Skip to main content

LE CORBUSIER Charles Edouard Jeanneret dit

Architecte, peintre, plasticien (? La Chaux-de- Fonds 6.10.1887 † Roquebrune Cap Martin 27.8.1965). ? 18.12.1930 à Toulon Yvonne Gallis. Sa formation fut celle d’un autodidacte complétée par des voyages et par des stages chez A. Perret à Paris (1908) et P. Behrens, à Berlin (1910). Il réalisa ses premiers essais en Suisse, avant de se faire connaître à partir de 1922, par une série de constructions en France. Bien que souvent contesté, voire détesté, L.C. n’en fut pas moins, avec Gropius ou Wright, l’un des fondateurs de l’architecture moderne et peut-être même le plus grand architecte du XXe siècle dont l’œuvre se trouve dispersée entre de nombreux et lointains pays. Elle faillit aussi être bien représentée en Alsace.

Malheureusement, les relations entre cette région et le célèbre architecte se traduisirent surtout par des rendez-vous manqués. C’est au cours de ses voyages d’études en Europe que L.C. découvrit, en 1908 et en 1914, Strasbourg et sa cathédrale qui l’a «fortement saisi», « parce que elle est bien la plus belle que je connaisse », écrivit-il. En 1915, travaillant d’après des documents de la Bibliothèque Nationale de Paris, il redessina un plan de la cathédrale et de son quartier. En juillet 1923, il participa au Congrès international d’urbanisme organisé à Strasbourg, au cours duquel il prononça la deuxième conférence de sa carrière sur « Le centre des grandes villes ».

En 1924, le maire J. Peirotes © lança un concours pour un plan d’extension de Strasbourg. Les 22 concurrents désignèrent L.C. comme membre élu du jury. En 1951, le ministère de la reconstruction organisa un autre concours, pour la construction, dans le quartier Rotterdam, de 800 logements et d’une école sur 6 ha. 24 projets furent présentés ; celui de L.C. qui comportait 120 m de plans n’obtint que le quatrième prix. En 1960 enfin, l’architecte reçut l’une des seules commandes officielles dont il bénéficia. Encore fut-elle modeste ; il s’agissait d’édifier les constructions liées à l’écluse Kembs-Niffer qui devait assurer la liaison du canal de Huningue avec le grand canal d’Alsace et qui fut à l’origine de la liaison Rhin-Rhône. Le poste de commande et le bâtiment administratif, élevés selon les plans de L.C., furent inaugurés en 1961. La même année, on prit conscience de la nécessité, pour Strasbourg, de disposer d’un édifice pour accueillir les nombreux congrès qui s’y tenaient. Peut-être sur la suggestion de Germain Muller ©, Pierre Pflimlin © a sollicité L.C. en mars pour un projet de palais des congrès et de la musique. L’architecte se mit au travail en liaison avec une équipe strasbourgeoise dont les membres eurent une perception contradictoire de sa personnalité. L’adjoint Robert Heitz © le jugea extravagant, verbeux, égocentrique et vindicatif, alors qu’Edmond Maennel, chef du service d’urbanisme, vit en lui « un grand seigneur… calme, affable, attentif… tout son être respirant la noblesse ». L.C. proposa des plans dès 1962 et fournit une maquette (conservée dans les musées) en 1964. Il mourut l’année suivante et la ville dut renoncer à la réalisation de son projet dont le coût dépassait de loin ses moyens, se privant ainsi de ce qui aurait été le dernier chef d’œuvre du génial architecte.

Thieme Becker, 22, 1928, p. 528-529 ; H. Vollmer, Allgem. Lex. der Bild. Künstler des XX. Jahrh., 3, Leipzig, 1956, p. 195-196 ; Künstler-Lex. der Schweiz, XX. Jahrh., l-ll, 1963-1967, p. 560- 566 ; St. von Moos, Le Corbusier. L’architecte et son mythe. Paris, 1971 ; R. Heitz, Vues cavalières, Strasbourg, 1972, p. 183-185 ; Le Corbusier et l’Alsace, La maison d’Alsace, 18, 1979, p. 23-25 ; Le Corbusier, Europe et Modernité, dir. G. Gerosa et St-Jonas, Budapest, 1991, p. 150-171 ; Le Corbusier, œuvres complètes, éd. W. Boesiger, Zurich, 1995, V, p.102-111, VII, p. 152-163, VIII, p. 44-47 ; Canton de Sierentz (Images du Patrimoine n° 155), Eckbolsheim, 1996, p. 155 ; J.L. Cohen, Le Corbusier, Köln, 2004 ; idem, La planète comme chantier, Paris, 2005; T. Benton, Le Corbusier conférencier, Paris, 2007.

Roger Lehni (2008)