Skip to main content

LAPPARENT Jacques COCHON de

Professeur d’université, minéralogiste, pétrographe, (C) (★ Paris 5.4.1883 † Paris 18.5.1948).

Descendant du comte Charles Cochon de L., qui siégea à la Constituante et à la Convention, fut ministre de la Police en 1796, puis préfet et sénateur. Fils d’Albert de L. (★ Bourges 1839 † Paris 1908), géologue et géographe, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, et de Lucie Chenest. ∞ 1.10.1906 à Paris VIe Marcelle Sainte-Claire-Deville, (C) (★ Paris 12.7.1885 † Paris 24.2.1976), fille d’Emile Ste-C.-D., directeur du Gaz de Paris, et petite-fille du géologue Charles Ste-C.-D. et du chimiste Henri Ste-C.-D., auteur du premier procédé de préparation industrielle de l’aluminium en 1854, tous deux membres de l’Académie des Sciences; 10 enfants.

Après des études secondaires chez les Jésuites et une année de mathématiques spéciales au lycée Janson de Sailly, L. obtint en Sorbonne, à l’âge de 20 ans, la licence de sciences physiques et naturelles. Sa réussite fut dès lors rapide et brillante. Pris dès 1903 comme préparateur par le minéralogiste Frédéric Wallerant, il obtint en 1909 son doctorat d’Etat et fut appelé à l’Ecole des Mines comme chef de travaux. Nommé maître de conférences à Lille en 1913, il fut mobilisé l’année suivante. Libéré à la naissance du sixième de ses dix enfants, il trouva temporairement asile dans le laboratoire de Lucien Cayeux au Collège de France. Après la victoire de 1918, il fit partie de l’équipe de scientifiques chargée par le Gouvernement de la réorganisation de l’Université de Strasbourg. Il y occupa, dès 1919, la chaire de pétrographie créée pour lui. A la mort de Georges Friedel, il devint titulaire de la chaire de minéralogie et de pétrographie qu’il conserva jusqu’en janvier 1947. A cette date, il fut nommé à la Sorbonne où il enseigna la pétrographie, tout en continuant à l’Ecole centrale les cours dont il avait été chargé pendant les années de guerre. Dès son arrivée à Strasbourg, il contribua à l’organisation de cours populaires de langue française. Il fonda dans ce cadre une troupe de théâtre. Il passa à Strasbourg les vingt années les plus brillantes et les plus fécondes de sa carrière. Il y développa des travaux sur les roches sédimentaires, domaine que lui avait fait découvrir L. Cayeux. Ces recherches prirent ainsi le pas sur l’étude des roches éruptives qu’il avait poursuivie à la suite de sa thèse sur les porphyroïdes; celle-ci lui avait permis de déterminer les conditions de l’albitisation (enrichissement en soude) très précoce de certaines roches éruptives.

De ses premières années à Strasbourg (1923) datent ses Leçons de pétrographie où il montra ce que le microscope peut enseigner sur l’histoire de la terre. Elles contribuèrent à faire de lui un scientifique de réputation mondiale. Dans le domaine de l’étude des phénomènes d’altération de surface qui aboutissent suivant les climats à des produits alumineux tels que les bauxites ou tout simplement aux multiples catégories d’argiles, son œuvre est capitale. Il montra en effet qu’il existe à travers le monde trois sortes de bauxites, caractérisées chacune par une forme particulière d’hydroxyde d’aluminium : les bauxites à gibbsite, les bauxites à diaspore et les bauxites à boehmite qu’il réussit à mettre en évidence. Vers 1930, il joua un rôle pionnier dans l’utilisation des radiogrammes d’argiles grâce auxquels on put mettre en évidence des espèces mal identifiées jusque-là. Le premier, il montra que les différentes argiles pouvaient s’ordonner autour de quatre types : kaolinite, montmorillonite, bravaisite et attapulgite. De santé précaire depuis son séjour forcé en Algérie où il avait été bloqué par les événements de 1942, il disparut prématurément alors qu’il travaillait à un ouvrage général, destiné à remplacer ses Leçons de pétrographie. Membre correspondant de la Section de minéralogie de l’Académie des Sciences depuis 1936. Il avait obtenu le prix Gosselet (Société des Sciences, Lille), le prix Victor Raulin et le prix Bordin (Académie des Sciences, Paris), le prix Saintour (Collège de France) et en 1939, le prix Prestwich (Société géologique de France). L. fit deux communications sur ses découvertes lors de congrès tenus à Paris : en 1935, au Congrès international des mines, de la métallurgie et de la géologie appliquée et en 1937, au Deuxième Congrès mondial du pétrole. Officier de l’Instruction publique. En plus des Leçons de pétrographie, Paris, 1923, 501 p., 120 fig., 28 pl. hors texte, il publia plus d’une centaine d’articles dans des revues tant françaises qu’étrangères.

R. J. Hocart, Obituaries, Prof. Jacques de Lapparent, Nature (Londres), t. 162, 1948, p. 134-135; C. Jacob, Notice nécrologique sur M. Jacques de Lapparent, C. R. des séances de l’Académie des Sciences 226, n° 24, Paris, 1948, p. 1933-1935; J. Jung, Jacques de Lapparent, 1883-1948, Bulletin de la Société géologique de France 19, 1949, p. 343-354 avec photo et bibliographie exhaustive; Biographisch-literarisches Handwörterbuch der exakten Naturwissenschaften, Vllb-5, Berlin, 1974, p. 2727-2728. Iconographie: un portrait de L. exécuté par le peintre strasbourgeois Martin Hubrecht © se trouve à Paris dans une collection particulière.

Monique Schaub-Faller (1994)