Architecte, maître d’œuvre de la cathédrale de Strasbourg (★ ? †1509).
D’origine bavaroise, il pourrait être le fils d’Ulrich Iserecker, architecte de Landshut et l’oncle de l’architecte Benedikt Ried. ∞ I Anna († 1495). ∞ II avant 1501 Kunigunde († 1503), «des Scherer Hans dritten Tochter von Offenburg ». ∞ III Katharina Klein, fille de Martzolf K. Les années de formation demeurent obscures. Avant d’être nommé à Strasbourg, il a peut-être construit l’église de Hernsheim près de Worms où l’on trouve sa marque, deux équerres barrées d’une troisième. Tout ce qu’on sait de son activité à Strasbourg repose principalement sur les sources publiées par F. X. Kraus © en 1876. L’inscription qui se trouvait sur sa pierre tombale nous a été transmise en deux versions divergentes : selon celle fournie par Ph. A. Grandidier ©, il aurait été maître d’œuvre à Strasbourg en 1495 et serait mort la même année. Selon le texte rapporté par Heckler ©, il aurait été maître d’œuvre dès 1492 et serait décédé en 1509. Sans doute J. v. L. était-il venu à Strasbourg dès 1492 et fut nommé officiellement maître d’œuvre en 1495, date à partir de laquelle il travailla à la chapelle St-Laurent, achevée en 1505 selon le millésime inscrit sur le linteau à côté de la marque du maître d’œuvre. Il aurait ainsi succédé à Hans Hammer © après son départ pour Saverne. Le Musée de l’Œuvre Notre-Dame conserve un projet dessiné de la façade de St-Laurent, signé du monogramme de J. v. L. Mais l’exécution dépasse le modèle en hardiesse et en originalité, notamment au niveau du baldaquin surmontant le portail d’entrée. On retrouve sur le baldaquin «plissé» les arcs en encorbellement de St-Martin de Landshut, ainsi que les départs entrecroisés des arcs intérieurs. Le programme iconographique du portail diffère cependant de celui qui fut finalement réalisé : les statues de saints sur les deux contreforts flanquant le portail ont été remplacées par les Rois Mages, du côté de la Vierge, par des saints masculins, sur le côté opposé. En outre, le tympan a été surhaussé. Par la surcharge et la virtuosité de son décor, cette façade constitue à Strasbourg le chef-d’œuvre de l’art flamboyant. Parmi les travaux qu’on peut qualifier de secondaires réalisés par J. v. L., il y a lieu de citer : le renouvellement de la voûte de l’horloge (das gewelb daruff das orley stat) (1495), la tourelle de la cloche qui sonne les heures (das thurmelin vff die schlagglock versetzf) (1496), détruite lors d’une tempête en 1533 et la balustrade de la?toiture de la chapelle Ste-Catherine (1506). On ignore de quels travaux s’occupa J. v. L. entre 1506 et 1509. Signalons encore qu’en 1496 il avait été appelé à Bâle pour une expertise de la tour de la cathédrale.
F.X. Kraus, Kunst und Alterthum im Unter-Elsass, Strasbourg, 1876, p. 404-405, 700 ; Sitzmann II, 99 ; Thieme-Becker XVIII, 1925, p. 237 ; F.W. Fischer, Die spätgotische Kirchenbaukunst am Mittelrhein, Heidelberg, 1962, p. 144 et s. ; H. Reinhardt, La cathédrale de Strasbourg, Grenoble, 1972, p. 27, 92 ; R. Lehni, La cathédrale de Strasbourg, Colmar-Ingersheim, 1978, p. 27 ; D. Harster, L’architecture du portail Saint-Laurent de la cathédrale de Strasbourg, Bulletin de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg, 1980, p. 21-39 ; Livet-Rapp II, 1981, p. 573, 574, 589 ; B. Schock-Werner, Das Strassburger Münster im 15. Jh., Cologne, 1983, p. 200-213 ; EA VIII, 1984, p. 4630-4631 ; R. Recht, Nicolas de Leyde et la sculpture à Strasbourg 1460-1525, Strasbourg, 1987, p. 242.
François Joseph Fuchs (1994)