Volcanologues, (C) († au volcan Unzen, Japon, 3.6.1991).
Katia Conrad (★ Soultz 17.4.1942), fille de Charles Conrad, chef de production, et de Madeleine Burey, directrice d’école, ∞ 18.8.1970 à Mulhouse Maurice Paul Krafft (★ Mulhouse 25.3.1946), fils de Raymond Krafft et d’Élisabeth Dopff, médecins.
Manifestant un intérêt précoce pour les sciences de la Terre – visite du Stromboli à 7 ans, membre de la Société géologique de France à 14 – Maurice Krafft entreprit des études de géologie, à Strasbourg en particulier, tandis que Katia se consacra à la chimie, en privilégiant la géochimie. Loin des filières classiques de la recherche, les Krafft choisirent de pratiquer la volcanologie dans la liberté. En « têtes de mules alsaciennes » (Chr. Zuber), ils prirent des « chemins de traverse », en comptant surtout sur eux-mêmes. Les débuts furent, on s’en doute, difficiles. En 1968 fut créé le Centre de volcanologie Vulcain, qui met l’accent sur l’observation directe des dynamismes. Après une « période infernale » s’installa un rythme de croisière. Les Krafft sillonnèrent le monde, examinèrent une foule de volcans, observant 160 éruptions, en prenant des risques, ce qui leur valut les surnoms de « volcano devils » et de « crazy Frenchmen ». Ce qu’il est possible d’appeler l’actualité volcanologique n’excluait pas, pour eux, la maîtrise de la volcanologie dans son ensemble, avec de nombreuses incursions dans un passé parfois lointain. Cette activité multiple finit par imposer le respect de la communauté scientifique, en particulier aux États-Unis et au Japon. Des périodiques de renom (Bulletin of volcanology, Comptes rendus de l’Académie des Sciences...) acceptèrent les contributions des Krafft. Consultés par l’Association internationale de volcanologie et de chimie de l’intérieur de la Terre, ils participèrent aussi à la création de musées volcanologiques, par exemple à la Réunion. D’autre part, leurs talents d’auteurs, de cinéastes et de conférenciers ont fait des Krafft des vulgarisateurs par excellence de la volcanologie, sans se départir pour autant d’une indispensable rigueur. Ces deux facettes de leur œuvre leur valurent une foule de distinctions : prix de l’Exploration, de la Fondation de la vocation, etc. Les Krafft abordèrent aussi d’autres chapitres des sciences de la Terre. La dérive des continents les passionnait. Témoins d’un séisme en Indonésie, admirablement filmé, ils portèrent un intérêt croissant à la sismologie, domaine dans lequel ils furent cependant moins à l’aise. Ils laissent de riches archives dont s’imposent la sauvegarde et l’exploitation désintéressée comme il sied au patrimoine des humanistes qu’ils furent.
Ils sont les auteurs, entre autres, de : Volcans et tremblements de terre, 1971, rééd. 1982 ; Guide des volcans d’Europe, 1974, éd. allemande, 1984 ; À l’assaut des volcans, Islande-lndonésie, 1975 ; La Fournaise, 1977 ; Questions à un volcanologue : Maurice Krafft répond, 1981 ; Volcans et dérive des continents, 1984 ; Les plus beaux volcans, d’Alaska en Antarctique et Hawaï, 1985 ; Les feux de la Terre. Histoire des volcans, 1990 ; Führer zu den Virunga-Vulkanen, 1990.
Articles nécrologiques : L’Alsace des 4 et 19.6.1991 ; Dernières Nouvelles d’Alsace des 5 et 30.6.1991 ; Sciences et Avenir, août 1991 ; Dictionnaire de biographie française, XVIII, 1993, c. 1265.
Jean Vogt (1994)