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LA FOND Claude de

Intendant d’Alsace, sieur de la Beuvrière, la Ferté-la Fond, Saint-Georges, Lezenay, Diou et autres lieux en Berry et en Normandie, (C) (★ ? 1645 † 23.4.1719).

Fils de Jacques de La Fond († 4.4.1679), secrétaire du roi, garde des rôles des offices de France jusqu’en 1671, et de Marguerite Bannelier. ∞ 28.6.1677 Jeanne Bence, baronne d’Oulmes en Poitou, fille d’Adrien Bence, conseiller ordinaire du roi, sieur châtelain de Breuil et Créqueville, et de Jeanne de Chastillon ; 4 enfants. La sœur de La Fond, Marguerite épousa en 1660 Philippe Auguste Le Hardy († 1691), marquis de La Trousse, capitaine de cavalerie (1653), maréchal de camp (1675), lieutenant général (1677), gouverneur d’Ypres (1678), qui avait un logement à Versailles. Garde des rôles des offices de France le 29 septembre 1671 sur démission de son père, conseiller au Grand Conseil le 25 janvier 1673, maître des requêtes le 16 mars 1676, intendant de Franche-Comté en 1683. Intendant d’Alsace en 1698 (commission du 17 janvier 1698). Servit comme intendant de l’armée d’Allemagne en 1689 : dans une lettre écrite à Barbezieux, il censura fort la conduite du maréchal de Lorges sur les mouvements de la campagne ; la lettre prise par les ennemis fut renvoyée ouverte au maréchal avec un trompette et ces mots : « Ne sutor ultra crepidam. » Le maréchal « le fit chasser à son retour » (Dangeau IV, 267). Chargé plus tard d’une enquête sur les agissements de son collègue J. de La Grange ©, il envoya également au ministre des rapports très sévères (Boislisle I, 1063, lettres du 21 mars et 8 juillet 1692). En Franche-Comté, La Fond fut l’intendant qui demeura en
fonction le plus longtemps sous le règne de Louis XIV © (1683-1698). Il appliqua à la province les mesures imposées par le gouvernement central pour l’aligner sur le reste du royaume et en tirer le plus d’argent possible : introduction de la vénalité des offices en 1692 et, à peu près à la même date, établissement de bureaux des fermes le long des frontières avec l’étranger, bien que la province ait été « réputée étrangère ». La Fond n’avait pas grande confiance dans le loyalisme des Comtois et se méfiait surtout du clergé, inféodé à l’Espagne (M. Gresset). En Alsace, il retrouvait des problèmes semblables concernant les privilèges dont jouissaient le clergé et la noblesse, les villes également, mais rendus plus aigus par les questions de religion (présence d’une forte minorité protestante) et linguistiques (dialecte germanique), les seigneuries mazarines assurant la transition. Homme de la continuité, assurant « l’honnêteté administrative » au sein d’une province frontière, profitant d’une paix relative après le traité de Ryswick (1697), La Fond tenta de remettre de l’ordre dans les finances des communautés ruinées par la guerre, de supprimer les charges inutiles, d’apaiser l’opinion troublée par les stipulations du traité de paix, de développer l’économie. Il envoyait tous les 15 jours à Versailles le prix des grains de toutes espèces vendues dans la province, prix élevés encore en 1699, ce qui interdisait toute exportation à l’étranger. Il fit établir des bureaux de péage à Hagenbach, Palatinat (pour couvrir le bailliage de Germersheim) et à Lauterbourg (« pour tout ce qui sortait du Palatinat, de l’évêché de Spire, de Mayence et de l’Allemagne »). En liaison avec le Magistrat de Strasbourg, il s’efforça de rétablir le commerce, car Bâle avait profité de la neutralité helvétique pour prendre la place de Strasbourg dans le trafic rhénan (triangulaire). En 1698, il avait installé le Conseil souverain d’Alsace, transféré à Colmar, dans le bâtiment du Wagkeller (Ville-de-Paille de Brisach, Kehl et Fribourg-en-Brisgau ayant été rendus à l’Empire, le Rhin devint frontière entre la France et l’Allemagne). Invité sans avis préalable à se retirer dans ses foyers en novembre 1699, nommé conseiller d’État, La Fond se retira à Paris.

Archives de la Guerre, A1 1092, 1391, 1449 ; Archives municipales de Colmar, HH6 ; Archives nationales, G 780 ; Biographies des maîtres des requêtes, Bibliothèque nationale, manuscrits fonds français, Ms 14118, f. 349 ; Marquis de Dangeau., Journal de la cour de Louis XIV, VII, Paris, 1856 ; Correspondance des contrôleurs généraux avec les intendants des provinces, éd. par A. Boislisle, l-ll, Paris, 1874-1883 ; Saint-Simon, Mémoires, éd. par A. Boislisle, I, Paris, 1879 ; R. Reuss, Correspondance intime entre U. Obrecht, préteur royal et J. B. Klinglin, avocat général, Paris, 1893 ; M. Gresset, L’introduction de la vénalité des offices en Franche-Comté, Paris, 1989, p. 37-147 ; G. Livet, L’intendance d’Alsace sous Louis XIV, 2e éd., Strasbourg, 1991, p. 653-655, 943-944.

Georges Livet (1994)