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KRUG

Les Krug figurent parmi les principaux orfèvres du XVIe s. (Pl à partir de la Réformation). Erasmus Krug, chef de la dynastie strasbourgeoise, était issu d’une famille d’orfèvres nurembergeois.

Fils de l’orfèvre Hans Krug ( 1519), il se fixa à Strasbourg où il acquit le droit de bourgeoisie le 16 décembre 1506 après son mariage avec Jacobea Spielmann, fille d’Anton Spielmann (Charles Wittmer et J. Charles Meyer, Le Livre de bourgeoisie de la ville de Strasbourg 1440-1530, Strasbourg, n° 5629). Il avait au moins deux frères, tous les deux orfèvres : Hans ( v. 1528-1529) et Ludwig ( 1532). Ce dernier aurait exercé le métier dans le proche entourage d’Albrecht Dürer. La Schatzkammer de Munich conserve de lui (ou de son frère Erasmus ?) un vase (Münzpokal) réalisé vers 1532-1533.

Du mariage avec Jacobea Spielmann sont issus au moins deux fils : Diebold et Erasmus. À cause de l’homonymie de plusieurs membres de la famille, ceux-ci sont difficiles à distinguer les uns des autres. Diebold Krug semble avoir été marié deux fois : I 9.11.1547 à Strasbourg, Saint-Pierre-le-Vieux, Richardis Stindler († février 1560), veuve de Gabriel Bischof. II 6.5.1561 à Strasbourg, Saint-Thomas, Apolonia Werler, fille de Claus Werler (KS 1382, f. 108). Il figure sur la table d’insculpation en 1545. Le Musée de l’Œuvre Notre-Dame conserve de lui un gobelet en vermeil et un broc en serpentine. D’autres pièces de lui se trouvent à Skokloster, Suède, et Stuttgart (Staatliche Kunstsammlungen). Il construisit en 1566 le jet d’eau des Arquebusiers au Schiessrain (Contades) mit vielen von erz gegossenen rörlin und bildchen. À côté de leur activité artistique, les Krug s’intéressèrent aussi à l’exploitation des mines. Associé à trois Strasbourgeois (Paul Wehe, Christof Reinhart et Hans Waldener), Erasmus Krug l’aîné signa en 1531 un contrat d’exploitation de mines avec l’abbaye de Disentis près de Coire, canton des Grisons, Suisse, et un autre avec les autorités du canton Suisse d’Uri en 1532. Ce dernier concernait des mines dans les environs de Silenen au sud d’Altdorf, Suisse. Mais les deux entreprises se soldèrent par un échec. Dès 1542, Erasmus et Diebold Krug. durent emprunter de l’argent : 2 000 florins chez Anton Fugger à Augsbourg (KS 47², f. 28v et 703, f. 62) et une somme non précisée chez des juifs de Francfort qui en réclamèrent le remboursement en 1544 (KS 481, f. 187-188). En 1549, Erasmus Krug et ses deux fils Erasmus et Diebold revendirent leurs parts respectives aux mines de Silenen pour 650 florins à de riches bourgeois d’Augsbourg: Melchior Ilsung, Conrad Mayr, Jacob Herbrot, Joachim Jenisch et Christof Tiefstetter (Chambre des Contrats, t. 661, f. 21r-25r). En 1564, plusieurs créanciers strasbourgeois intervinrent auprès du Magistrat pour obtenir de Diebold Krug le remboursement de quelques milliers de florins (PV des XXI, 1564, f. 76 rv). Erasmus Krug le jeune, ayant sans doute hérité de son père l’attrait pour les mines et l’affinage des minerais, s’associa en 1567 avec Erasmus Hetter, son comptable et parent, après avoir obtenu de l’archiduc Ferdinand d’Autriche une concession de ressuage de cuivre à Bourg-Bruche et à Ranrupt. Malgré l’investissement d’importantes sommes d’argent, l’exploitation s’arrêta en 1571, peut-être à cause de la mésentente entre les deux associés. Travaillant en 1584 en collaboration avec le fondeur Marx Metziger, Erasmus Krug sollicita, pour assurer la prospérité de ses activités, en échange de l’emplacement occupé jusque là près de la tour des Juifs, un autre, plus grand, près de l’ancien couvent de Sainte-Claire-au-Marais ou, à défaut, à la place du Marché-aux-Chevaux (actuelle place Broglie) (Série VII, 1300, f. 98 r). Une petite-fille d’Erasmus Krug l’aîné, Richardis, se maria le 19.5.1583 à Strasbourg, Temple-Neuf, avec Georg Geringer, secrétaire de la ville d’Altdorf près de Nuremberg. Une autre, prénommée Esther, épousa le 10.11.1583 à Strasbourg, Temple-Neuf, l’orfèvre Meinhard Waldeck. La dynastie des Krug perdura jusqu’au XVIIIe s. H. Haug © signale en 1738 un maître orfèvre, prénommé Tobie Louis, dont on conserve un gobelet en forme de tulipe sur piédouche godronné, et un Jean-Frédéric Krug, maître en 1739, dont on connaît un nécessaire de chasse composé d’un gobelet, d’une cuiller, d’une fourchette, d’un couteau et d’une cuiller à œuf dans leur gainage original.

H. Meyer, Die Strassburger Goldschmiedezunft von ihrem Entstehen bis 1681, Leipzig, 1881, p. 215 ; Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, 18, 1897, p. 156, n° 4333 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, XXII, 1928, p. 4-6 ; Hans Rott, Quellen und Forschungen zur südwestdeutschen und schweizerischen Kunstgeschichte im 15. und 16. Jahrhundert, Stuttgart, III, 1936, p. 285, 289 ; H. Haug, L’art en Alsace, Paris, 1962, p. 145 ; idem, Le siècle d’or de l’orfèvrerie de Strasbourg, catalogue de l’exposition à Paris du 10 au 31 octobre 1964 chez Jacques Kugel, Strasbourg, 1964, p. 58-59 ; F.-J. Fuchs, « Erasme Krug, exploitant de mines à Disentis (Grisons) et à Silenen (Uri) », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 11, 1967, p. 77-88 ; idem, « Une usine de raffinage de cuivre dans la vallée de la Bruche (Alsace) au XVIe s. », Festschrift für Hermann Heimpel zum 70. Geburtstag am 19 Septembre 1971, I, Göttingen, 1971, p. 729-740 ; H. Haug, L’orfèvrerie de Strasbourg dans les collections publiques françaisesParis, 1978 (non paginé) ; Die Renaissance im deutschen Südwesten zwischen Reformation und Dreissigjährigem Krieg. Heidelberger Schloss 21 Juin-19 Oktober 1986, catalogue d’exposition, II, Karlsruhe, 1986, p. 967.

François-Joseph Fuchs (1994)