Vicaire général du diocèse de Strasbourg, (c) (* Truchtersheim 31.8.1765 † Strasbourg 22.3.1831. Fils de Valentin L. (1739-1826), cultivateur, maire de Truchtersheim, et de Catherine Wack († 1787). Petit-fils de Sébastien L., prévôt d’Eckbolsheim, et d’Eve Arbogast. Fit des études secondaires au collège épiscopal de Molsheim, puis entra chez les Bénédictins de Marmoutier. Mentionné dans un état des religieux du 25.5.1790 sous le nom de dom Benoît, il fut ordonné quatre jours plus tard à Strasbourg. Après avoir enseigné à l’abbaye et participé au ministère dans la paroisse de Marmoutier, il quitta l’Alsace après la dissolution du monastère et se rendit en juillet 1791 à l’abbaye bénédictine de Schuttern, dans la partie transrhénane du diocèse de Strasbourg, où il enseigna d’abord l’hébreu et le grec, puis la théologie. Obligé de se réfugier à l’abbaye de Kremsmünster, Autriche, du fait de la guerre, il suivit de 1800 à 1802 des études de théologie à l’Université de Fribourg-en-Brisgau. Revenu en Alsace, il adhéra au Concordat à Truchtersheim le 7.9.1802 et fut présenté au nouvel évêque de Strasbourg, Saurine ©, par Marchai ©, oncle du vicaire général Maimbourg © et dernier abbé de Marmoutier. Il obtint du prélat l’autorisation d’accepter une chaire de théologie à l’abbaye de Kremsmünster (1802-1805), puis de Schuttern (1805-1806). En 1805, il devint légataire de dom Marchai. Après la suppression de l’abbaye en 1806, où il figurait encore sur la liste des religieux, il revint en Alsace, où il fut nommé chanoine titulaire afin de bénéficier d’un traitement, et, surtout, fut chargé par l’évêque de réorganiser le Séminaire selon des principes gallicans. Pendant 25 ans, son nom fut lié à l’enseignement de la théologie dans le diocèse, ainsi qu’à la fondation des deux petits séminaires de Saint Etienne à Strasbourg, et de Lachapelle-sous-Rougemont. Supérieur du Grand Séminaire de 1806 à 1830, il y enseigna lui-même la dogmatique de 1806 à 1822 et l’exégèse de 1820 à 1822. En 1811, il accompagna Saurine au concile national; c’est là probablement qu’il abandonna ses principes gallicans pour l’ultra-montanisme, abandon confirmé à la suite d’un voyage à Rome en 1816. Nommé vicaire capitulaire en 1813 à la mort de l’évêque, vicaire général de 1813 à 1827, il devint l’homme fort du diocèse à cette époque, d’abord pendant la vacance du siège épiscopal de 1813 à 1821, puis sous l’épiscopat de Croy © de 1821 à 1824. Lorsque ce dernier fut nommé grand aumônier et résida à Paris, il lui adressa de semaine en semaine des rapports encore conservés de nos jours, mine précieuse pour appréhender l’attitude du clergé alsacien sous la Restauration. Dans le même temps, il publia plusieurs ouvrages de théologie, lesquels connurent un succès certain. En 1830, Le Pappe de Trévern © le renvoya de son poste de supérieur. Les motifs de cette disgrâce restent encore obscurs: la ruine financière de l’école ecclésiastique de La chapelle dirigée par son neveu fut le prétexte invoqué, mais l’hostilité de Bautain © n’y fut sans doute pas étrangère, alors que des motifs politiques ne sont pas à exclure. Brisé par cette disgrâce, malgré un dernier sursaut où il protestait de son innocence, il décéda à peine un an après.
De Libro Judithae dissertatio exegetica, Fribourg Br., 1802; Positiones ex universa theologia christiana selectae, Strasbourg, 1809; Positiones ex disciplinis theologicis selectae, Strasbourg, 1810; Analysis studii biblici pro specimine publico et litterario quod, praesi de Theobaldo Lienhart, debun tseminarii alumni, die 13 aug. 1814, Strasbourg, 1814; Conclusiones theologiae dogmaticae…, Strasbourg, 1814; Institutiones theologiae dogmaticae in usum seminarii Argentinensis, 3 vol., Strasbourg, 1819-1821; Ueber die vanessische deutsche Bibelübersetzung. Eine Warnung für die Katholiken des Strassburger Bisthums, Strasbourg, 1819; Preces ad usum seminarii episcopalis Argentinensis, Strasbourg, 1827; De Antiquis liturgiis ec de disciplina arcanitractatus historico-dogmaticus, Strasbourg, 1829.
J.M. Quérard, La France littéraire, Paris, 1827-1857, V, p. 302; A. Straub, L’abbé Lienhart, Bulletin ecclésiastique de Strasbourg 3, 1884, p. 327-344; Meyer; Sitzmann II, 172; DThC IX, 1926, c. 711-712; P. Leuilliot, L’Alsace au début du XIXe siècle (1815-1830), III, Paris, 1959, p. 11 et s.; A.M. Burg, Le testament de dernier abbé de Marmoutier, CSHASE, 1959, 4, p. 9-12; R. Epp, Le mouvement ultramontain dans l’Église catholique au XIXe siècle (1802-1870), Strasbourg, 1975 (index); EA VIII, 1984, p. 4750; Cl. Muller, Les directeurs et professeurs du Grand Séminaire de Strasbourg (1801-1870), La formation du clergé dans les diocèses de Strasbourg et de Metz de 1871 à 1918 (publié par l’Equipe de recherche du catholicisme en Alsace et en Lorraine), Strasbourg, 1985, p. 65-102; R. Epp, L’enseignement de la théologie au Grand Séminaire de Strasbourg, ibidem, p. 103-121; Cl. Muller, Dieu est catholique et Alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg au XIXe siècle (1802-1914), Strasbourg, 1987 (index); idem, Mgr Louis Colmar et le clergé alsacien (1804-1805), AEA, 1986, p. 241; H. Schmid, Säkularisation und Schicksal des Stifts Schuttern (1806-1839), Die Ortenau 61, 1986, p. 150- 177; DMRA, p. 268; R. Epp, Une évolution subtile? Thiébaut Lienhart (1765-1831), Revue du moyen âge latin 44, 1988, p. 38-45; Cl. Muller, Les bénédictins d’Alsace dans la tourmente révolutionnaire, Langres, 1990, p. 121-124, n° 52.
Claude Muller (1995)