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LIBERMANN (LIEBERMANN) Eliezer Lazard (et à tort Samson)

Rabbin, (I) (★ Saverne 1758 d. Saverne 10.2.1831. Fils de Samson David (d. v. 1760), de Lingolsheim, et d’Esther (Lévy ?) (★ Marmoutier 1718), qui se remaria après veuvage avec Israël David dit L. ∞ l 12.11.1788 à Bischheim Hindera Halle (d. 4.4.1813), fille du rabbin Jacob H., son ancien maître; 7 enfants, dont Jekel © 2. ∞ II 21.6.1813 Véronique Samson (* v. 1778), de Westhoffen, fille d’Isaac S. relieur, et veuve Weyl; 1 fils : Isaac © 3. Le jeune Eliezer fut mis en pension chez le rabbin Jacob Halle d’Ettendorf, après quoi il suivit l’enseignement de divers rabbins à Metz, Worms, Francfort, enfin Lublin. Après un long séjour, il retourna en Alsace, avec le titre de rabbin, se maria et s’installa à Saverne où il enseigna à l’école juive. Du fait de la Révolution, il dut gagner sa vie comme marchand de bois. A la mort du substitut-rabbin Samuel Kahn en 1802, il fut élu pour lui succéder. En 1804, il fut nommé inspecteur des trois écoles rabbiniques (Bischheim, Ettendorf, Westhoffen), chargé de faire passer les examens aux élèves. En 1806, le préfet l’envoya à Paris siéger à l’Assemblée des Notables, ce qui acheva de ruiner la famille, le délégué devant faire l’avance des frais. Par suite du décret impérial portant sur le changement des noms des israélites (1808), Eliezer fils de Samson devint Lazard Libermann, son épouse prit le nom de Léa Haller, ses enfants Samson, David, Hénoch, Esther gardèrent leur prénom, Falik devint Félix, Jekel devint Jacob et Samuel Sannel, Nathanaël. Le 4.7.1809, Lazard L. fut titularisé comme rabbin de Saverne. On conserve de lui le souvenir d’un homme inflexible en matière religieuse, fidèle à l’enseignement de son maître de Lublin, AzrielHurwitz, fermé à la culture environnante. Plus dur fut pour lui le dévoiement de ses fils, les plus intelligents, les plus doués. L’aîné Samson, envoyé à Mayence pour étudier le Talmud, apprit en cachette le français, l’allemand, le latin et le grec et s’intéressa à la médecine. Lors de la déroute de la Grande Armée en 1813, celui- ci s’engagea à l’hôpital militaire de Mayence et fut promu officier de santé. De retour en Alsace, en 1816, il poursuivit ses études de médecine jusqu’à la thèse, soutenue le 7.6.1820. Le second fils, David, avait bien obtenu le titre rabbinique, mais lisait Voltaire. Il devint commerçant à Herrlisheim. Hénoch, devenu tailleur, s’installa en Allemagne, puis émigra aux Etats- Unis. Félix était relieur en Allemagne. Samson, le médecin, fut nommé médecin de la communauté juive de Strasbourg et épousa une jeune fille juive de Mayence, Babette Maylert (18.5.1821). Le 15.3.1825, Samson Libermann et sa femme se firent baptiser © à Strasbourg. Lorsque la nouvelle lui parvint, le vieux rabbin atteint au plus profond de lui-même déchira ses vêtements et prit le deuil. Ses fils Félix et Nathanaël, revenus auprès de lui, décidèrent d’aller à Paris. Enfin son fils Jacob, brillamment reçu rabbin, revint auprès de lui. Il voulut, lui aussi, aller à Paris. Après bien des hésitations, il l’y autorisa. Le vieux rabbin finit par apprendre la vérité: Félix, Nathanaël et Jacob s’étaient fait baptiser. Le brillant élève en Talmud étudiait au Séminaire Saint-Sulpice pour devenir prêtre. Le vieux rabbin, effondré, reprit le deuil. Sa fille Esther épousa le 11.2.1830 Eliezer Libmann, fils de Jonas, maître d’école à Zellwiller, qui fit un ultime affront au vieux rabbin en refusant que leur mariage fût célébré par lui. Sur son lit de mort, L. fit venir son dernier fils Isaac à son chevet et le supplia de devenir rabbin. Isaac, qui n’avait que 16 ans et qui voulait devenir banquier, promit et tint parole.

J. Letourneur, Le rabbin Lazard Libermann, CSHASE, 1965, p. 1-15 ; EA VIII, 1984, p. 4747.

Robert Weyl (1995)