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KURTZ Eugène

Syndicaliste, archéologue, (C) (★ Nordhouse 12.2.1921).

Fils de Joseph Kurtz, ouvrier, et d’Eugénie Hertrich. Marié ; 4 enfants. École primaire de Nordhouse, école primaire supérieure. Comptable, Kurtz travailla successivement aux Grands Moulins de Strasbourg (1937), à la SACM de Graffenstaden (1945-1962) et à la Compagnie française de distribution. Fin janvier 1979, Kurtz fut déclaré invalide en qualité d’ancien déporté-résistant. En juillet 1942, pour éviter l’incorporation de force dans la Wehrmacht, Kurtz a tenté de rallier les FFL, mais a été arrêté à Bourges par la Gestapo, le 25 août 1942. Après deux mois de prison, Kurtz a été interné au camp de Schirmeck, puis envoyé directement au front russe en mai 1943. Après avoir déserté en septembre 1944 près de Tallinn, Kurtz a été arrêté, début octobre, par le NKVD (police secrète soviétique). Reconnu comme « militant anti-fasciste » et avec l’aide personnelle du président de la République soviétique d’Estonie, Kurtz a alors pu rejoindre l’ambassade de France à Moscou en mars 1945. Il a été affecté à la Mission militaire française commandée par le général Petit qu’il défendit publiquement en 1982. Kurtz avait rejoint la Jeunesse ouvrière d’Alsace (JOC) en 1937. Il a fondé une section dynamique à Nordhouse et a été admis dans les instances fédérales du Bas-Rhin. En 1946, il a été nommé permanent de la JOC et s’est occupé entre autres de la réinsertion des incorporés dans la Wehrmacht et des sections naissantes de JOC dans les grandes villes allemandes (Christliche Arbeiterjugend CAJ). Avec l’appui de l’abbé Cardijn, le créateur de la JOC, Kurtz a contribué à la création d’une JOC allemande unifiée et libre, à rencontre de certaines tendances préconisant une JOC par zone d’occupation. À la fin de son mandat, Kurtz a demandé à Frédo Krumnow © de prendre en charge, comme permanent, la branche apprentis d’Alsace. Après son retour dans le privé, Kurtz est resté un militant très actif dans la section syndicale CFTC de la SACM-Graffenstaden qui prônait, dès les années 1950, l’unité d’action avec la CGT. Kurtz a activement milité dans le mouvement « Reconstruction », animé par Charles Savouillan et Paul Vignaux, qui a abouti en 1964 à la création de la CFDT. À partir des années 1970, Kurtz, passionné d’histoire, s’est spécialisé dans la recherche des vestiges gallo-romains dans les Vosges. Il a été à l’origine de plusieurs découvertes archéologiques importantes, dont deux « Mercure » (à Haegen- Wasserwald (fouille Pétry) et à Walscheid-Ludwigsberg). Par ailleurs, il a découvert une borne romaine près de l’enceinte de la Heidenstadt à Ernolsheim. En 1976, Kurtz a été à l’origine de la redécouverte du château du Daubenschlagfelsen, pour lequel il a eu la première autorisation de fouille en 1979. De 1981 à 1990, Kurtz a découvert et fouillé un établissement gallo-romain à Nordhouse-Ochsenfeld. Il a aussi relevé une vingtaine de tumuli jusque-là inconnus. Membre du comité de la Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace de 1980 à 1990, Kurtz a œuvré efficacement dans la commission Inventaire et sauvegarde en tant que trésorier (1979-1991), recenseur et animateur. Il s’est particulièrement occupé du canton d’Erstein et de l’inventaire des bornes du Rhin (RM) entre Rhinau et Strasbourg. Il est à l’origine de l’inventaire de ces bornes sur la rive droite du Rhin par le Historischer Verein für Mittelbaden à Offenbourg, ce qui lui valu d’être nommé membre d’honneur de cette importante société d’histoire. D’autre part, il a organisé le recensement des bornes (DF) de la frontière de 1870, sur la crête des Vosges. Médaille de la Résistance. Chevalier des Palmes académiques.

Nombreux articles dans Jeunesse ouvrière d’Alsace (JOC) en 1946-1947, dans le Travailleur d’Alsace et de Lorraine (CFTC) en 1947-1948, dans la Vie populaire du Bas-Rhin (APF) en 1963 ; « Le Daubenschlagfelsen et son château », Cahier de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs, 1980/1, p. 17-21 ; « Randonnée de la croix du Langenthal au pont du Maibachel », Les Vosges, 1981/1, p. 8-14 ; « L’affaire du général Petit », Dernières Nouvelles d’Alsace (Strasbourg) du 31.1.1982 ; « Un établissement gallo-romain à Nordhouse », Annuaire de la Société d’histoire des quatre cantons, 1983, p. 13-23 ; « La forêt de la Corrière (au ban de Wisches) », Essor, n° 127, 1985, p. 25-28 ; « Carte archéologique de Nordhouse », Annuaire de la Société d’histoire des quatre cantons, 1985, p. 41-47 ; « Les bornes Noblat et Tulla », ibidem, 1988, p. 119-137 ; Le drame des deux Raon, 1992 (une version condensée a paru dans Essor, n° 153-155, décembre 1991-juin 1992).

E. Descamps, Militer, Paris, 1971, p. 52 ; Ch. Dillinger, 50 ans de JOC, Équipes sociales d’Alsace, Strasbourg, 1979, p. 71, 161-162 ; M. Hildenbrand, « Jahrbericht des Historischen Vereins fur Mittelbaden 1990/1991 », Die Ortenau, 1991, p. 22-23, ill.

Iconographie : J.-M. Holderbach, « Les bornes de la mémoire », Saisons d’Alsace, n » 111, 1991, p. 166 (photographie).

Jean-Marie Holderbach (1994)

 

Complément

† 15.11.2006 à Strasbourg.

Jean-Marie Holderbach, « In memoriam Eugène Kurtz (1921-2006), Revue d’Alsace, 133, 2017, p. 517-518.

Philippe Legin (juin 2018)