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LE ROUX

Dynastie d’imprimeurs strasbourgeois, (c).

(Ordre de classement) :

  1. Jean François († 1790), imprimeur
  2. Jacques François (1738-1797), imprimeur
  3. Louis François Hermann (1771-1854), imprimeur
  4. François Hippolyte (1804-1868), imprimeur
  5. Ferdinand Xavier (1805-1892), imprimeur
  6. Xavier Hippolyte (1831-1888), imprimeur.

1. Jean-François,

imprimeur (★ Paris vers 1700-1701 † Strasbourg, St-Pierre-le-Jeune catholique, 13.5.1790). ∞ l 10.9.1730 à Strasbourg, cathédrale, Marie Louise Charot (ou Charost) († Strasbourg, St-Pierre-le-Jeune catholique, 23.5.1758, âgée de 57 ans). ∞ II 29.5.1766 à Haguenau, St-Georges, Marie Louise Perdrix-Servo (★ Haguenau 24.8.1734 † Strasbourg 20.12.1797), fille de Jean François P.-S., garde-magasin d’artillerie, et de Marie Françoise Stecher. Le lieu de naissance de Le R. est connu grâce à l’inscription figurant sur une plaque de cuivre trouvée en 1927 dans les fondations d’une maison de la place de la Cathédrale. Le R. acquit le droit de bourgeoisie le 1.7.1730 (Livre de bourgeoisie III, p. 1376). Le 27.6.1729, il acheta l’imprimerie de Jean Saintlo, membre du Conseil des XV, pour 1000 livres strasbourgeoises (Chambre des Contrats, t. 603, f. 306r-307r). Le 14.7.1729, Le R. obtint le privilège d’imprimeur de l’Evêché. Par lettres patentes du 22.1.1745, Le R. obtint aussi le titre d’imprimeur du roi (selon les notes de F.C. Heitz seulement en 1748). Vers la même époque (?), Le R. aurait acquis par héritage un moulin à papier construit sur l’Aar en 1726. Il l’aurait cédé par la suite à Louis Beyerlé ©, directeur de la monnaie royale de Strasbourg (Livet-Rapp III, 1981, p. 237). De 1761 à 1762, Le R. fut membre du Grand Sénat. Le plus clair de la production de Le R. consista en l’impression d’ouvrages religieux : le Rituale argentinense à partir de 1742, l’Histoire universelle sacrée et profane de Dom Augustin Calmet, qui constitue une des plus belles éditions strasbourgeoises du XVIIIe s. Signalons aussi la publication de Jean Jacques Scheffmacher : Lettres d’un docteur allemand de l’Université catholique de Strasbourg à un gentilhomme protestant sur les six obstacles au salut qui se rencontrent dans la religion luthérienne. Le R. participa en 1748 à l’édition de la Représentation des fêtes données par la ville de Strasbourg pour la convalescence du Roi. Selon F. Barbier, Le R. faisait tourner en 1772 quatre presses et employait cinq ouvriers dans son atelier. De 1786 à 1790, Le R. jouissait aussi du privilège d’imprimeur de la Ville de Strasbourg.

 

Selon les notes de F.C. Heitz © (BNUS, Ms 1728, f. 373-378), L. aurait succédé à la veuve de l’imprimeur Michel Storck et aurait acheté en 1742 l’imprimerie de J.D. Doulsecker fils. Nous n’avons pas trouvé ces deux actes de vente.

  1. Jacques François,

imprimeur (★ Strasbourg, St-Pierre-le-Jeune catholique, 2.3.1738 † 21.4.1797). Fils de 1 et de sa première épouse. ∞ 16.7.1764 à Strasbourg, St-Pierre-le-Jeune catholique, Marie Anne Josèphe Humbourg († Strasbourg 29.12.1802, âgée de 60 ans), fille de Jean François H., huissier, et de Marie Anne Metzger. Membre du Grand Sénat de 1781 à 1782. L’acte de décès de Jacques François Le R. signale comme profession : employé au département. Selon F. Ritter ©, il aurait géré l’imprimerie de 1772 à 1791. Quant à F. Barbier, il mentionne comme successeur de 1 un Jean François II, ce qui semble également une erreur. Selon une note des ABR (Q 5093), Jacques François Le R. émigra en 1791 et sa succession était constituée essentiellement de trois immeubles.

