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LEBERT

Famille d’artistes (C) fixée notamment à Colmar au XIXe siècle.

(Ordre de classement) :
1. Marie Bonaventure (1759-1836), dessinateur et graveur
2. Jean-Baptiste (★ v. 1760), dessinateur et graveur
3. Antoine Henri (1794-1862), artiste peintre et dessinateur
4. Jean-Baptiste Romain (1788-1873), dessinateur
5. Joseph Henri (1825-1884), magistrat
6. Edouard Henri (1866-1914), officier.

1. Marie Bonaventure,
dessinateur et graveur (★ Paris 14.10.1759 † Colmar 22.11.1836). Fils de Jean Pierre L., maître de dessin à Paris, et de Marie Thérèse Langevin. ∞ 2 ventôse an II = 20.2.1794 à Thann Marie Anne Grueber (★ Thann 16.10.1761 † Munster 4.5.1826), fille d’Antoine G., conseiller au Magistrat, puis greffier du juge de paix à Thann, et de Barbe Hartmann. Après avoir étudié la peinture à l’académie dirigée par J. M. Vien, le maître de David, L. se perfectionna dans l’art de la gravure en taille-douce auprès de Launay et de Née, dont il devint l’élève. A l’époque où les manufacturiers alsaciens commençaient à recruter des artistes confirmés pour leurs créations de haut de gamme en tissus imprimés, L. se vit proposer d’exercer ses talents au service de la nouvelle fabrique d’indiennes de Thann, alors filiale de la grande manufacture de Wesserling. Il arriva ainsi en Alsace en 1784, accompagné de son frère et sans doute aussi d’un autre artiste parisien recruté à ce moment, l’excellent graveur Jacques Charles Tardieu. Etabli à Thann, L. retourna à Paris de septembre 1788 à août 1790 pour y diriger un atelier de dessin et de gravure en taille-douce, puis revint à Thann où il adhéra en 1791 à la Société des amis de la Constitution. Enfin, en juin 1796, il transféra son domicile à Munster et travailla dès lors au service de la manufacture Soehnée l’aîné et Cie (ancêtre des Ets Hartmann). Outre ses créations destinées à l’impression des cotonnades, L. exécuta divers dessins représentant notamment des vues de Thann à la fin du XVIIIe siècle, et conservés dans le journal de son fils Henri. Retiré à Colmar à la fin de sa vie, L. y fut inhumé.

BMC, Journal de Henri Lebert, vol. 1 ; Thieme-Becker XXII, 1928, p. 502 ; J. Baumann, Marie-Bonaventure Lebert, artiste parisien (1759-1836) et sa contribution à l’iconographie de Thann, ASHTG, 1961-1964, p. 19-26 ; Bénézit VI, p. 505.

2. Jean-Baptiste,
dessinateur et graveur (★ Paris v. 1760). Frère de 1. ∞ 3.1.1787 à Colmar Marie Anne Béatrice Coudre (★ Colmar 29.7.1757), fille de Joseph Henri C., procureur au Conseil souverain d’Alsace, et de Rosine Dreux, veuve en premières noces de N. Seemann, greffier de Neubourg. Formé à Paris dans le dessin d’art et la gravure en taille-douce, il arriva en Alsace en 1784 avec son frère aîné et travailla au service de la manufacture de toiles imprimées de Wesserling, puis des établissements Haussmann au Logelbach près de Colmar. Au début de la Révolution, il rejoignit son frère à la manufacture de Thann ainsi qu’à la Société jacobine de cette ville. En 1796, il reprit du service à Wesserling avant de s’établir finalement comme dessinateur à Mulhouse sous l’Empire.

AMC, RP ; Thieme-Becker XXII, 1928, p. 502 ; J. Baumann, loc. cit. ; Bénézit VI, p. 505 ; J.-M. Schmitt, Aux origines de la révolution industrielle en Alsace, Strasbourg, 1980, p. 252, 257, 269 ; idem, Les artistes à la fabrique, graveurs et dessinateurs au service des Ets Haussmann du Logelbach à la fin du XVIIIe siècle. ASHAC, 1980-1981, p. 118.

