Religieux bénédictin, (C) (★ Strasbourg, 17.3.1842 † Aoste, Italie, 15.6.1903).
Fils de Charles L., propriétaire-négociant, et de Mathilde Fournier. Il commença ses classes au petit séminaire St-Louis de Strasbourg et les poursuivit au collège St-Arbogast de la même ville. En octobre 1866, il suivit des études de philosophie au séminaire St-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux, puis des études de théologie au séminaire français de Rome en 1869. Rentré la même année en Alsace, il fit paraître le 23.8.1869 une Lettre d’un catholique aux pasteurs protestants à propos d’un prochain concile œcuménique dans laquelle il exposa le désir du pape de mettre fin au schisme séparant les deux confessions, ce qui lui valut les foudres du pasteur Schaeffer. Entré chez les Dominicains de Flavigny, il fut ordonné le 24.9.1870 dans le diocèse de Dijon, puis fut aumônier du Carmel de Dijon de 1870 à 1877. A cette époque, il publia plusieurs études d’astronomie dans le Cosmos, les Mémoires de la société éduenne et les Mémoires de l’académie de Savoie. Se sentant appelé à la vie religieuse consacrée, il entra le 15.10.1877 au monastère bénédictin de Mariastein, alors réfugié à Delle, où il fit profession en 1878 et prit le nom de dom Mayeul. Autorisé par l’abbé à fonder un nouveau monastère, il établit une communauté à Grignon, Côte-d’Or, en 1879 et y installa un observatoire astronomique et une station météorologique. En 1881, il rencontra le Statthalter à Strasbourg, peut-être pour négocier l’implantation d’une communauté bénédictine, mais l’entrevue ne fut suivie d’aucun effet. En 1882, il revint en Alsace pour prêcher aux bénédictines de Rosheim. En 1888, il acheta une maison et une chapelle à Cluny ; lui-même y résida désormais, portant le titre de prieur majeur de Cluny et souhaitant restaurer la vie contemplative dans les ruines de l’ancienne abbaye. Dès 1896, la fondation de Cluny dut être abandonnée, car L. se heurta à de nombreuses difficultés, les abbés de Beuron, Bade-Wurtemberg, et de Solesmes empêchant la reconnaissance officielle par Rome de la restauration de l’abbaye. En octobre 1901, les moines durent quitter la France et se réfugièrent à Aoste. Six moines accompagnèrent le fondateur, dont quatre Alsaciens, Eugène Siffert, Eugène Engasser ©, Joseph Demoulin et François Jehl. Par la mort de L., l’oeuvre encore précaire fut définitivement compromise.
L’œuvre écrite de L. est importante ; il a publié de nombreuses études de sciences naturelles, d’astronomie, d’histoire et de théologie dans les revues qu’il avait fondées, comme Echos de Cluny, Monologium duniacense ou Prosologium cluniacense. En 1924, un de ses disciples fit paraître ses écrits spirituels sous le titre Sur la terre comme au ciel.
E. Jehl, Le révérend dom Mayeul Lamey, prieur majeur de Cluny, Le duché d’Aoste du 24.6.1903 ; A.M.P. Ingold, Dom Mayeul Lamey, Colmar, 1907 ; Sitzmann II, 95-96 ; E. Goutay, Un moine au XXe siècle : dom Mayeul Lamey, Fribourg, 1911 ; C. Chachuat, Un essai de rénovation de l’ordre bénédictin à Cluny, Annales de Bourgogne 29, 1957, p. 189-198 ; L. Gabioud, Un essai de fondation religieuse à Aoste, restauration de l’ordre de Cluny, Bulletin de l’académie Saint-Anselme (Aoste) 21, 1958, p. 71-78 ; J. Chaussy, Dom Mayeul Lamey, Revue Mabillon 59, 1979, n° 276, p. 321-323 ; J. P. Blatz, Bénédictins alsaciens (1801-1945), AEA 41, 1982, p. 242, 254 ; EA VIII, 1984, p. 4609 ; Cl. Muller, Dieu est catholique et alsacien. La vitalité du diocèse de Strasbourg au XIXe siècle, Strasbourg, 1986, p. 570, 696 ; DMRA, p. 253.
Claude Muller (1994)