Professeur d’astronomie, directeur de l’Observatoire de Strasbourg, doyen de faculté, (C) (★ Dijon 12.1.1906 † La Verrière, Yvelines, 14.1.1993, inhumé à Vic-des-Prés, Côte-d’Or).
Fils de Lucien Lacroute directeur de la manufacture des Tabacs de Dijon, et de Marguerite Hurion. ∞ Marie-Madeleine Jubert († 1982) ; 3 fils et 5 filles. Élève de l’École normale supérieure en 1925 d’où il sortit agrégé en physique en 1929. Après son service militaire, il fut boursier de recherche (bourse Commercy) de 1930 à 1932, puis boursier de la Caisse nationale de la recherche scientifique de 1932 à 1935. Il présenta alors sa thèse de doctorat d’État à Paris sur le spectre de l’atome de bore. À partir de 1935, Lacroute occupa un poste d’astronome à Toulouse jus- qu’en 1946, quand il fut nommé professeur à la faculté des Sciences de Strasbourg et directeur cumulant de l’Observatoire astronomique de cette ville, en remplacement d’André Danjon © appelé à Paris. Après sa retraite en octobre 1976, Lacroute se retira à Dijon. Lacroute avait à l’origine une formation de physicien, spécialement en spectroscopie. Ce caractère devait marquer son séjour à l’Observatoire de Toulouse. Ses recherches y portèrent sur les raies d’absorption dans les spectres stellaires et sur d’autres sujets comme le spectre de P. Cygni, les indices de couleurs des étoiles faibles, les naines blanches. Ses observations de position de Pluton témoignent d’un attrait naissant pour l’astrométrie. À la même époque apparut l’intérêt et le savoir-faire de Lacroute dans la conception et la réalisation d’instruments d’observation nouveaux et originaux. En particulier, il réalisa une machine à mesurer impersonnelle à vis avec compensation de l’erreur périodique, machine livrée plus tard à Strasbourg où elle rendit de nombreux services. En 1946, à son arrivée à Strasbourg, Lacroute comprit qu’il était devenu illusoire de développer sur place une instrumentation moderne à but astrophysique et qu’il fallait profiter au mieux des possibilités locales en respectant la tradition astrométrique du lieu. Les efforts portèrent surtout sur la poursuite des observations à la lunette méridienne qui fut modernisée par l’adjonction d’un chronographe et par la photographie des cercles. L’ensemble du personnel participa en permanence aux observations méridiennes dont l’aboutissement furent le catalogue de Strasbourg en 1950 et plus tard l’amélioration des repères de l’AGK3 ainsi que le catalogue des positions des étoiles doubles fondu par la suite avec les observations de Poulkovo. Lacroute assura la direction et le développement du premier Centre de Calcul universitaire. À cette époque, il exerça même, pour la durée d’un mandat (1949-1952), la charge de doyen de la faculté des Sciences. Lacroute mesura vite l’importance des satellites artificiels. Tout en poursuivant ses recherches pour améliorer la qualité des données astrométriques, par exemple en mettant au point des méthodes d’amélioration des catalogues existants par l’utilisation judicieuse des recouvrements de clichés, AGK2, AGK3 et autres, il étudiait à fond les gains en précision que pouvaient apporter les mesures hors atmosphère à partir de satellites ou de stations spatiales. Dès 1966, il inventa pour cela un procédé d’observations simultanées dans des directions formant des grands angles constants. Il imagina les dispositifs optiques correspondants qui seraient à embarquer dans l’espace. Ce projet se concrétisa au cours de l’été 1989 par la mise en orbite du satellite européen Hipparcos qui fonctionna jusqu’en 1993, et qui synthétise l’œuvre scientifique à la fois astrométrique, astrophysique et technique de Lacroute. Prix Janssen de la Société astronomique de France ; premier titulaire (1992) du prix André Lallemand de l’Académie des Sciences. Il dirigea en outre pendant de nombreuses années, jusqu’à son départ, le Centre de formation pour le développement de Strasbourg, action qui lui valut de recevoir l’ordre de Saint-Grégoire le Grand. Officier de la Légion d’honneur.
Liste complète des 35 publications de Lacroute dans les numéros annuels parus entre 1937 et 1982 du Astronomischer Jahresbericht puis dans Astronomical Abstracts, publications de l’Astronomisches Rechen-lnstitut de Heidelberg.
Himly, Chronologie de la Basse Alsace, Strasbourg, 1972, p. 345.
Alphonse Florsch (1994)