  1. Louis François Hermann,

imprimeur (★ Strasbourg, St-Pierre-le-Jeune catholique, 23.3.1771 † Strasbourg 22.2.1854). Fils de 1 et de sa seconde épouse, ∞(date et lieu introuvables) Marie Madeleine Klein († 21.6.1842, âgée de 67 ans), fille d’André K., garde-magasin, et d’Anne Marie Schultz. Le R. s’initia chez son père à l’art de la typographie. Inscrit sur la liste des suspects, Le R. émigra, selon Ritter, en Allemagne où il continua d’imprimer. De retour à Strasbourg, il obtint de l’évêque Saurine © le brevet d’imprimeur de l’Evêché à l’instar de ses prédécesseurs. L’entreprise atteignit son apogée sous sa direction. Il imprima entre autres : De légitima ecclesiasticorum ordinum susceptione et munerum ecclesiasticorum administratione, 1817 (4 vol.) ; Preces ad usum seminarii episcopalis argentinensis, 1827 ; Philosophie du Christianisme, 1835, de l’abbé Bautain ©; Manuale seu compendium ritualis in usum parochorum et vicariorum, 1853. Il publia en outre des livres de prière et de dévotion ainsi que des ouvrages de controverse religieuse et des livres de chant, dont celui de Louis Feltz ©, Pratique du plain-chant ou manuel du jeune chantre, précédé des principes élémentaires du chant grégorien, 1849. Depuis 1808, Le R. édita aussi le Grand Messager boiteux de Strasbourg, le best-seller de l’époque, qui continue à paraître de nos jours. De 1819 à 1822, Le R. publia le Katholik qui parut par la suite à Spire, puis à Mayence. De 1825 à 1827, il édita le Maikäfer. De 1831 à 1832, il lança un journal trihebdomadaire, le Strassburger Korrespondent für Religion, Recht und Politik pour le compte de Michel Antoine Huder. Mais la tentative se solda par un échec. A l’occasion du quatrième centenaire de l’invention de l’imprimerie, Le R. fit paraître en 1840 un traité consacré à cet art. La même année fut marquée par le lancement du Katholisches Kirchen- und Schulblatt für das Elsass ; puis de 1842 à 1844 parut L’Abeille, petite revue d’Alsace et de Lorraine, journal littéraire, religieux et instructif. A partir de 1847, Le R. publia aussi les Annalen der Verbreitung des Glaubens (Annales de la propagation de la foi).

 

  1. François Hippolyte,

imprimeur (★ Strasbourg 31.5.1804 † 30.4.1868). Fils de 3. Célibataire. Dirigea l’imprimerie de 1854 à 1868. L’enquête ministérielle de 1863 indique que de 50000 exemplaires en 1832, le Messager boiteux passa à 100000 et qu’une édition allemande parut également. Le R. assura lui-même la diffusion du célèbre almanach (lettre du 18.9.1858, ABR, T 39, pièces 221, 224). En 1854, Le R. donna 136448 exemplaires à estampiller. A partir de 1857, il imprima et diffusa le Volksfreund (L’Ami du Peuple) qui continue à paraître. L’impressionnante série de publications sorties des presses de Le R. fut suivie à partir de 1860 par deux nouveaux périodiques : la Revue catholique et le Moniteur commercial et industriel dont le propriétaire et éditeur fut un certain Dietrich Mathieu Kieffer.

 

  1. Ferdinand Xavier,

imprimeur (★ Strasbourg 20.12.1805 † 20.10.1892). Frère de 4. ★ ∞ à Strasbourg Marie Madeleine Thomm (★ 5.6.1802 † 8.2.1849), fille de Jacques T., perruquier, et de Marie Madeleine Hoeffler. Selon F. Ritter, Le R. fut chef de l’entreprise de 1875 à 1892 en même temps que son fils Xavier Hippolyte © 6 (1874-1887). Avec Ferdinand Xavier Le R. s’éteint le nom Le Roux comme imprimeurs-éditeurs.

  1. Xavier Hippolyte,

imprimeur (★ Strasbourg 16.7.1831 † 29.2.1888). Fils de 5. ∞ l 28.10.1856 à Strasbourg Caroline Wilhelmine Louise Meyer (★ 4.2.1834 † 2.3.1861), fille de Louis M., capitaine en retraite et chevalier de la Légion d’honneur, et de Sybille Hoffmann. ∞ II 7.10.1867 à Strasbourg Gabrielle Valérie Catherine Meyer (★ Souffelweyersheim 2.9.1847 † Strasbourg 13.1.1873), fille de François M., instituteur, et de Pauline Catherine Gillot. Dans une lettre datée du 3.11.1881, adressée à F. Gloeckner à Heiligenstein et conservée dans le dossier F.Ch. Heitz (BNUS, Ms 1728, f. 378), Xavier Hippolyte Le R. fait l’historique de la maison Le R. comme suit : l’imprimerie Le R. a été fondée en 1743 par Jean François Le R. ; en 1802, le fils succéda à Hermann Louis jusqu’en 1854 ; depuis, l’entreprise continua d’exister sous la raison sociale Le Roux, Fils et alliés. Certaines publications de Le R., par ex. L’Abeille, ont parfois une incidence directe sur les affrontements politico-religieux. Cependant, «malgré le don passionnel que fréquemment prennent les débats», l’imprimerie Le R. réussit à occuper un créneau de premier plan parmi les imprimeries strasbourgeoises de la deuxième moitié du XVIIIe s. et au XIXe s. L’ampleur du succès du Grand Messager boiteux et de la presse périodique expliquent peut-être que la maison Le R. ne se soit jamais «lancée dans une politique réelle d’édition littéraire ou scientifique» avant la deuxième moitié du XXe siècle.

 

F. Ritter, Une vieille maison strasbourgeoise d’imprimeurs-éditeurs et libraires F.X. Leroux, Gutenberg-Jahrbuch, 1954, p. 254-260 ; F. Barbier, Le monde du livre à Strasbourg de la fin de l’ancien régime à la chute de l’Alsace française, thèse de 3e cycle, Paris, 1980, p. 152-158, multigr.

François Joseph Fuchs (1995)