Bénédictin, chroniqueur, humaniste, (C) (★ Zwickau, Saxe, vers 1470 † Bosau près Zeitz, district de Halle, après 1536).
Fils de Georg L., de Nuremberg, et d’Elisabeth N. Entré en 1487 au monastère bénédictin de Bosau, L. devint bibliothécaire, entreprit des recherches historiques et s’ouvrit à l’humanisme. Conscient de la nécessité urgente d’une réforme profonde de l’Eglise, il pencha d’abord en faveur de Martin Luther, mais il se détacha de lui et se tourna même contre lui à partir de 1520, lorsque le réformateur rompit avec Rome. Quand Jacob Wimpheling ©, dans son opuscule De integritate, Strasbourg, 1505, mit en doute la prétendue culture historique et humaniste dans les cloîtres, L. releva le défi dans un pamphlet, où il prit la défense et fit l’éloge de la tradition scientifique et littéraire en honneur dans les monastères. En 1513, il correspondit avec Sebastian Brant © au sujet de la controverse sur l’immaculée Conception de la Vierge Marie. En 1516, il vint personnellement à Strasbourg, où Brant l’introduisit dans les cercles humanistes, et visita diverses abbayes alsaciennes à la recherche de documents pour compléter les ouvrages historiques de Johannes Trithemius, abbé de Saint-Jacques à Wurtzbourg (t 1516), dont il fut le collaborateur et le secrétaire. Au milieu et vers la fin de sa vie, L. composa une chronique de la ville de Zeitz (de 968 à 1515) et une autre de l’Eglise de Naumburg (de 968 à 1536) : il y aborda des problèmes fondamentaux de l’Eglise médiévale et toucha occasionnellement l’actualité contemporaine de la préréforme humaniste, de la Réforme protestante et de la Contre-Réforme catholique, incidemment aussi en Alsace. Ses poèmes humanistes et ses œuvres historiques ne sont pas exempts d’un certain pédantisme. Mais si L. ne mérite pas les louanges excessives que Trithemius lui décerna, les sarcasmes railleurs qu’U. von Hutten © dans les Epîtres des hommes obscurs (Epistolae obscurorum virorum), Haguenau, 1515, lui décocha dépassent également la mesure. L. fut un honnête compilateur, parfois dépourvu de sens historique, et un piètre versificateur sans génie particulier. Par sa médiocrité même, il reflète la mentalité commune, l’ambiguïté générale et la crise spirituelle de son temps.
Contra deliramenta Jacobi Wimpfelingii (1509), connu aussi sous le titre Opusculum bipartitum ad omnium claustralium laudem et defensionem, inédit, Ms à la Bibliothèque universitaire de Wurtzbourg, analysé par J. Schlecht, Zu Wimphelings Fehden mit Jakob Locher und Paul Lang, Festgabe Karl Theodor von Heigel, Munich, 1903, p. 236-265 ; Chronicon Citicense, éd. par J. Pistorius et B. G. Struve, Rerum germanicarum scriptores, I, 1731, p. 1120-1291 ; Chronicon Naumburgensis Ecclesiae, éd. par J. B. Mencke, Scriptores rerum germanicarum praecipue saxonicarum, II, 1728, p. 1-102.
ADB XVII, 1883, p. 614-617 ; Ch. Schmidt, Histoire littéraire de l’Alsace, I, Paris, 1879, p. 225-226 ; J. Knepper, Jakob Wimpfeling (1450-1528). Sein Leben und seine Werke, Fribourg/Br., 1902, passim ; LThK VI, 2e éd., 1961, c. 783 ; Jakob Wimpfelings Adolescentia, éd. par F. J. Worstbrock et O. Herding, Munich, 1965, p. 67, 143 ; NDB XIII, 1982, p. 543-544.
René Bornert (1994)