Ingénieur mécanicien, inventeur, (Pr) (★ Guebwiller 12.5.1822, sous le nom de Creutzberger, † Paris 9.12.1912, inhumé avec ses deux épouses à Puteaux, Hauts-de-Seine).
Fils de Jean Germain Kreutzberger, serrurier, contremaître aux usines Schlumberger de Guebwiller, originaire de la principauté de Lippe, actuellement en Westphalie, et d’Anne Marie Maus. ∞ I 1848 Catherine Quintus (★ Guebwiller 1825 † Paris 13.8.1865) ; 10 enfants, dont 5 survécurent, parmi lesquels Charles-Auguste (★ 1857), lieutenant-colonel d’artillerie, biographe de son père et de son oncle Charles Kreutzberger ©. ∞ II 1866 sa cousine Thérèse Bixel (★ Guebwiller 1832 † Paris 3.12.1912) ; 2 enfants. Kreutzberger fut un autodidacte : il fréquenta à Guebwiller l’école primaire protestante, l’école secondaire catholique, et, en compagnie de son frère Charles, le cours de dessin des Cours populaires de la ville. Initiation musicale et théâtrale à la Musique municipale de Guebwiller. Entra à 14 ans en apprentissage aux établissements Schlumberger, où il se forma à la fois à l’atelier et au bureau de dessin, et se fit remarquer par son ingéniosité. En 1844, il monta et installa une nouvelle machine à carder pour l’Exposition de Paris qu’il visita. Ayant pris des positions avancées lors des événements de 1848, il se maria et s’embarqua pour New York ; entré comme simple manœuvre dans la manufacture d’armes des frères Remington, il gravit les échelons et devint en 1852 directeur de l’établissement. Il revint en France fin octobre 1855 pour proposer ses services au ministère de la Guerre, à la Direction de l’Artillerie, à laquelle incombait la fabrication des armes. De
janvier 1856 à juillet 1859, il accepta une période d’essai. Chargé d’inspecter et de réformer la manufacture d’armes de Châtellerault, il introduisit des innovations techniques. En 1867, il obtint la médaille d’or de l’Exposition universelle pour une fraiseuse universelle. De 1859 à 1886, Kreutzberger travailla pour l’artillerie comme mécanicien, puis comme ingénieur mécanicien. Envoyé en 1862 en mission en Angleterre, puis en Amérique, il fut grièvement blessé lors d’une séance de tir, ce qui lui valut à son retour en France en 1863 la croix de chevalier de la Légion d’honneur. En 1865, il reçut les félicitations personnelles de l’empereur pour avoir réussi à forer 19 âmes dans un cylindre d’acier destiné à la mitrailleuse de Reffye. Il travailla à la mise au point de machines destinées à la fabrication mécanique du fusil Chassepot (modèle 1866). En 1866 furent créés les ateliers de Puteaux, dont Kreutzberger fut le véritable fondateur et directeur technique. Membre en 1871 du Comité des Alsaciens-Lorrains qui protesta contre l’annexion, Kreutzberger opta pour la nationalité française le 13 juillet 1872. Kreutzberger contribua, à la tête des ateliers de Puteaux, à la reconstitution de l’armement français ; il fut également chargé de la réorganisation technique de la fonderie de Bourges. Il participa par plusieurs inventions au progrès de l’armement, ce qui lui valut une médaille d’or de 1ère classe à l’Exposition universelle de 1878. Mais en 1886, le général Boulanger mit fin aux activités de Kreutzberger au service de l’Armée. Il se lança alors dans des affaires privées, mais en sortit ruiné. Cependant, il obtint en 1896 la grande médaille d’or de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale (pour l’ensemble de ses travaux), et, en 1900, le grand prix de mécanique de l’Exposition universelle. Officier de la Légion d’honneur (6 juillet 1886).
Tisseron, Annales historiques nobiliaires et biographiques, 1865, p. 191-194 ; Jouve, Les Alsaciens-Lorrains, Dictionnaire, annuaire et album, I ; Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, Rixheim, t. 2, 1910, p. 75-76 et 1099 ; Ch. Kreutzberger, Histoire d’un enfant de Guebwiller, Rennes, 1930 ; Ch. Wetterwald, « Frédéric-Guillaume Kreutzberger », Elsassland, 1936, p. 275-280 ; Dictionnaire de biographie française, XVIII, 1993, c. 1273-1274.
Portrait : Ch. Kreutzberger, op. cit.
Francis Gueth (1994)