Jean-Marie Schmitt (1994)

3. Antoine Henri,
artiste peintre et dessinateur (★ Thann 29 brumaire an III = 19.11.1794 † Colmar 21.9.1862). Fils de 1. » 4.12.1822 à Colmar Marie Rose Meister (★ Guebwiller 27 floréal an IX = 17.5.1801 † Colmar 30.11.1868), fille de Conrad M., notaire à Guebwiller puis à Colmar, et d’Agnès Stem. Elève au collège de Colmar de 1807 à 1809, L. se forma au dessin et à la gravure en taille-douce au contact des artistes et techniciens attachés à la manufacture de toiles imprimées de Munster, au premier rang desquels figuraient son père et le chimiste Georges-Charles Bartholdi ©1. Dès 1810, L. fut admis comme élève-dessinateur à l’atelier de dessin des Ets Soehnée l’Aîné et Cie à Munster, dirigés par le Colmarien André Hartmann © 1. A partir de 1811, il s’essaya dans la peinture à l’huile, qu’il étudia en autodidacte. Travaillant par ailleurs le violon, il devint un interprète fort apprécié dans les cercles privés, et fit l’acquisition d’un Stradivarius en 1818. Passionné de poésie, il rédigea diverses œuvres en vers et des fables restées inédites. Effectuant de fréquents séjours à Paris, il se lia avec des artistes en vue, et surtout le comte Auguste de Sayn-Wittgenstein. Il exposa par ailleurs à plusieurs reprises (1822, 1836, 1848) ses œuvres au Salon des artistes. Spécialisé dans la création des motifs floraux, il fut à l’origine du grand succès des tentures de luxe issues de la manufacture de Munster, qui décorèrent jusqu’aux Tuileries et au cabinet du roi Charles X à Saint-Cloud. Dans le cadre de ses travaux personnels, L., qui avait une prédilection pour les sites vosgiens et les anciens châteaux, exécuta notamment des vues des châteaux de Ribeauvillé, de Hohlandsbourg, du Hagueneck, de Haut-Koenigsbourg, de Kaysersberg. Etabli à Colmar en 1830, il se consacra surtout au dessin, laissant une quantité d’œuvres dans son extraordinaire journal formant 20 volumes in-folio. Il collabora par ailleurs aux Antiquités de l’Alsace, ainsi qu’à la Revue d’Alsace. Le statuaire Auguste Bartholdi © 4 réalisa vers 1860 un buste de L., dont une épreuve d’artiste en plâtre est conservée au Musée Bartholdi.

On a de lui un certain nombre de poésies en allemand et en dialecte haut-rhinois, éparpillées dans les anthologies et revues de la région. Il y en a par exemple dans le Pfeffel-Album (une ballade en allemand, Die Vermählung um Mitternacht auf Störenburg, et deux fables en alsacien, Der Kaiser und das Zündwürmlein, Das Fröschlein und das Wasserblümlein) et dans Neues Elsässer Schatzkästel (une fable en alsacien, ‘s Heuschreckle un ‘s Schneckle). En outre, il a laissé un Journal en 20 volumes in-folio (1794-1856).

AMC, EC ; BMC, Journal de Henri Lebert ; Henri Lebert, peintre de fleurs, Le Glaneur du Haut-Rhin du 28.9.1862 ; L. Spach, Henri Lebert, peintre et dessinateur. L’industrie de l’indienne dans le Haut-Rhin, RA, 1863, p. 385-395 ; H. Lebert, Blumenmaler, Alsatia, 1862-1867, p. 406-408 ; L. Spach, Œuvres choisies, II, Paris-Strasbourg, 1866, p. 445 ; A. Stoeber, Alsatia 1862-1867, Mulhouse, 1868, p. 406-408 ; Meyer ; J. B. Fleurent, Peintres et dessinateurs de Colmar pendant le XIXe siècle, Bulletin de la Société Schongauer à Colmar, 1893-1902, p. 93-94 ; Ch. Foltz, Henri Lebert, père, Souvenirs historiques du Vieux Colmar, Colmar, 1887, p. 390-392 ; Sitzmann II, 123-124 (dates de naissance et de décès erronées); R. Schmitt, Ein Münsterer Zeichner und Kunstmaler, Henri Lebert 1794-1862, Le Nouveau Rhin Français du 4.2.1961; L. Kubler, Il y a cent ans mourait à Colmar Henri Lebert, peintre et poète, Le Nouveau Rhin Français du 21.9.1962 ; R. Schmitt, A travers un journal inédit, Henri Lebert, témoin de son temps (1794-1862), ASHM, 1962, p. 9-64 et 1963, p. 9-103 ; idem, Un grand coureur de montagne du siècle passé : Henri Lebert (1796-1862), ASHM, 1973, p. 21-35 ; Bénézit VI, p. 505 ; R. Schmitt, Visages et silhouettes de la vallée de Munster : peintres, dessinateurs, paysagistes, ASHM, 1978, p. 26-42, portrait ; idem, L’amitié par les liens de l’art. Le comte Auguste de Sayn-Wittgenstein, ami du dessinateur munstérien Henri Lebert, ASHM, 1982, p. 108-112 ; EA VIII, 1984, p. 4681 ; Lotz III, p. 100-101.

