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LABOULAYE Édouard René LEFEBVRE de

Homme politique et publiciste, membre de l’Institut (★ Paris 18.1.1811 † Paris 1883).

Fils d’Auguste Lefebvre de Laboulaye, régisseur de l’octroi de Paris, et d’Aglaé Martinon. Études au lycée Louis-le-Grand, puis à la faculté de Droit de Paris. Entré en 1842 au barreau de Paris, ses recherches d’histoire du droit furent couronnées par l’Académie des Sciences morales et politiques, ainsi que par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il devint membre de cette dernière en 1845. Nommé en 1849 professeur de législation comparée au Collège de France, Laboulaye se sentit poussé par la révolution de 1848 à devenir écrivain politique. En 1865, à l’époque où il était l’un des principaux chefs des républicains modérés, il conçut l’idée de réaliser un grand monument dédié à l’amitié franco-américaine, en vue du premier centenaire de l’indépendance des États-Unis en 1876. Au sein du cercle d’amis que Laboulaye recevait régulièrement en sa maison de Glatigny près de Versailles, le statuaire alsacien Auguste Bartholdi © releva le défi. Dans l’immédiat, il rendit hommage à Laboulaye en réalisant son buste en terre cuite, exposé au Salon de 1866 (et dont l’épreuve d’atelier en plâtre est conservée aujourd’hui au Musée Bartholdi à Colmar). La même année, Laboulaye décida de se porter candidat à la députation en Alsace. L’élection partielle de 1866 dans la circonscription de Strasbourg passionna la France entière : elle opposa Renouard de Bussière © à Laboulaye, candidat libéral. Elle fut le signe du réveil de l’opinion publique en Alsace. Laboulaye l’emporta à Strasbourg, mais Renouard de Bussière fut élu grâce au vote rural. Fondateur de la Revue historique de droit (1855), collaborateur régulier au Journal des Débats dans les années 1860, Laboulaye fut peut-être le plus brillant des journalistes d’opposition. Ses idées connurent une grande audience en Alsace où elles furent relayées par le Courrier du Bas-Rhin, qui publia divers articles de Laboulaye, dont : « Le parti libéral, son programme, son avenir » (19 novembre 1863), « Le droit de réunion » (16 janvier 1869), « Le Progrès » (17 et 19 février 1869), et d’autres en mars-avril 1866. Élu député de Paris en 1871, Laboulaye siégea au centre gauche, avant d’être nommé sénateur inamovible en 1880. En réponse à l’idée lancée en 1865, Bartholdi présenta un projet de statue colossale de la Liberté éclairant le monde. Autour de Laboulaye et de l’artiste colmarien se forma en 1875 un comité officiel de soutien à la réalisation du monument, l’Union franco-américaine, dont Laboulaye devint le président. Décédé en 1883, il ne put assister à l’inauguration de la célèbre statue en 1886 à New York. Entre temps, il avait été nommé administrateur du Collège de France, en 1873. Bartholdi sculpta une seconde fois les traits de Laboulaye en donnant le visage du jurisconsulte à l’un des personnages de l’Instruction religieuse, l’un des grands bas-reliefs des Quatre étapes de la vie chrétienne, réalisés en 1874 pour la tour de la First Baptist Church américaine (église de Brattle Street à Boston). De son côté, en 1878, Laboulaye fit installer dans la cour du Collège de France la statue en marbre de Champollion que Bartholdi avait présentée au Salon de 1875. Comme parlementaire, Laboulaye avait joué un rôle essentiel dans la préparation des lois constitutionnelles (adoptées en 1875), et peut être considéré comme l’un des pères fondateurs de la IIIe République. Officier de la Légion d’honneur.

Histoire du droit des propriétés foncières en Occident, 1838 ; Recherches sur la condition civile et politique des femmes, 1842 ; Essai sur les doctrines de F. de Savigny, 1842 ; Considérations sur la Constitution, 1849 ; La révision de la Constitution, 1851 ; La liberté religieuse, 1858 ; L’État et ses limites, 1863 ; Le Parti libéral, 1863 ; Souvenirs d’un voyageur, 1869 ; Évangile de la bonté, 1869 ; Chaning et sa doctrine, 1870 ; Questions constitutionnelles, 1872 ; Esquisse d’une Constitution républicaine, 1872 ; Etudes sur l’Allemagne et les pays slaves, 1873.

T. Lamathière, Panthéon de la Légion d’Honneur, III. Paris, s.d., p. 61-62 ; A. Morpain, Exposition des Beaux-Arts de Paris de 1866. L’Alsace et ses artistes, Strasbourg, 1866, p. 30-31 ; Ch. Staehling, Histoire contemporaine de Strasbourg et de l’Alsace, II, 1853-1872, Nancy, 1887, p. 170-172 ; Robert, dir., Dictionnaire des Parlementaires français comprenant tous les membres des Assemblées françaises et tous les ministres français 1789-1889, III, 1891. p. 482-484 ; Larousse du XXe siècle, IV, Paris, 1931, p. 279-280 ; J. Betz, Bartholdi, Paris, 1954, p. 66- 67, 124-131 ; J. de Soto, « Édouard de Laboulaye », Revue internationale d’histoire politique et constitutionnelle, 1955, p. 114-150 ; J.-P. Kintz, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous la Seconde République et à la fin du Second Empire, thèse journalisme, Strasbourg, 1970, p. 201, 298 ; J.-M. Schmitt, Bartholdi, une certaine idée de la Liberté, Strasbourg, 1985, p. 32 ; L. Gérard, Les Libéraux français, 1814-1875, Paris, 1985, p. 188 ; A. Jardin, Histoire du libéralisme politique, Paris, 1985, p. 387 ; J.-C. Lambertin, « Laboulaye et le droit commun des peuples », La statue de la Liberté : l’exposition du centenaire, Paris, 1986, p. 22-29 ; « Le buste de Laboulaye au musée Bartholdi », L’Alsace du 3.10.1989 ; J.-M. Schmitt, « Miss Liberty and Co. Auguste Bartholdi aux États-Unis », Saisons d’Alsace, n° 115, 1992, p. 72 ; F. Igersheim, Politique et administration dans le Bas-Rhin (1848-1870), Strasbourg, 1993 (index).

† Jean-Pierre Kintz et Jean-Marie Schmitt (1994)