Astronome, (★ Cirey-lès-Nolay (Côte-d’Or) 29. 9. 1904 † Paris 24. 3. 1978.).
L. fit ses études à l’Université de Strasbourg. En 1927, il fut classé second au concours national d’Agrégé en Sciences Physiques. Deux ans auparavant, il avait été engagé comme assistant à l’Observatoire de Strasbourg, alors dirigé par Ernest Esclangon. Il y fit la connaissance d’André Danjon et de Gilbert Rougier. Après une année passée dans l’enseignement au Lycée de Haguenau (1927-1928), et malgré d’autres sollicitations, il débuta le 21. 7. 1928 comme aide-astronome à l’Observatoire. Il fut promu Astronome Adjoint le 1. 1. 1938 à Strasbourg toujours, puis fut officiellement transféré à l’Observatoire de Paris au 1. 8. 1943 où il devint astronome titulaire en 1953. Il se retira de la vie active en 1974. Dès son intégration à l’Observatoire de Strasbourg, L. prit une part active à la préparation d’une expédition pour l’observation, le 9. 5. 1929, d’une éclipse totale de Soleil à Poulo Condore (avec Danjon?et Rougier). Il y obtint les premières photographies infrarouges de la couronne solaire. Ses mesures microphotométriques confirmèrent l’existence de la couronne blanche qu’il décrivit dès cette époque comme un plasma. L. s’était en effet rapidement intéressé à la photométrie photographique dans le proche infrarouge, un domaine dont il pressentait le développement. Les conseils de Danjon et de Rougier lui firent envisager une instrumentation basée sur l’effet photoélectrique et visant à raccourcir les temps d’exposition nécessités par les objets astronomiques de faible luminosité. Le «télescope électronique» (selon un terme utilisé alors par comparaison au microscope électronique qui venait de faire ses preuves) prit forme, selon ce que conta un jour Lallemand à l’un de ses collaborateurs, «en 1934 dans un train entre Strasbourg et Paris». Il allait bientôt s’appeler «caméra Lallemand». Les premiers résultats furent annoncés en 1935 dans une note présentée par Esclangon © à l’Académie des Sciences sur les applications de l’optique électronique (focalisation magnétique des photons) à la photographie. Deux ans plus tard, les premiers résultats expérimentaux furent entièrement concluants. En 1939, il construisit le premier appareil opérationnel. Interrompus par la seconde guerre mondiale, les essais reprirent en 1949 et des photographies électroniques satisfaisantes furent obtenues dans le courant des années cinquante, résultats reconnus et appréciés ensuite hors de France. La virtuosité instrumentale de Lallemand (Danjon 1960) s’appliqua à bien d’autres domaines: installation d’une station d’aluminure de miroirs de télescopes dès 1936 à Strasbourg, dont il équipa aussi plus tard l’Institut d’Astrophysique de Paris et l’Observatoire de Haute Provence; développement de relais électroniques pour l’enregistrement du temps sur des chronographes imprimants ; amélioration de la stabilité des horloges fondamentales ; etc. Durant la seconde guerre mondiale, il s’employa, avec le futur Prix Nobel Louis Néel (1904-2000) qu’il avait fréquenté à Strasbourg, à équiper efficacement les navires chargés de la neutralisation des mines magnétiques. Il s’attaqua aussi aux problèmes de la détection des radiations de faible intensité. Lallemand conserva des contacts avec la marine et des services de celle-ci furent, à l’issue du conflit, affectés l’Observatoire de Paris. En 1952, Lallemand fut nommé conseiller scientifique de la Marine Nationale, avec rang d’ingénieur Général. Ayant été nommé Professeur au Collège de France en 1951 pour la chaire des Méthodes Physiques de l’Astronomie, il déclarait lors de sa leçon inaugurale : « Si on me demandait pourquoi je me suis engagé ici à traiter des méthodes physiques de l’astronomie, je répondrais simplement : c’est parce que j’aime la physique et que je suis astronome ». Pour développer, en collaboration avec d’autres, d’autres caméras d’une sensibilité cent fois meilleure que les plaques photographiques les plus rapides alors, il reprit selon ses propres termes « les idées directrices suivies à Strasbourg qui l’avaient conduit à des résultats », rendant la méthode plus efficace et plus facile à utiliser et éliminant des effets secondaires, notamment encore en consultation avec Néel.
A. Danjon, Rapport sur les Titres de M. André Lallemand, Archives Acad. Sciences, Paris, 1960 ; S. Débarbat, Strasbourg Observatory : A Breeding Place for French Astronomical Instrumentation in the 20th Century, in The Multinational History of Strasbourg Astronomical Observatory, Dordrecht, 2005, p. 133-151 ; A. Heck, Strasbourg Astronomical Observatory and its Multinational History, in The Multinational History of Strasbourg Astronomical Observatory, Dordrecht, p. 1 -61, 2005 ; G.E. Kron, An Image-Tube Experiment at Lick Observatory, Publ. Astron. Soc. Pacific 71, 1959, p. 386-387 ; A. Lallemand, Notice sur les Titres et Travaux Scientifiques, Archives Acad. Sciences, Paris, 1960.
André Heck (2006)