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KRUMNOW Alfred Louis, dit Frédo

Syndicaliste, (C) (★ Mulhouse 29.5.1927 Bourg d’Oisans, Isère, 19.5.1974).

Fils de Guillaume Frédéric Auguste Krumnow, (P) (★ Mulhouse 27.8.1891 † Mulhouse 26.11.1948), ouvrier, de nationalité allemande, et de Louise Marie Hassler, (C) (★ Mulhouse 2.4.1896 † Pfastatt 8.4.1960), ouvrière. ∞ 31.5.1952 à Battenheim Madeleine Kuentz (★ Mulhouse 18.1.1923), employée ; 4 enfants. Élevé dans la cité ouvrière de Mulhouse, dans une famille de tradition socialiste et cégétiste, il fit partie un moment du mouvement socialiste de l’enfance ouvrière, les Faucons rouges. Dispensé à la demande de ses parents, il suivit quand même l’enseignement religieux à l’approche de sa communion solennelle. Le jeune Frédo suivit des cours de commerce, mais chercha aussi à approfondir ses connaissances scientifiques dans des livres français. Avec ses camarades, il se livra à de menus actes de résistance contre les nazis. En août 1943, il entra comme apprenti à la Caisse d’épargne. En 1944, il fut incorporé au service du travail obligatoire à Coblence. Il réussit à s’évader avant son incorporation dans la Wehrmacht et à rejoindre Mulhouse la veille de la libération de la ville. Krumnow reprit son travail à la Caisse d’épargne et adhéra à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) en juillet 1945. En septembre 1946, il devint permanent de la JOC pour la région de l’Est, adjoint d’Eugène Descamps, futur leader syndical, et en 1948 permanent national chargé de la branche des apprentis et des contacts avec la JOC allemande. En 1951, il décida de « retourner à la base » et grâce à Robert Moussay ©, trouva un emploi chez Schaeffer-Impression à Pfastatt. Il milita désormais à la Confédération française des travailleurs chrétiens et fut un partisan convaincu de sa transformation en Confédération française démocratique du travail (CFDT) en 1964. Il fut vice-président de l’Union départementale du Haut-Rhin de la CFDT. En dehors du syndicalisme, Krumnow militait aux Associations populaires familiales (dont il fut président départemental), dans une coopérative d’HLM (habitations à loyer modéré) à l’Action catholique ouvrière, aux Amis de Témoignage chrétien, à l’Organisation des consommateurs, mais aussi dans des mouvements politiques, la Jeune République, puis l’Union de la Gauche socialiste et enfin, à partir de sa création en 1960, le Parti socialiste unifié. Il resta chez Schaeffer, dont il avait été secrétaire du comité central d’entreprise, lorsqu’en 1960, il fut élu secrétaire général de la Fédération du textile, devenue ultérieurement Fédération de l’habillement, du cuir et du textile (HACUITEX). Licencié pour suppression de poste en 1966, il gagna alors Paris avec sa famille pour s’y consacrer entièrement au syndicalisme. En mai 1966, après une longue réflexion collective et un voyage en Yougoslavie (septembre 1965), il présenta au congrès de sa fédération le premier rapport syndical consacré à l’autogestion. Il joua un rôle essentiel lors de la grève du personnel de la Rhodiaceta à Besançon et à Lyon (25 février-24 mars 1967). Le 27 mai 1968, c’est lui qui prit la parole au nom de plusieurs fédérations CFDT à la manifestation organisée par l’Union nationale des étudiants de France au stade Charléty à Paris. Au congrès confédéral de 1970, il défendit face au document de la direction un contre-texte d’orientation « révolutionnaire » prônant la lutte des classes au nom des aspirations de la « révolte » de mai 1968 et du « courant mondial de contestation », tout en n’excluant pas la négociation. Cette motion n’obtint que 26,7 % des mandats. Il devint pourtant membre de la commission exécutive de la CFDT avec le titre de secrétaire national. Il y fut chargé de l’information et de l’emploi, puis devint en mars 1971, lors de l’élection d’Edmond Maire au secrétariat général, son successeur comme responsable de l’action revendicative. Il était devenu l’un des leaders de l’aile gauche de la CFDT et contribua de façon décisive à l’orienter vers le « socialisme autogestionnaire ». Le cancer l’obligea en 1973 à abandonner ses responsabilités syndicales. Il consacra ses derniers mois à la méditation spirituelle (très marquée par l’influence du père Teilhard de Chardin qu’il avait découvert après la guerre), à la réflexion politique et à l’écriture.

Poème en dialecte dans Klapperstein, Mulhouse ; « Que faire dans les trois ans qui viennent ? », Le Nouvel Observateur du 19.3.1973 ; Introduction à Quatre grèves significatives, Paris, 1973 (rééd. dans CFDT au cœur) ; Croire ou le feu de la vie, Paris, 1975 ; CFDT au cœur, Paris, 1976.

L’Alsace des 21 et 22.5.1974 ; Le Monde du 21.5.1974 ; Le Travailleur d’Alsace, juin 1974 ; Préface de Roger Toutain à CFDT au cœur, Paris, 1976 ; Cahiers de l’Alsace rouge, 1977, n° 3 et 4 ; Ch. Dillinger (dir.). De Wissembourg à Sélestat. 50 ans de JOC,Strasbourg, 1979, p. 171-172, 177 ; Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4575 ; H. Hamon, P. Rotman, La deuxième gauche. Histoire intellectuelle et politique de la CFDT, Paris, 1982 ; P. Cour-Salies, La CFDT, un passé porteur d’avenir, Montreuil, 1988 ; G. Groux, R. Mouriaux, La CFDT, Paris, 1989 ; O. Fournier, Les chemins de l’innovation. L’analyse d’un processus de création collective par des militants de gauche et de tradition chrétienne à Mulhouse de 1945 à 1965, mémoire de licence en sciences sociales appliquées au travail, Strasbourg II, 1989 ; M. Branciard, Histoire de la CFDT, Paris, 1990 ; lettre de Madeleine Krumnow du 7 novembre 1990.

Léon Strauss (1994)