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LANDWERLIN Octave Casimir Louis Joseph

Libraire, directeur d’une galerie d’art, (C) (★ Haguenau 13.3.1917 † Colmar 17.2.1980).

Fils d’Emile L. (★ Bollwiller 16.4.1887 † Haguenau 28.4.1955), receveur des postes, et d’Octavie Emilie Joséphine Meyer (★ Haguenau 21.7.1893 † Haguenau 29.5.1972). Célibataire. Etudes secondaires au lycée Bartholdi à Colmar. Employé à la librairie Alsatia de Colmar. Mobilisé en 1939 : campagne de France. Evadé d’Alsace en 1942, il gagna le maquis de Savoie (bataillon Mulhouse). Entre autres opérations : reddition d’Albertville (dont il fut un des acteurs principaux) et libération d’Annecy. Puis campagne d’Alsace comme lieutenant de la Brigade Alsace-Lorraine (notamment opérations sur le front sud de Strasbourg). Termina la guerre à Berlin comme officier d’ordonnance du général de Monsabert. Après la fin de la guerre, L. ouvrit à Strasbourg sa propre librairie dans un baraquement situé au n° 16, rue des Serruriers. Il se spécialisa dès cette époque dans les alsatiques et les livres d’art. Premières expositions bien modestes, étant donné l’exiguïté des lieux. L’art traditionnel y alternait avec les formes d’expression contemporaines. Collaboration avec la galerie parisienne Jeanne Bûcher. En 1951, L. transféra sa librairie au n° 6, rue Brûlée et devint gérant libre de la Maison d’art alsacienne, émanation de l’Association des artistes indépendants d’Alsace (AIDA) récemment réorganisée. La galerie servait alternativement?aux expositions de l’association et à celles du gérant. L’action que mena L. pour le développement et la connaissance artistique donna rapidement un rayonnement considérable à la galerie et à son animateur. En 1964, L. installa sa librairie et sa propre galerie d’art au n° 22, rue des Frères. A partir de cette époque, il donna la pleine mesure de ses qualités d’animateur incomparable non seulement dans le domaine des arts plastiques, mais dans celui de l’archéologie, de la conservation et de la protection des œuvres d’art et de la culture régionale. Sa réputation d’expert en œuvres d’art débordait largement Strasbourg et la région. C’est d’abord et avant tout au patrimoine artistique de l’Alsace que L. consacrait son activité intellectuelle et ses qualités de cœur et d’esprit. L’énumération complète des opérations, dont il fut l’animateur ou l’initiateur durant cette période particulièrement féconde serait fort longue, depuis les fouilles au château de Schoeneck, Bas-Rhin, en 1965 jusqu’au couronnement de sa carrière, la création du Musée du vin d’Alsace au château de Kientzheim inauguré un an après sa disparition. Il convient cependant de citer particulièrement les cinq campagnes de fouilles conduites par L. de 1966 à 1971 sur le site de l’abbaye cistercienne de Koenigsbruck, commune de Leutenheim, les fouilles menées avec un groupe d’amis rue des Francs-Bourgeois à Strasbourg en 1969, et les recherches et initiatives qui devaient conduire à la restauration de la chapelle du Holzbad près de Westhouse. Encouragé par le succès rencontré par une série d’expositions d’objets d’art et d’artisanat régional organisées dans sa galerie, L., qui était déjà l’un des animateurs les plus écoutés des Amis du Vieux Strasbourg, fonda l’Association pour la sauvegarde de la maison alsacienne dans le Bas-Rhin. Il multiplia dès lors les initiatives et les actions pour la conservation et la mise en valeur d’édifices et d’œuvres d’art, mettant en œuvre les ressources d’une solide argumentation scientifique et un talent de persuasion incomparable. Associé à l’élaboration de la brochure N’abîmons pas l’Alsace, il avait le souci de mobiliser les esprits et les cœurs autour de son idéal culturel, entraînant dans son sillage nombre de jeunes et de moins jeunes. Il mena ainsi campagne contre le tracé d’une route entre la vallée de Munster et celle de Guebwiller par le Petit-Ballon. Il soutenait et encourageait les talents artistiques qu’il avait découverts et qu’il cherchait à faire connaître. Sa disparition prématurée coupa court à une vaste action entreprise par lui pour la mise en valeur du quartier «entre cathédrale et St-Etienne». Mais l’horizon de L. ne se limitait ni à sa région, ni à sa patrie, ni au seul domaine culturel. C’est ainsi qu’il multiplia les démarches auprès des plus hautes autorités françaises et étrangères pour que soient sauvegardées les œuvres d’art menacées par les opérations de guerre au Viêtnam et au Liban. Il mena également campagne pour un élargissement des dispositions de la convention internationale du 14.5.1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé. Dans toutes ces démarches, la protection de la vie humaine était étroitement liée dans son esprit à celle des biens culturels. L’homme sensible aux beautés de l’art et de la nature rejoignait là le chrétien profondément attaché à sa foi et au respect des valeurs spirituelles.

L. a rédigé les préfaces des catalogues de la plupart des expositions organisées dans sa galerie. Il était l’un des principaux rédacteurs du recueil paru en 1978 sur La brigade indépendante Alsace-Lorraine.

DNA du 19.2.1980 ; P. Bockel, Un ami s’en va, Octave Landwerlin, Gazette du centre-ville, 1980, n° 1, p. 15 ; J. Christian, Disparition subite d’Octave Landwerlin, SA 71, 1980 (Journal des saisons) ; idem, Un foyer d’amitié a disparu avec Octave Landwerlin, Présence de Strasbourg 65, 1980, p. 34-35 (portrait) ; F. Coltat, Il y a 5 ans disparaissait Octave Landwerlin, DNA du 24.2.1985 ; J. Granier, Octave Landwerlin, DNA du 17.2.1990.

Robert Weirich (1994)