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LOBSTEIN Jean-Frédéric, dit l’aîné

Professeur d’anatomie et de chirurgie (★ Lampertheim 30.5.1736 † Strasbourg II.10.1784).

Fils d’Antoine Lobstein (★ Lampertheim 15.4.1698 † Strasbourg 21.3.1764), chirurgien aux armées avant de s’établir comme chirurgien-barbier à Lampertheim, et de Marie Ursule Eckel (★ Strasbourg 11.11.1705 † Strasbourg 19.12.1786), fille de Sébastien Eckel, miroitier et membre du Grand Sénat de Strasbourg. Célibataire. Destiné à la chirurgie militaire après ses études au Gymnase de Strasbourg, Lobstein fut initié à la médecine par Fr. Balthasar von Lindern ©, dont la bibliothèque fut rachetée, après son décès, par le père de Lobstein. Inscrit à la faculté de Médecine de Strasbourg, il s’intéressa plus particulièrement à l’anatomie et à la chirurgie. Après s’être distingué par une dissertation inaugurale soutenue le 6 juillet 1760 (De nervo spinali ad par vagum accessorio), il fut promu docteur le 14 août de la même année. Bénéficiaire d’une bourse de la fondation Schenckbecher, Lobstein entreprit alors un voyage d’études complémentaires qui le mena de 1760 à 1762 à Francfort, Leyde, Amsterdam et Paris. Rentré à Strasbourg, et après avoir exécuté un certain nombre de préparations anatomiques au service de Le Riche ©, il fut autorisé à s’exercer dans des cours privés d’anatomie, de physiologie et de chirurgie. Sa carrière universitaire débuta avec sa nomination, en février 1764, au poste de démonstrateur ; professeur extraordinaire (8 juin 1768), puis titulaire (3 novembre 1768) de la chaire d’anatomie et de chirurgie. S’il bénéficia de l’appui de son maître J. R. Spielmann ©, de Schoepflin © et du préteur royal lors de ces nominations, celles-ci ne manquèrent pas de mettre à l’épreuve le caractère pugnace de Lobstein au cours des épisodes conflictuels avec Pfeffinger © et avec le Collège des Chirurgiens. Le succès des leçons de Lobstein entraîna une augmentation du nombre des auditeurs inscrits à la faculté telle que le fisc académique fut en mesure d’accroître considérablement la bibliothèque universitaire. Le trait caractéristique de son enseignement était l’importance accordée à la formation pratique, de même que la revendication de l’union de la chirurgie à la médecine. Parallèlement à ses activités à la Faculté, une vaste pratique privée s’étendant jusqu’en Russie plaça Lobstein au rang des opérateurs célèbres d’Europe. Deux domaines privilégiés furent l’oculistique et la lithotomie. Ayant adopté la méthode de l’extraction de la cataracte, Lobstein modifia l’instrumentation par l’invention d’un couteau, réalisé par le coutelier Jean Frédéric Bogner. Dans la cure de la fistule lacrymale, il mit au point une méthode dérivée des procédés de ses prédécesseurs. Dans l’opération de la maladie de la pierre vésicale – très fréquente à cette époque -, il pratiquait la taille latérale. Après 15 années d’enseignement, la détérioration de la santé de Lobstein l’obligea à échanger en 1783 la chaire qu’il occupait contre celle, moins astreignante, de pathologie. Un dernier voyage en compagnie de Christophe Guillaume Koch © lui permit encore de retrouver ses amis aux Pays-Bas et ses collègues de la Société royale de Médecine à Paris. Par fidélité à Strasbourg, il refusa plusieurs postes avantageux : dès 1763, offre de la chaire d’anatomie et d’obstétrique de Göttingen (renouvelée en 1772, lors de la vacance de la chaire de Haller et sur la proposition de ce dernier, avec le titre d’archiatre du roi) ; en 1773, appel à l’École anatomique de Berlin, par Frédéric II ; la même année, offre de la fonction de premier médecin et de chirurgien en chef de l’hôpital de lÀA Strasbourg même, chanoine de Saint-Thomas en 1774, chargé du rectorat à deux reprises (1772, 1778), et 12 fois du décanat, Lobstein occupa les fonctions d’inspecteur des fondations de Sain- Guillaume et de Saint-Marc.

