiten und in Druck gegeben vom einem katholischen Bürger von Thann im Oberrhein, Colmar, 1797. Bernard Plongeron fait la démonstration que Lothringer en est l’auteur dans Conscience religieuse en révolution, Paris, 1969, p. 263-270. Un exemplaire aux Archives nationales, aucun à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. Réfutation par I. Tessier, curé constitutionnel de Saint-Hippolyte : Ein Wort über den kleinen Katechismus gegenwärtiger Zeiten..., Folgensbourg, s.d. (un exemplaire à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg). La lettre de Lothringer à l’évêque de Bâle confirme qu’il est bien l’auteur du Petit catéchisme. Archives de l’évêché de Bâle à Soleure : dossier Révolution française, correspondance de Lothringer avec le provicaire général Didner (1797-1801), 16 pièces classées sous « Personalia ».
I. Beuchot, L’abbé Lothringer, aumônier des prisons de Paris pendant la terreur, Rixheim, 1895; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 197; F. Schaedelin, « L’abbé Lothringer », Revue d’Alsace, 1934, p. 205-223, 423-458, 559-582 (à partir de nouvelles sources des Archives nationales) ; J. Joachim, Dictionnaire du clergé séculier et régulier du Haut-Rhin pendant la Révolution, Bibliothèque municipale de Colmar, Ms 972, n° 1003; J. Baumann, « Contribution à la biographie de l’abbé F. J. Lothringer de Thann », Annuaire de la Société d’histoire des régions de Thann-Guebwiller, 1951-1952, p. 129.
† Louis Kammerer (1995)