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LENZ Jacob Michael Reinhold

Ecrivain, (PI) (★ Sesswegen, Livonie, 12. 1. 1751 † Moscou 24. 5. 1792).

Fils de David L., pasteur piétiste à Sesswegen, et de Dorothée Neoknapp. Célibataire. Il est un des représentants les plus typiques du Sturm und Drang allemand. Brouillé avec son père, il arriva à Strasbourg au printemps 1771 pour y rester jusqu’en 1776. Il y fit la connaissance de Goethe © qui en parle dans ses Mémoires et auquel l’attacha une solide vénération qui alla jusqu’à l’imiter dans ses amours. Après le départ de Goethe de Strasbourg, L. s’éprit en effet de Frédérique Brion © qui lui inspira sa poésie Die Liebe auf dem Lande. Il était venu en Alsace accompagné des barons Friedrich Georg et Ernst Nikolaus von Kleist qui voulaient entrer dans l’armée française. L. donna une version dramatique de l’amour d’un des barons pour la Strasbourgeoise Cléophée Fiebich dans sa comédie Die Soldaten (1775). Ce fut aussi l’année de son amour pour Henriette Waldner von Freundstein, la future Madame d’Oberkirch ©. Un an plus tôt déjà, il avait écrit une autre comédie dans l’esprit du Sturm und Drang : Der Hofmeister. Dès 1775 aussi, il remit sur pied la Société littéraire fondée par Jean Daniel Salzmann © qu’il appela, selon celle de Gottsched à Leipzig, Deutsche Gesellschaft. En novembre 1775, il fit deux exposés à cette société, l’un sur la nécessité de cultiver la langue allemande en Alsace et dans les régions avoisinantes, l’autre sur les avantages de la langue allemande. Après une pérégrination qui le mena par Weimar, en 1776, où il se brouilla avec Goethe, il revint en Alsace la même année. Le 20. 1. 1778, au beau milieu d’un hiver rigoureux, il fit irruption chez le pasteur Oberlin ©, à Waldersbach. Il était en proie aux premières manifestations de la folie. On l’emmena à Emmendingen, Bade, où il apprit le métier de cordonnier. Ayant retrouvé un équilibre précaire, il se crut en mesure d’accepter un poste de précepteur. Il se rendit à Moscou à cette fin, où il resta jusqu’à sa mort, survenue dans la misère. L. est le héros d’un opéra de Wolfgang Rihm : Jakob Lenz.

L. Tieck, Gesammelte Schriften, Berlin, 1828 ; F. Blei, J.M.R. Lenz, Gesammelte Schriften, Munich-Leipzig, 1910.

J. Froitzheim, Lenz und Cleophe Fiebich von Strassburg, Beiträge zur Landes- und Volkskunde von Elsass-Lothringen, 4. Heft, 1888 ; Sitzmann II, 137 (sous Lentz) ; R. Girard, Lenz 1751-1792. Genèse d’une dramaturgie du tragi-comique, Paris, 1968 ; EA VIII, 1984, p. 4709; J. Keller, Le théosophe alsacien F. R. Saltzmann, Berne, 1985 (index des noms propres).

Jules Keller (1994)