Lobstein n’a laissé guère d’œuvre écrite en dehors de sa dissertation (éditée en Hollande) et des discours rectoraux de promotion, dont l’un est consacré aux cataractes secondaires (1779). Des Institutions anatomiques et des Commentaires physiologiques restèrent à l’état de manuscrit et sont aujourd’hui perdus. Il faut dès lors le rejoindre dans la profusion des dissertations anatomo-chirurgicales rédigées par lui ou sous sa direction, dont Vicq d’Azyr a dressé une liste comprenant près d’une cinquantaine de titres ; d’autres indications se retrouvent dans les écrits d’A. von Haller (pour lequel il a réalisé plusieurs préparations anatomiques et qu’il a rencontré personnellement en 1769) et dans les lettres de J.R. Spielmann à Haller. En exaltant la reconnaissance dont il est redevable à son maître, J.-H. Jung-Stilling © laisse dans son manuel édité en 1791 un compte rendu détaillé du procédé mis au point par Lobstein. Par ailleurs, le souvenir de Lobstein se perpétue dans l’histoire de la littérature, avec les témoignages autobiographiques de Goethe © (Dichtung und Wahrheit, livre 9), ainsi que de Jung-Stilling de Herder, qui fut son patient malchanceux. Plusieurs de ses élèves ont accédé à la notoriété, une fois devenus professeurs : P. F. Meckel (1756-1803), à Halle ; J. D. Metzger (1739-1805), à Königsberg ; J. P. Frank, à Vienne et à Saint-Pétersbourg ;Thomas Lauth ©, son successeur à Strasbourg.

J.-M. Lobstein, Denkmal der Liebe, seinem Bruder Johann Friedrich Lobstein […] errichtet, Strasbourg, 1784 ; Beim Grabe ihres Lehrers S. T. Herrn J. F. Lobstein’s von seinen Ihn begleitenden Schülern, Strasbourg, 1784 ; L. Schurer, Memoriam Viris […] Johannis Friderici Lobsteinii, Medicinae Doctoris et Professons publici ceteberrimi, Capit. Thom. canonici dignissimi Argentorati die XI octobris MDCCLXXXIV pie defuncti, Argentorati, s.d. [1785] ; Vicq d’Azyr, « Éloge historique de Lobstein », Histoire de la Société royale de Médecine, VII, Paris, 1786 ; H. Jung-Stilling, Methode den grauen Star auszuziehen und zu heilen, Marbourg, 1791 ; idem, Wanderschaft, 2e éd. 1806, p. 119, 128 ; idem, Häustiches Leben, 1806, p. 33 ; E. Stöber, Sämmtliche Gedichte und prosaische Schriften, III, Strasbourg, 1836, p. 153-156 ; Dechambre, Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, 2e série, II, Paris, 1869, p. 97 ; Hoefer, Nouveau dictionnaire de biographie générale XXXI, Paris, 1872, p. 426-427 ; Lobstein, Ed. J. Fr. Lobstein sen. Professor der Anatomie und Chirurgie. Ein Lehrer Goethe’s in Strassburg, Heidelberg, 1880 ; Allgemeine deutsche Biographie, XIX, 1884, p. 53-54 ; F. Wieger, Geschichte der Medicin und ihrer Lehranstalten in Strassburg, Strasbourg, 1885, p. 67, 93, 94, 98 ; Berger-Levrault, Annales des professeurs des académies et universités alsaciennes 1523-1871, Nancy, 1890, p. 147-148 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 184-185 ; Hirsch III, 1962, p. 812-813 ; Neue Deutsche Biographie, XIV, 1985, p. 737-738 ; Chr. Vetter, Strasbourg et l’Europe des Lumières. Lettres de Jacques Reinbold Spielmann à Albrecht von Haller, 1753-1777, thèse d’histoire, Strasbourg, 1986 ; M.-O. Faber-Roth, Jean Frédéric Lobstein l’aîné (1736-1784). Vie et œuvre, thèse médecine, Strasbourg, 1992.

Théodore Vetter (1994)