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KRIEGER Joseph

Hygiéniste (★ Winnweiler, Palatinat 14.8.1834 † Strasbourg 11.6.1905). ∞ Bertha Heck (★ Zweibrucken 3.6.1849); 4 enfants.

Études de médecine à Munich, Prague, Wurtzbourg, Vienne. Assistant du professeur Pettenkofer à Munich, il se fit remarquer par ses études écologiques sur le vêtement. Revenu à Zweibrücken, il accepta, en 1873, son recrutement à Strasbourg, comme médecin d’arrondissement de Strasbourg, auquel se rattachait un enseignement de politique sanitaire à la faculté de Médecine. Il participa tout au long de la décennie 1870 au conseil d’hygiène de Strasbourg, à la bataille de l’adduction d’eau de Strasbourg, où, aux côtés de Wasserfuhr ©, il défendit la nécessité d’une distribution d’eau abondante dans chaque habitation, qui s’imposa à partir de 1879 pour la ville neuve et de 1890 pour la vieille ville. Disciple du « localiste » Pettenkofer, Krieger soutint lui aussi que ce sont les conditions extérieures qui déterminent les maladies et non les microbes : il faut donc purifier l’habitat, lui amener une eau abondante et assurer l’évacuation des eaux usées. Son rapport de 1876 fut déterminant : on renonça à puiser l’eau dans un sous-sol strasbourgeois gorgé d’immondices depuis des siècles et on chercha l’eau dans la nappe phréatique en amont de Strasbourg. La Topographie der Stadt Strassburg publiée sous sa direction en 1885 qui réunissant les études d’une trentaine de médecins, ingénieurs et élus sur tous les aspects de prophylaxie et de l’hygiène urbaines était un manifeste des militants de la santé publique strasbourgeoise. Krieger prit alors la succession de Wasserfuhr comme conseiller ministériel à la santé publique au ministère d’Alsace et de Lorraine. Il avait, dès 1878, réclamé la réalisation d’un réseau complet d’égouts comme corollaire évident de l’adduction d’eau, mais il fut partisan de systèmes d’égouts séparés pour eaux usées et eaux de vidange, et son opposition au système du tout à l’égout contribua au retard pris par la Ville de Strasbourg dans cette réalisation, inévitable à partir des années 1890. Il modernisa le service de santé publique du ministère, en créant en particulier un service de statistique médicale qui publia un Annuaire statistique de l’administration de la santé en Alsace-Lorraine (Jahrbuch der Medicinalverwaltung in Elsass-Lothringen). Il remit à jour la réglementation sur la médecine cantonale, le statut et le service des sage-femmes, introduisit l’institution des ordres des médecins et des pharmaciens (Aertzekammer, Apothekerrat), créa le sanatorium de Saales. Il prit sa retraite en 1903.

Strassburger Post, 14/6/1905 ; Strassburger Medizinische Zeitung, juillet 1905 ; Viviane Claude, Strasbourg 1850-1914, assainissement et politiques urbaines, Thèse multigraphiée, 1985.

François Igersheim (2007)