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LEOBARDUS (LIUBERAT)

Moine, fondateur de l’abbaye de Marmoutier (★ vers 620 † un 31 décembre ou un 15 février), sans doute même personnage que « Liuberat Abbas » du Nécrologue de l’abbaye de Reichenau. Faute de documents crédibles il est impossible d’avancer une date pour l’établissement de L. à Marmoutier : jusqu’au début de ce siècle les historiens et hagiographes en ont proposé une dizaine, allant de 483 à 590. Les recherches plus récentes concordent pour voir en L. un moine venu de Luxeuil et se référant à l’observance irlandaise de saint Colomban. La forme germanique de son nom, Liuberat – Leubrad, permet de douter que lui-même ait été irlandais. Accompagné de deux ou de trois compagnons (Amand, Valérien et Sindenus, sans aucune réalité historique.), il se serait installé entre 656 et 662 – sous le règne du roi mérovingien Childebert III, dit l’Adopté – sur un site ruiné gallo-romain du fisc royal de la Marca Aquileia, Loewatzell (?), devenu plus tard Maurimonasterium-Marmoutier. A l’emplacement de l’établissement païen, il édifia une assise absolument nouvelle (a novo fundamento est-il précisé dans une charte du Xe-Xle siècle), conformément au droit canonique, repris par la législation temporelle de l’époque: le fait se vérifie d’exemplaire manière dans la crypte archéologique actuelle. Selon la tradition, L. aurait résidé dans deux autres établissements avant de se décider pour Marmoutier, notamment à Lochwiller (Leobardi villa, 1163). Cité en 1137 comme « beati Leobardi Mauri-Monasterii primi fundatoris » il est au XVIIIe siècle encore l’objet d’un culte dans une chapelle-crypte sous l’ancien chœur. En 1729, l’abbé Anselme II Moser († 15.10.1733) fit démolir cette chapelle souterraine et, en présence de l’évêque, il fit ouvrir des sarcophages parmi lesquels devait se trouver celui de L. On y trouva des cadavres intacts de moines. Pour faire place à la construction d’un nouveau chœur on referma les tombeaux et on couvrit le tout de terre.

Première mention de L. dans la charte de fondation de Sindelsberg, 1146, et non pas 1137 (ABR H 589, n° 2) ; J.M.B. Clauss, Die Heiligen des Elsass, 1936, p. 88-89 et p. 213 est à corriger sur ce point, cf. E. Herr, Das ehemalige Frauenkloster Sindelsberg, Strasbourg, 1912, p. 10 et s.; sur le cas des compagnons de L., et notamment sur le pseudo Sindenus cf. Herr, op. cit., p. 18 à 22. La question, délicate, du nom de lieu Leobardi villa est analysée par Mentz dans ZGO, 47, 1933, p. 378-384. Excellente mise au point sur l’ensemble des problèmes relatifs à L. voir R. Bornert, dans la notice Marmoutier (à paraître) de PIRMIN (dictionnaire de l’Alsace bénédictine) ; Sigrist, Histoire de l’abbaye de Marmoutier, i, 1899, de même que le Ms Catalogum Abbatum du savant abbé de Marmoutier Placide Schweighaeuser, manuscrit BNU n° 560, sont complètement dépassés, notamment par A.M.

Burg, Les débuts du monachisme en Alsace, AEA, 23, 2ème série, 7, 1956, p. 23-36; voir aussi F. Pétry, E. Kern, Découvertes archéologiques dans l’ancienne abbatiale de Marmoutier, CAAAH 20, 1977, p. 39-88 ; K. Schäferdick, Columbans Wirken im Frankenreich, p. 591-612, Die Iren und Europa, Stuttgart, 1982, I, p. 171-201 ; EA VIII, 1984, p. 4709 et 4986 ; L’épisode (inédite) de l’ouverture des sarcophages nous a été communiqué par M. le curé R. Metzger, qui l’a découvert dans un Compendium Historiae Monasticae dû à I. Fach, professeur de théologie et bibliothécaire à Marmoutier au XVIIIe s., manuscrit n° 122 de la bibliothèque du Grand Séminaire de Strasbourg.

Marcel Thomann (1994)