Artiste peintre, (C) (★ Villé 23.11.1882 † Strasbourg 23.9.1962).
Fils d’Aloyse Kuder, vigneron et tourneur, et de Stéphanie Disch. ∞ décembre 1909 à Munich, Bavière, Mathilde Vollmaier ; 2 filles Stéphanie et Marie-France qui ∞ J. Freund ©. Il fréquenta l’école communale de Villé, puis il travailla pendant trois ans avec son père. Il entra à l’École des Arts décoratifs de Strasbourg où il fut l’élève de Daubner © et de Jordan. Il y rencontra ses condisciples Kamm ©, Loux ©, Leschborn. Il obtint en 1905 le prix de la ville de Strasbourg doté d’une bourse pour la continuation des études à l’Académie de Munich, où il s’inscrivit aux cours de Martin Feuerstein qui enseignait l’art religieux ; il suivit plus tard les cours de Loefftz et de Ch. Marr. C’est à cette époque que Kuder se tourna vers l’aquarelle au détriment de la peinture à l’huile. En 1911 il s’installa à Villé. Il paracheva sa formation par un séjour à Paris (1912) où l’impressionnisme le marqua fortement. Il devint un maître de l’aquarelle. Dès le début de la guerre (1915), l’administration allemande l’envoya comme suspect en Prusse orientale (Thorn). Par conviction politique il déclina l’offre de l’aumônier de l’empereur d’entrer comme peintre officiel dans les services du Grand Quartier général. Il revint après la guerre à Villé qu’il ne quitta qu’en 1933 pour Strasbourg.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugia à Clermont-Ferrand où s’était repliée l’Université de Strasbourg, ainsi que ses deux filles. En 1946 il revint à Strasbourg.
Kuder laisse une œuvre immense et de haute qualité. Les vitraux de l’église de Maisonsgoutte révélèrent un grand artiste (1913), puis ce furent ceux de l’église Saint-Léger de Guebwiller (1921), du Sacré-Cœur de Mulhouse (1930), de l’église de Villé (1947). Il peignit des plafonds, des panneaux muraux qui le classent parmi les plus grands artistes religieux de l’Alsace. Il réalisa à Cernay dix fresques sur le Credo (1930) et créa la belle peinture à la chapelle Sainte-Clothilde à Strasbourg (1934), la célèbre Sainte Cène au Grand Séminaire à Strasbourg (1938), la conque de l’abside de la basilique de Lutterbach (1953). Kuder brisa les acquis traditionnels de l’art religieux (Saint-Sulpice) par une présentation plus vaste et une observation profonde des êtres. Il est également un maître incontesté de l’art profane. Il créa notamment ces belles scènes réalistes de labour, ces attelages puissants dans l’effort. Il créa quatre fresques au Pavillon de l’Alsace lors de l’Exposition universelle de Paris (1937), la fresque à la maison des fouilles à Gergovie (1941), l’imposante fresque pour l’École de Saumur repliée à Tarbes (1942), les fresques du groupe scolaire de Villé (1953). Il a exposé à Strasbourg en 1908, 1912, 1914, 1926, 1931,1933, 1949, 1955, 1958, 1962 et 1966, à Mulhouse en 1926 et 1930, à Munich en 1916, à Duisbourg en 1917, à Londres en 1919, à Chicago en 1930, à Anvers en 1938, à Baden-Baden en 1939 et chaque année au Salon des artistes français. Médaille d’argent de l’Académie de Munich (1908) ; 2e prix décerné par Max Liebermann (1912) ; au Salon des artistes français : médaille de bronze (1924), d’argent (1930), d’or (1935) ; hors concours (1933). Prix Rosa Bonheur (1934). Médaille d’or à l’Exposition universelle, Paris (1937).
Il participa à la publication de plusieurs livres d’art, dont Les ponts de Paris (1946), texte de Troyat, et Versailles (1957), texte de La Varende. Il illustra l’Histoire d’Alsace pour les jeunes de L. Sittler (1947), et Le cœur de mon terroir de René d’Alsace (1956). Entre 1928 et 1962, il réalisa plusieurs centaines d’illustrations dans différents almanachs régionaux, dont Le Messager du Rhin, Le Messager boîteux, l’Almanach des anciens combattants.
Cl. Morro, « René Kuder », Revue des arts et de la vie (Paris), septembre 1922 ; Y. de Saint-Hilaire, « René Kuder », Revue du Vrai et du Beau (Paris), janvier 1923 ; V. Bourgeois, « Chronique d’art religieux », Revue catholique d’Alsace, mai 1931 ; L’art chrétien moderne en Alsace, 1933 ; M. Lenossos, « René Kuder, peintre du Val de Villé », La Vie en Alsace, juin 1930 et février 1935 ; A. Andrès, René Kuder, Colmar, 1946 ; G. Bellys, « René Kuder », Élan, 1962, n » 9 et 1982, n° 7-8 ; A. Gies, R. Spaeth, R. Heitz, « Le souvenir de René Kuder, 1932-1962 », Annales de l’Académie d’Alsace, 1966 ; H. Troyat, L. Muller, H. Lefebre, « René Kuder », : Saisons d’Alsace, n° 17, 1966 ; Bénézit, Dictionnaire critique… des peintres, sculpteurs, dessinateurs…, VI, p. 328 ; S. Kuder, M.-F. Freund, René Kuder 1882-1962, Nancy, 1982 ; Dr. Hauptmann, S. Kuder, M.-F. et J. Freund, « René Kuder », Annuaire de la Société d’histoire du Val de Villé, 1982, p. 98 et s. ; L’Alsace du 26.1.1983 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4580 : Bauer-Carpentier, Répertoire des artistes d’Alsace des dix-neuvième et vingtième siècles, Peintres-sculpteurs-graveurs-dessinateurs, Strasbourg, III, 1986, p. 50-51 ; François Lotz (en collabor. avec J. Fuchs, L. Kieffer, R. Metz), Artistes-peintres alsaciens de jadis et de naguère 1880-1982, Kaysersberg, p. 198-199.
Raymond Oberlé (1994)