Médecin et botaniste (* Bouxwiller, Bas-Rhin, 22.3.1682 † Strasbourg 25.4.1755, paroisse du Temple-Neuf, enterré le 28.4. au cimetière Ste-Hélène). Fils de Balthasar von L., apothicaire à Bouxwiller, et de Maria Rosina Koenig, fille de Johann Franz K., bailli de Wasselonne. ∞ I 4.9.1709 Maria Salomé Neubauer († 22.5.1735), veuve de Georg Friedrich N., marchand à Strasbourg; 2 enfants morts en bas âge. ∞ II 16.8.1737 Jacobée Boehm, veuve de Michael Friedrich B., pasteur au Temple-Neuf de Strasbourg. Études au gymnase de Bouxwiller, puis à Strasbourg chez le professeur Henninger, et à Iéna. Thèse de médecine le 4.9.1708. L. publia en 1710 une Ostéologie, et œuvra en tant que médecin, en particulier grâce à la publication de livres destinés au grand public, dont: Medizinischer Passe-partout oder Hauptschlüsset aller und jeder Krankheiten des menschlichen Körpers, Strasbourg, 1739-1741, permettant aux malades de se soigner eux- mêmes. Il rédigea aussi un manuel pour sages-femmes (Hebammen-Fragbüchlein), et s’intéressa au traitement des maladies vénériennes: Spéculum veneris oder Venus-Spiegel, vorstellendwie die Venus-Kranckheiten überhaupt, wo kein Medicus noch Chirurgus zu gegen, im Falt der Noth, ein jeder für sich selbsten curiren, auch die sonst gewöhnliche Salivationscur gantz leicht ohne einige Gefahr verrichten kan, nach der sichersten Méthode auseigener Praxi und entworffen, Strasbourg, 1732 (rééd. 1736, 1743, 1751 et 1763); L. y donne des indications sur le traitement mercuriel, mais recommande aussi trois médications spécifiques qu’il met lui-même en vente. En dehors de cette activité quelque peu charlatanesque, L., qui fut un certain temps directeur du jardin botanique, était un botaniste émérite. En 1728, il publia une flore d’Alsace, Tournefortius Alsaticus cis- et transrhenus, dans laquelle il énumère 920 espèces phanérogames, classées par époques de floraison d’après Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708); on y trouve la première description d’une plante hydrophile et thermophile très fugace (qui a entraîné des polémiques): «Pyxidaria repens annua flosculis monopetalis unilabiatis: Sumpff Gauchheil; (in lettichten feuchten Boden» (mouron des marais; sur sol glaiseux humide), description accompagnée d’une illustration. En 1747, dans son Hortus Alsaticus, L. précise la station de cette plante sur un îlot au confluent de l’III et de la Bruche. Par la suite, Allione en donna une description et une illustration dans les Mémoires de la Société royale des Sciences de Turin (1762-1765), et la nomma «Linderniapyxida- ria»; Linné la fit paraître dans son Mantissa Altera (1771), et F. Kirschleger colligea entre 1836 et 1870 huit stations de cette plante dans la plaine d’Alsace.
AM Bouxwiller, RP, et dossier Lindern; F. Kirschleger, Flore d’Alsace, II, Strasbourg, 1862, XXXII; J. Baquol, L’Alsace ancienne et moderne…, Strasbourg, 1865; I. Baquol, P. Ristelhuber, Dictionnaire topographique, historique et statistique du Haut et du Bas-Rhin, 3e éd. refondue, Strasbourg, 1865, devient: Dictionnaire du Haut et du Bas-Rhin, Marseille, 1976; Meyer, Sitzmann II, 180; R. Burgun, Zur Geschichte der Dermatologie in Strassburg, thèse, Strasbourg, 1943; DNA du 24.3.1953; T. Moser, F.B. von Lindern, CSHASE, 1957, p. 75; EA VIII, 1984, p. 4765-4766; M. Simon, F. Geissert, Lindernia procubens (= L. pyxidaria), une plante alsacienne, Bulletin de la Société botanique du Centre-Ouest, NS 15, 1984, p. 27-34.
René Burgun (1995)