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KRUST

Famille attestée dès la fin du Moyen Age à Schweighouse près de Thann, puis à Aspach- le-Bas à partir de la première moitié du XVIIe s., (C). Deux Jean Jacques Krust se succédèrent comme prévôt des deux Aspach entre 1657 et 1709. Deux membres de cette famille exercèrent les fonctions de greffier-tabellion de la seigneurie de Bollwiller au XVIIe s., dont le père de Jean Michel © 1 et de François Antoine © 2 Krust Ceux-ci auraient eu un frère, Louis Krust, confesseur de Charles-Emmanuel Ier de Savoie, selon l’arbre généalogique de la famille (sujet à caution).

1. KRUST Jean Michel,

théologien, confesseur à la cour (★ Bollwiller 25.11.1694 † Porrentruy, Suisse, 10.11.1772). Fils de Nicolas Krust, greffier-tabellion de Bollwiller, et de Marie Anastasie Chagué, soeur de Christophe Chagué ©. Entré dans la Compagnie de Jésus le 8 octobre 1711 à Nancy, il enseigna la théologie au séminaire de Strasbourg, puis au collège de Molsheim (1739-1746). Nommé supérieur du collège des Jésuites de Colmar le 5 septembre 1746, il fut appelé dès le 28 janvier 1747 à Paris comme confesseur de la Dauphine, Marie-Josèphe de Saxe, future mère de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. Sa présence à la cour lui permit d’intervenir, mais sans succès, dans l’affaire Lavalette. Adversaire de Voltaire comme son frère François-Antoine, il serait l’un des instigateurs des difficultés de l’écrivain en Alsace. Deux ans après l’expulsion des Jésuites de France, qu’il n’avait pas pu empêcher malgré son influence sur le Dauphin et son entourage, il s’exila au collège de Porrentruy (1762), où il se consacra à la rédaction d’ouvrages de spiritualité à l’usage du clergé. Selon J. Gass, il fut l’écrivain ascétique contemporain qui eut le plus de succès en Alsace. Ses écrits furent maintes fois réédités en France comme en Allemagne, aux XVIIIe et XIXe s.

Clericus instructus sive doctrina moralis ex epistolis et evangeliis missae desumpta, Augsbourg, 1761 ; Exercitia spiritualia juxta mentem et methodum sancti Ignatii ad usum clericorum accommodata, Fribourg, 1765, Augsbourg, 1792, Vienne 1851 ; Institutio clericorum. Meditationes de praecipuis fidei mysteriis ad usum clericorum accomodatae, Augsbourg, 1767, rééd. et trad. en français à plusieurs reprises jusqu’en 1862.

Denis Ingold et Paul Mech (1994)

2. KRUST François-Antoine,

professeur et prédicateur jésuite, personnage souvent cité par Voltaire (★ Bollwiller 3.1.1692 † Porrentruy, Suisse, 10.11.1778). Frère de Jean-Michel Krust ©. Un arbre généalogique familial le fait naître à Aspach-le-Haut, le 15 mai 1701, mais sa naissance est plus vraisemblable à Bollwiller (« Franciscus » Krust). Professeur de mathématiques à l’Université épiscopale de Strasbourg (1732-1735), missionarius au collège épiscopal (1746-1752), « prédicateur en langue allemande » (1752-1753), puis supérieur du collège des Jésuites de Colmar (1753-1765), dont le caractère missionnaire s’accentua sous sa direction. Après l’expulsion des Jésuites, il termina sa vie au collège de Porrentruy, où il fonda une bourse pour étudiants pauvres à l’instar de son frère. Bête noire de Voltaire, qui fut obligé de s’humilier devant lui pendant son séjour colmarien (lettre à Madame Denis, 14 mai 1754), le « révérend Père Croust » est tourné en ridicule sous les traits d’un supérieur au comportement équivoque dans Candide (chap. XV), et vilipendé dans l’article « Jésuites ou orgueil » des Mélanges de philosophie (« le frère Croust, le plus brutal de la société »).

Almanach royal de 1748 à 1763 ; F.-X. Feller. Dictionnaire historique, VIII, Paris, 1818, p. 236 ; E. Regnault, La Dauphine, Marie-Josèphe de Saxe, Paris, 1875, p. 221-230 ; C. Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Paris-Bruxelles, IV, 1893, c. 1255-1256, XI, 1932, c. 1765 ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 77-78 ; C. Oberreiner, « Les Pères Krust », Revue d’Alsace, 1913, p. 38-48 ; J. Gass, Strassburger Theologen im Aufklärungszeitalter (1766-1790), Strasbourg, 1917, p. 234 ; C. Oberreiner, « Le P. Michel Krust et l’affaire Lavalette », Revue catholique d’Alsace, 1922, p. 731 ; L. Chatellier, Voltaire, Colmar, les Jésuites et l’histoire, Revue d’Alsace, 1980, p. 69-82 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4574 ; D. Ingold, « Les Pères Croust, alias Krust, Jésuites alsaciens adversaires de Voltaire (1692-1778) », Annuaire de la Société d’histoire sundgauvienne, 1992, p. 217-226.

Denis Ingold et Paul Mech (1994)