Réformateur, membre du Magistrat de Colmar, (P) († Colmar 20.2.1617). Fils de Sébastian L., receveur seigneurial à Riquewihr jusqu’en 1527, puis bourgeois de Colmar en 1530, capitaine de la ville 1537, et anobli en 1541. ∞ 20.6.1565 à Colmar Martha Kesselring, fille de Georg K., tailleur. Originaire de Riquewihr, où l’on relève un Johannes L., intendant seigneurial, en 1501, la famille L. était une des plus riches de Colmar, où elle possédait quatre maisons, dont l’actuelle École nationale de musique (Linckenhof) rue Chauffour, sans compter la Martinsburg à Wettolsheim et le Thurnburg à Wintzenheim (actuelle mairie?), acquis en 1595 (contrat du 16.4.1600), qui permit à L. de compléter son patronyme libellé désormais Linck von Thurnburg. Sebastian Wilhelm L. fit ses études à Bologne (1550-1555) et s’est peut-être installé à Sélestat d’où il aurait été expulsé. En 1566, il fut exilé à Kaysersberg pour avoir tué son cousin Ruprecht Kriegelstein © au cours d’une rixe, mais il retourna à Colmar dès 1567. Membre de la corporation du Géant (zum Rysen), il acquit le droit de bourgeoisie en 1569. Membre du conseil des XIII de 1571 à 1583, il fut régulièrement stettmestre (15 fois), obristmestre (10 fois) et Schultheiss (prévôt impérial) (7 fois) de la ville impériale entre 1582 et 1617. En 1574, il avait été chargé d’une mission diplomatique à Vienne et, en 1580, Colmar, Kaysersberg, Munster et Turckheim l’élirent conseiller de guerre du Landschirmverein d’Alsace aux états généraux d’Ensisheim. On le trouve enfin inspecteur scolaire (Schulhert) de Colmar dès 1575, et Oberscholarch en 1604, date de construction du gymnase protestant. L. fut un chef de file influent des partisans de l’introduction de la Réforme protestante à Colmar, officialisée par le Magistrat en 1575. Ce dont témoigne ce quatrain de l’époque: Wenn Buob wäre geblieben Knecht,/ und Linck wäre geblieben recht,/ und Goll wär geblieben stumm,/ so wär’ Colmar nicht im Luthertum. Toujours est-il que, lors de l’évolution du protestantisme colmarien vers le calvinisme, il ne fut pas étranger à la Deklarationsschrift de 1589, où il participa personnellement à la controverse eucharistique sur la double présence.
L. Sittler, Membres du Magistrat, conseillers et maîtres des corporations de Colmar, III, 1408-1600, IV, 1601-1700 (aux AMC); R. Wertz, Livre des bourgeois de Colmar 1512-1609 et Livre des bourgeois de Colmar 1610-1673 (aux AMC); Sitzmann II, 179; A. Scherlen, Topographie von Alt-Colmar, 1922; K.H. von Greyerz, The late city reformation in Germany, the case of Colmar (1522-1628), thèse, Stanford University, 1978; A. Herscher, La famille Linck, Mémoire Colmarienne, n°10, 1982.
Louis-Paul Mathis (1995)
