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LEONI Léo Moritz Walter

Adjoint au maire de Strasbourg, chargé des affaires économiques, (PI, acte de décès de 1916) (★ Saverne 23.8.1878 † Hollbecque, Belgique, 22.11.1914).

Fils de 1. Célibataire. Etudes au lycée impérial de Strasbourg, droit à Bonn, Berlin, Strasbourg. Thèse à Fribourg (droit civil). Entra dès 1903 comme référendaire à la municipalité de Strasbourg. Participa en 1905 avec Schwander ©, alors adjoint, à la rédaction du statut des ouvriers municipaux strasbourgeois. En janvier 1907, L., âgé de 28 ans, Schwander devenu maire fit nommer comme adjoint aux affaires économiques (adduction d’eau, électricité et gaz, tramways, port, zone industrielle de la Meinau), devint bientôt son bras droit. Ce fut L. qui remporta la bataille de la renégociation de la concession de l’Electricité de Strasbourg (Elektricitàtswerk Strassburg), dirigée par Alfred Loewe, filiale indirecte de l’AEG de Walter Rathenau ©. Les consultants auxquels s’étaient adressés la Ville avaient conclu dans le sens d’une municipalisation complète de l’électricité. Seul le contrôle absolu assuré par le statut public de l’entreprise permettrait au public de bénéficier sans délais des retombées des innovations importantes que devait connaître cette branche dans les années à venir. Schwander et L. négocièrent durement avec Frey, président de l‘Electrobank de Zurich, filiale de l’AEG, qui contrôlait l’Electricité de Strasbourg, une nouvelle concession, qui assurait à la Ville, une participation de 40 % au capital et une participation aux bénéfices plus importante. Enfin, ils imposèrent aux concessionnaires des dispositions très favorables en faveur des salariés de la compagnie d’Electricité (31.12.1908). Pourtant, simultanément, en puisant dans leurs propres fortunes personnelles, L. et Schwander achetèrent en sous-main, par divers intermédiaires, 11 % des actions de l’Electricité de Strasbourg, qu’ils proposèrent à la Ville de Strasbourg, au prix d’achat. Ce coup d’éclat fit taire les partisans de la municipalisation totale : la Ville rachetait les actions offertes par L. et Schwander et devenait majoritaire dans l’EDS (17.2.1909). Pourtant, dans un accord avec Walter Rathenau, particulièrement vexé d’avoir été ainsi tourné, Schwander et L. acceptaient de geler les droits de désignation au conseil d’administration à l’Electricité de Strasbourg que leur valait ce nouveau paquet d’actions. Sous l’impulsion de la ville, l’Electricité de Strasbourg mettait en chantier sa nouvelle usine de la rue de Molsheim, ainsi que son siège social de la Neue Strasse (rue du 22 Novembre). L. en usa de même avec la Compagnie des Transports strasbourgeois, filiale elle aussi de l’AEG. Chantage à la concession d’une ligne dans la Neue Strasse, mais modération quant aux stipulations finales du contrat. La renégociation de la concession du Gaz de Strasbourg, filiale de l’Union parisienne du Gaz, compagnie franco-britannique, s’avéra plus difficile : là le contrat fut plus clair. La Ville prit d’emblée 51% des actions et la majorité au Conseil, et entreprit de construire une nouvelle usine à gaz (1914). Sa politique faisait de la ville un des grands acteurs économiques de son territoire, patron, employeur et capitaliste. L. apparaissait ainsi comme un théoricien et un praticien de l’économie mixte : se refusant au contrôle total de l’économie, mais s’assurant les moyens de forcer le secteur privé à la modernisation, si celui-ci voulait se contenter de jouir de la rente de situation que lui conférait sa concession. Mais L. ne se cantonna pas dans le terrain de l’économie : sa vaste culture, son exigence en matière architecturale laissèrent leur marque dans le concours architectural pour le siège de l’EDS, mais aussi dans le plan général de la Bourse et de la place de la Bourse, exécutées après-guerre par Paul Dopff. L. continua de participer à la vie politique active : il fut ainsi candidat au Landtag de 1911 pour le parti libéral-démocrate, pour la circonscription de Strasbourg III, où il se plaça honorablement second (1617 voix) derrière Eugène Imbs ©, social-démocrate (1806 voix), mais conformément aux accords de «Grand bloc», il se retira pour assurer la victoire à Imbs. L’apogée de la carrière d’un haut fonctionnaire municipal promis de toute évidence à un recrutement pour l’une des grandes municipalités de l’Empire, se situa au Congrès des Villes allemandes (Deutsche Städtetag) de Cologne en juin 1914. Il y fit un rapport combatif sur l’économie mixte devant les Oberbürgermeister et technocrates municipaux convertis aux idéaux de la municipalisation totale. Mobilisé en 1914, comme capitaine d’artillerie, décoré de la Croix de fer dans les premières semaines de la guerre, et tué début novembre, il fut inhumé au cimetière de la Robertsau, auprès de son père.

AMS, Dossiers des maires et adjoints ; A. Dominicus, Strassburgs deutsche Bürgermeister, 2° éd. 1938 ; Strassburger Post du 24.11.1914 au 26.11.1914 : long article de fond, sur l’œuvre de Leoni, par un de ses anciens collègues [probablement Dominicus qui avait quitté l’équipe des adjoints de Schwander pour la mairie de Schönefeld en 1911 ] ; OBB K. Blaum, F. Hansen et F. Nelken, dans Francfurt, Die Wirtschaftliche Entwicklung Elsass-Lothringens – Die wirt- schaftliche Betätigung der grösseren Städte, p. 485 (photographie p. 489) ; W. Leoni, Die Aufgabe der Städte als Arbeitgeber, tiré à part de Verhandlungen des Evangelisch-sozialen Kongresses dans Fichier Hofmann, AMS) ; Livet-Rapp, IV.

François Igersheim (1995)