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LORENZ Jean Michel II

Historien, professeur à l’Université de Strasbourg, (Pl) (★ Strasbourg 31.5.1723 † Strasbourg 2.4.1801).

Fils de Jean-Michel Lorenz I ©. 29.9.1760 à Strasbourg Christine Salomé Beck, fille de libraire, veuve du professeur d’anatomie Philippe Henri Boeder © ; sans enfants. Immatriculé au Gymnase protestant de Strasbourg le 16 novembre 1728, puis à la faculté de Philosophie, le 3 avril 1736. Il en suivit les cours traditionnels de langues anciennes, sciences exactes, histoire, philosophie, qu’il compléta plus tard par des études de droit, couronnées en 1748 par une licence. Dès le début de ses études académiques, il compta parmi ses maîtres Schoepflin ©. De 1748 à 1753, Lorentz fréquenta en compagnie des fils du prince de Nassau-Usingen, dont il était devenu le précepteur, d’abord l’Université d’Utrecht, ensuite celle de Paris, où il rencontra plusieurs érudits de renom, dont des bénédictins de Saint-Germain. Le 29 mai 1752, il avait été chargé de cours complémentaires d’histoire à Strasbourg. À partir de mai 1753, il donna ses premières leçons et partagea dès lors la charge de l’enseignement historique avec Schoepflin. En 1755-1756, Lorentz assuma de plus l’enseignement de la rhétorique.

Il dut par conséquent rédiger les hommages adressés annuellement par l’Université au roi de France. Après la mort de Schoepflin, Lorentz fut nommé professeur titulaire de la chaire d’histoire et continua, avec C. G. Koch et J. J. Oberlin, à assurer un enseignement large et scientifique de l’histoire à l’Université. En 1794, il fut emprisonné au Séminaire comme laudateur du tyran. Après sa libération, il se contenta d’achever son ouvrage le plus important, la Somme de l’histoire de France, écrite en latin, qui englobe la période révolutionnaire. Comme la toute première œuvre de Lorentz, cette dernière met en valeur les droits de la monarchie française sur la Lorraine et l’Alsace. Dans ses cours comme dans les ouvrages qu’il a  publiés, Lorenz. a abordé tous les domaines de l’histoire événementielle : institutions romaines, histoire de l’église aux premiers siècles, histoire des principaux états européens à partir de la fin de l’Empire romain, histoire de Strasbourg, mais aussi histoire universelle (le monde depuis sa création, dont Lorentz fixe la date à -4000). Partout, il se réfère à des sources précises, se refusant à faire une trop grande place à des hypothèses – ce qui semble avoir rendu difficile sa collaboration momentanée avec Voltaire rédigeant l’Essai sur les mœurs. Fidèle à la tradition luthérienne de sa famille, Lorentz s’est montré opposé au rationalisme, dans lequel il ne voyait qu’un christianisme païen. D’un autre côté, une lettre au cardinal Garampi révèle que l’idée d’un certain œcuménisme ne lui était pas étrangère.

Lorentz a rédigé ou dirigé de très nombreuses études, dont Joecher et Haag ont établi des listes : celle publiée par Haag paraît  la moins incomplète ; il faut cependant y ajouter Artis rhetoricae praecepta, Strasbourg, 1761 ; Einladung zur academischen Feier des 50 jährigen Amtsjubiiaeums Schoepflins, Strasbourg, 1770; Orationes funebres conservandae memoriae serenissimi Delphini, Ludovici amati filii, et Ludovici XV adamati regis Galliae, Strasbourg, 1774 ; Strassburgs Jubelgefühl in einer vor den versammelten Ständen von Hn J. M. L. den 29ten Herbstmonat 1781 gehaltenen Rede und zu derselben von Hn Mag. Leypold und von Hn Kapellmeister J.Ph. Schönfeld in Musik gesetzten Cantate ausgedrückt, Strasbourg, 1781 ; les quatre tomes de la Summa historiae gallo-francicae civilis et sacrae couvrent des périodes d’inégale longueur: I, A.C. 1 à 1328, II, 1328 à 1547, III, 1547 à 1589, IV, 1589 à 1793 ; Lorentz a donc privilégié le XVIe siècle. En ce qui concerne les thèses qu’il a dirigées, et qui sont répertoriées sous son nom, il est remarquable qu’il s’agit souvent de travaux collectifs de plusieurs étudiants, développant chacun une partie d’une question plus vaste. Dans certains cas, Lorentz a ultérieurement repris et développé ces mémoires. En appendice, Haag énumère les œuvres encore manuscrites de Lorentz qui se trouvaient à la bibliothèque de Strasbourg.

J. J. Oberlin, Magasin encyclopédique, 7e année, VI, Paris, 1801, p. 220 et s. ; Chr. G. Joecher, Allgemeines Gelehrtenlexikon, op. cit., c. 2137-2138 ; J. F. Aufschlager, Nouvelle description historique et topographique des deux départements du Rhin, I, Strasbourg, 1826, p. 300; E. et E. Haag, La France protestante, VII, op. cit., p. 124-126; Allgemeine deutsche Biographie, XIX, 1884, p. 179; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p. 150; Knod, Die alten Matrikeln der Universität Strassburg, 1621 bis 1793, 1897-1902 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 194; R. Reuss, Histoire de Strasbourg, Paris, 1922, p. 331 ; A. Salomon, J.-M. Lorentz professeur d’histoire à l’Académie de Strasbourg, 1723-1801, Thann, 1926 (a aussi été publié dans la Revue d’Alsace) ; H. Strohl, Le protestantisme en Alsace, Strasbourg, 1950, p. 331 ; Bopp, Die evangelischen Geistlichen in Elsass-Lothringen, 1959, p. 344, n° 3256 ; Himly, p. 99; Matricula scholae Argentoratensis, Strasbourg, 1976-1981 ; J. Voss, Universität, Geschichtswissenschaft u. Diplomatie im Zeitalter der Aufklärung. J. D. Schöpflin, Munich, 1979 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, III, 1981, p. 423, 570 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4820 (erreur sur la graphie du nom) ; Neue Deutsche Biographie, XV, 1987, p. 177-178.

† Werner Westpal (1995)