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LIX Marie Antoinette

Héroïne de l’insurrection polonaise, officier de francs-tireurs, (C) (★ Colmar 31.5.1839 † Saint-Nicolas-de-Port, Meurthe-et-Moselle, 14.1.1909).

Fille de François Antoine Lix, aubergiste, et de Françoise Schmitt. Célibataire. D’abord élevée comme un garçon par son père, la jeune Lix entra en 1850 au pensionnat des Sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé. Ayant obtenu son brevet d’institutrice à 17 ans, elle obtint un emploi de préceptrice en Pologne, auprès de la famille Lubianski, au château de Sycz. En 1863, lors de l’insurrection polonaise, elle revêtit un uniforme et, se faisant passer pour un homme, galvanisa un détachement de 300 polonais victimes d’une embuscade tendue par 800 soldats russes, et remporta finalement la victoire. Engagée sous le nom de Michel Lix, dit « Le Sombre », elle avança rapidement en grade à la faveur des combats où elle se distingua, et finit par être nommée lieutenant des uhlans. Blessée et capturée par les Russes, elle put être expulsée vers la Prusse grâce à un passeport établissant sa qualité de « Français ». Installée à Dresde avec la famille Lubianski, elle y suivit des cours de médecine et obtint le diplôme d’infirmière de la Croix-Rouge, organisation qui venait d’être créée à l’issue de la Convention de Genève de 1863. Rentrée en France en 1865, elle s’employa comme correspondancière en langues étrangères dans une maison de commerce du Nord. Lors de l’épidémie de choléra qui sévit à Lille en 1866, Lix se dévoua jour et nuit pour soigner les malades, au point de mettre en péril sa propre santé. Par faveur spéciale du ministre de l’Intérieur, elle obtint en 1869 d’être nommée receveur des postes à Lamarche, Vosges. Lorsque éclata la guerre de 1870, elle rejoignit la compagnie des francs-tireurs de Lamarche et fut nommée lieutenant. Après plusieurs actions d’éclat, elle quitta sa compagnie qui venait d’être fondue dans l’armée placée sous le commandement du général Garibaldi, et entra dans le service des ambulances. À la fin du conflit, elle retrouva son bureau de poste, qu’elle quitta en 1880 pour un débit de tabacs. Retirée ensuite à Paris, elle entreprit une courte carrière littéraire et signa quatre romans à caractère patriotique : Tout pour la Patrie, 1884 ; Les neveux de la chanoinesse, 1886 ; Jeunes brutions et vieux grognards, 1889 ; A Paris et en Province, 1889. Admise en 1898 à l’hospice de Saint-Nicolas-de-Port, elle y finit ses jours et fut inhumée au cimetière local ; au-dessus de sa tombe, une plaque du Souvenir français rappelle ses actions de la guerre de 1870, et une plaque apposée à l’occasion du centenaire de l’insurrection polonaise de 1863 rend hommage à l’héroïne. À Colmar, la Renaissance française a signalisé sa maison natale, au n° 74, Grand-Rue.

J. Sée, « Antoinette Lix, lieutenant de francs-tireurs », Revue Alsacienne, 1883-1884, p. 487-493 ; Ant. Meyer, Biographies alsaciennes avec portraits de photographie, 5 séries, 1888-1890 ; R. Kaeppelin, Colmar de 1814 à 1871, Paris, 1889, p. 151-153 ; L. Zeys, « Une héroïne contemporaine », Revue des Deux-Mondes du 1.6.1906 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 3, 1984, p. 66 ; M. Bloch, Femmes d’Alsace, Paris, 1922, p. 157-180 ; P. et H. de Trailles, Les femmes de France pendant la guerre et les deux sièges de Paris ; G. Teichmann, Une héroïne alsacienne, VA, 1923/2, p. 14-16 ; L. Zeys, Une fille de la vraie Alsace : Marie Antoinette Lix, Paris, 1931 ; C. Destouches, Michel le Sombre ou le double visage d’Antoinette Lix, Paris, 1958 ; « Cette Lorraine (sic) de vingt ans se battait pour la Pologne. On l’appelait Michel le Sombre », Lorraine Magazine, n° 96, juin 1963 ; L. Garros, « Une héroïne franco-polonaise, Antoinette Lix », Historama, n° 149, 1964 ; P. Chanlaine, « Marie-Antoinette Lix, héroïne alsacienne et lieutenant des uhlans polonais », Le Ruban rouge, n° 33, 1964 ; Ch. Seither, « Antoinette Lix, lieutenant d’une compagnie de francs-tireurs en 1870 », L’Alsace du 30.9.1970 ; L. Mathieu, « Le destin héroïque de Marie Antoinette Lix », Diligence d’Alsace, n° 5, 1971, p. 43-49, ill. ; F. Lichtlé, « Antoinette Lix », Le Point Colmarien, n° 14, 1974, p. 17, portrait ; L.-H. Fleurence, « La geste passionnée de Marie Antoinette Lix », La Revue lorraine populaire, n° 59, 1984 ; C. Keller, « Antoinette Lix, lieutenant des uhlans polonais », Le Point Colmarien, n° 49, 1984, p. 9, portrait ; F. Halton, « Ein Held ist, wer Pflicht tut bis zum Aeussersten », Almanach des Dernières Nouvelles d’Alsace, 1985, p. 125-139, portrait.

Jean-Marie Schmitt (1994)