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LEVY Jean-Pierre (noms de guerre : JEAN-PIERRE, GILLES, LENOIR, ROBERT, MARTIN, LAURENT, DUPRÉ)

Résistant, haut fonctionnaire, (I) (★ Strasbourg 28.5.1911).

Fils de Joseph L., commerçant, et de Marguerite Bloch. ∞ l 5.9.1946 Lise Rauzier ; 2 enfants. ∞ ll 8.6.1961 Janine Carlotti, médecin, déportée de la Résistance. Etudes au lycée Fustel de Coulanges, à l’Institut d’études commerciales supérieures à Strasbourg et aux facultés de droit de Strasbourg et de Nancy. Cadre dans une usine de sacs de jute. Lieutenant en 1939-1940, il a été cité à l’ordre de l’Armée. Après l’armistice de 1940, il s’est fixé à Lyon où son entreprise avait monté un atelier. Sans activité politique avant-guerre, il est entré en contact avec des Anglais dès septembre 1940, et a adhéré en janvier 1941 au groupe de résistance républicain France-Liberté, qu’il a fait essaimer dans toute la zone sud. Il publiait des tracts anti-nazis et anti-vichyssois, qui protestaient sans cesse contre l’annexion de l’Alsace et de la Moselle. A partir de décembre 1941, l’équipe qu’il animait a publié un journal clandestin, Le Franc-Tireur, dont 37 numéros parurent jusqu’à la Libération. Le mouvement de résistance, dont il était devenu le chef national, a aussi pris le nom de Franc-Tireur. Depuis novembre 1941, il était en contact avec les envoyés du général de Gaulle ©, Yvon Morandat, puis Jean Moulin. Arrêté par la police française le 24.10.1942, L. a été libéré grâce aux efforts de la jeune Micheline Eude (fille de Pierre Eude ©), sa secrétaire. La police de Vichy l’a identifié peu après comme une personnalité importante de la Résistance et a lancé le 31.12.1942 un mandat d’arrêt contre lui. Après la fusion des Mouvements unis de Résistance (MUR) en janvier 1943, il a été membre du directoire des MUR chargé du renseignement et des problèmes matériels. Désigné pour siéger au Conseil national de la Résistance (CNR), il n’a pas participé à ses premières réunions car il était parti, dans la nuit du 12 au 13.4.1943, en avion d’un terrain clandestin de Mâcon pour Londres. Il est revenu en juillet et a atterri dans l’Ain. Le 16.10.1943, il a été arrêté à Paris par la police française pour trafic de faux papiers et a été emprisonné le 21 à la Santé. Un groupe franc du Mouvement de libération nationale le fit évader le 12.6.1944. Il a alors repris son siège au CNR. Après la Libération, en 1944, il a été nommé commissaire provisoire à l’Office professionnel des indus- tries du cuir et répartiteur du cuir. En 1947, il est devenu directeur des textiles et des cuirs, puis en 1949 directeur des industries diverses et des textiles au Ministère de l’Industrie et du Commerce. Inspecteur général de l’industrie à partir de 1956, il a été conseiller d’Etat en service extraordinaire (1970-1974) et président du Centre national pour l’exploitation des océans (1971-1975). Il a été administrateur du quotidien Le Franc-Tireur de 1944 à 1954, et il préside le Comité des œuvres sociales de la Résistance depuis 1972. Il est vice-président de la Fédération nationale des combattants volontaires de la Résistance. Il est membre du conseil de l’ordre de la Libération. Grand croix de la Légion d’honneur (1994) et grand officier de l’ordre du Mérite ; compagnon de la Libération (mars 1943) ; médaille de la Résistance ; croix de Guerre 1939-1945.

Se souvenir, Passages, n° 50, octobre 1992, p. 37 (Colloque de Lyon, 15-16.10.1992, Résistance et Mémoire, les leçons de la Mémoire).
Who’s who in France, 1959-1960 et 1979-1980 ; H. Coston (dir.), Dictionnaire de la politique française, II, Paris, 1972, p. 396 ; R. Hostache, Le Conseil national de la Résistance, Paris, 1958 ; H. Noguères et alii, Histoire de la Résistance en France, Paris, 1967-1981, 5 vol., passim ; H. Frenay, La nuit finira, Paris, 1973 ; Cl. Bourdet, L’aventure incertaine, Paris, 1975 ; D. Veillon, Le Franc-Tireur. Un journal clandestin, un mouvement de Résistance 1940-1944, Paris, 1977 ; H. Verity, We landed by moonlight, Londres, 1978 (traduction française : Nous atterrissions de nuit, 2e éd., Paris, 1989) ; J.P. Azéma, De Munich à la Libération, Paris, 1979, p. 268 ; M. Ruby, La Résistance à Lyon, Lyon, 1979, 2 vol. ; idem, La contre-Résistance à Lyon, Lyon, 1981 ; G. Wellers et alii, La France et la question juive 1940-1944, Actes du colloque du Centre de documentation juive contemporaine (mars 1979), Paris, 1981 (notamment les interventions de J.-P. L. et la communication de D. Veillon, Franc-Tireur et les Juifs) ; M.R. Marrus, R.O. Paxton, Vichy et les Juifs, Paris, 1981, p. 180 ; M. Sadoun, Les socialistes sous l’occupation, Paris, 1982, p. 187, 209 ; G. Lévy, Drames et secrets de la Résistance, Paris, 1984 ; Les Juifs dans la Résistance et la Libération, Paris, 1985 ; H.R. Kedward, Naissance de la Résistance dans la France de Vichy, Seyssel, 1989 ; A. Kaspi, Les Juifs pendant l’Occupation, Paris, 1991, p. 299, 302, 306, 307 ; G. Chauvy, Histoire secrète de l’Occupation, Paris, 1991 ; A. Rayski, Le choix des juifs sous Vichy entre soumission et résistance, Paris, 1992, p. 255-256, 284, 288 ; Entretien avec Jean-Pierre Lévy, 13.11.1992.

Léon Strauss (1995)

Complément : Décédé le 15.12.1996 à Paris.