Jean-Marie Schmitt et Raymond Matzen (1994)

4. Jean-Baptiste Romain,
dessinateur (★ Wintzenheim-Logelbach 18.8.1788 † Mulhouse 14.4.1873). Fils de 2. ∞ Louise Goecklin. Dessinateur à Mulhouse au XIXe siècle, il œuvra surtout dans la création de dessins pour l’impression sur tissus.

AHR, RP Wintzenheim ; EC Mulhouse.

5. Joseph Henri,
magistrat (★ Colmar 6.7.1825 † Colmar 8.9.1884). Fils de 3. 2.10.1865 à Colmar Adèle Caroline Thaller (★ Husseren-Wesserling 1.9.1843 † Lyon, Rhône, 25.1.1923), fille d’Ignace T., dessinateur, et d’Eugénie Zeller. Etudes secondaires à Colmar, supérieures à la Faculté de Droit de Strasbourg où il obtint la licence. Avocat au barreau de Colmar en 1848, il devint juge suppléant en 1851 puis substitut à Altkirch (juin 1853), Colmar (octobre 1854), Strasbourg (janvier 1859). Nommé procureur impérial, il exerça à Saverne (juin 1861), puis à Sélestat (août 1863), avant d’être nommé juge d’instruction au Tribunal d’instance de Colmar (février 1865). Il démissionna de la magistrature en 1871. Violoniste amateur de talent, L. avait suivi dans sa jeunesse les leçons du professeur Schwaederlé à Strasbourg et de Roberechts à Paris. Lors de ses séjours dans la capitale, il rencontra des sommités littéraires et artistiques, ainsi Victor Hugo, Lamartine, et le violoniste belge Vieuxtemps qui lui prodigua des conseils. A Colmar, passionné par la vie culturelle de la cité, il compta parmi les membres fondateurs de la Société Schongauer (administrant le Musée d’Unterlinden) dont il devint le secrétaire, et contribua à la réorganisation de la Société philharmonique qui en fit son président d’honneur. Actif au sein de la Société d’histoire naturelle de Colmar, il a publié une Notice biographique sur le chimiste Henri Loewel (Bulletin de la Société d’histoire naturelle de Colmar, 1873-1874, p. 491-500) et une Note sur le papillon Apollon observé dans la vallée de Masevaux (ibidem, 1875-1876, p. 165-167). Par ailleurs, membre du conseil d’administration des Hospices civils de Colmar et de la Caisse d’épargne de Colmar, il entra au Conseil municipal le 26.10.1872 mais démissionna le 28.1.1877, à la suite du maire Hercule de Peyerimhoff ©, qui avait préféré se démettre que de se soumettre aux autorités allemandes. Sa fille Marie Amélie Eugénie Jeanne (1872-1957) ∞ l’ingénieur Emile Schwoerer, (C), membre correspondant de l’Institut.

AMC, 66/5, boîte 762 (notice par A. Scherlen) ; G. Kern, Henri Lebert, Colmar, 1885 ; Ch. Foltz, Henri Lebert fils, Souvenirs historiques du Vieux Colmar, Colmar, 1887, p. 392-399 ; Sitzmann II, 124 ; EA VIII, 1984, p. 4681.

6. Edouard Henri,
officier ★ Colmar 15.7.1866 † Kerprich-lès-Dieuze, Moselle, 20.8.1914). Fils de 5. Etudes au lycée de Lyon puis à Saint-Cyr et enfin à l’Ecole de Guerre à Paris. Arrivé au grade de commandant et promis à un bel avenir, il était en garnison à Corte lorsque la Première Guerre mondiale éclata. Envoyé à Lunéville, il fut tué à Kerprich-lès-Dieuze en dirigeant héroïquement une attaque à la tête de ses troupes. Il fut inhumé à Colmar en 1922.

AMC, 66/5, boîte 762 (notice détaillée par A. Scherlen).

Jean-Marie Schmitt (1994)