Bénédictin, (C). Frère cadet de Jacques de La Grange ©. Entré chez les Bénédictins, élu en 1681 abbé régulier de l’abbaye de Saint-Maur à Munster. Prit en mains la reconstruction matérielle et spirituelle de l’abbaye ruinée par la guerre, l’aliénation des revenus et la dispersion des religieux. Dom L. de La Grange succéda à Charles Marchand ©. Il est évident que l’influence de l’intendant d’Alsace ne fut pas étrangère à la nomination, par brevet royal, du candidat proposé par les moines. En 1683, dom L. de La Grange devint conseiller d’Église au Conseil supérieur de Brisach, transféré en 1681 « en la ville neuve de Saint-Louis sous Brisach en l’île du Rhin » (avant de gagner Colmar en 1698). Dom L. de La Grange fut remplacé en 1713 par Nicolas Le Laboureur ©. À différentes occasions l’abbé eut l’occasion de défendre ses religieux – lorrains pour la plupart – contre les calomnies de certains qui, auprès des autorités de la province et dès le départ de La Grange © ?, les accusaient d’intelligence avec l’ennemi « comme s’ils manquaient de zèle pour le service du roy et qu’ils transportassent hors de l’Alsace les revenus de leur abbaye ». « J’y suis presque toujours et je ne crois pas depuis plus d’un an, en avoir découché trois fois », affirma l’abbé qui fut, par ailleurs, au conseil de Brisach, un conseiller précieux et avisé de son frère pour tout ce qui touchait les affaires ecclésiastiques et les relations entre les deux institutions jalouses de leurs prérogatives. Entre 1679 et 1697, dom L. de La Grange fut également « recteur magnifique » de l’Université de Fribourg. D’après le Mémoire de 1698, il aurait fait de son abbaye « un des plus beaux monastères d’Alsace ; il y a un noviciat et environ trente religieux ; ses revenus peuvent monter à douze ou quinze mille livres. »
Dom Calmet, Histoire de l’abbaye de Munster, publ. Par F. Dinago, Colmar, 1882, p. 223-224 ; J. Joachim, « Les sentiments des moines de Munster à l’égard de la France en 1702 », Revue d’Alsace, 1925, p. 492-495 ; J. Benoist d’Anthenay, J. Benoist d’Anthenay, Le premier administrateur de l’Alsace française, J. de La Grange, préf. d’A. Oberkirch, Strasbourg, 1930, p. 3 ; P. S., « La procession de la Fête-Dieu à Munster en 1703 », Revue d’Alsace, 1933, p. 317-318 (elle a lieu sous la présidence du prieur Dom Gabriel Thomassin, et non de l’abbé « qui est à Colmar ») ; R. Metz, La monarchie française et la provision des bénéfices ecclésiastiques en Alsace (1648-1789), Strasbourg, 1947, p. 89 ; L’Alsace en 1700. Mémoire sur la province d’Alsace, présenté et commenté par Roi. Oberlé, augmenté de notes inédites du XVIIIe s. de Ph.-X. Horrer, préf. de G. Livet (mémoire de La Grange), Colmar, 1975, p. 55-56, 61 (sur Fribourg-en-Brisgau : Université).
Georges Livet (1994)