Skip to main content

KOTTER Hans

Musicien, compositeur (★ Strasbourg vers 1480 † Berne, Suisse, vers 1541).

Fils de Lux Kotter © ∞ I 11.11.1505 à Torgau, Saxe-Anhalt, N. Sager. ∞ II 1531 Anna Tschollier. Kotter connut dans son enfance l’orgue de la cathédrale de Strasbourg, un instrument de Michael Gerlach et de Peter Generis © (1433) remanié par Michael Krebs d’Anspach en 1489, d’où sa vocation d’organiste. De 1498 à 1500, il se perfectionna auprès du plus grand organiste de l’époque, Paul Hofhaimer, aux frais de l’électeur de Saxe Frédéric le Sage ; il faisait partie des « Paulomines » (Luscinius, Musurgia, 1536, p. 17). Organiste à la cour de Torgau jusqu’en 1508, il y rencontra les compositeurs Adam von Fulda et Heinrich Isaac, son maître pour la musique spirituelle. Par Jorg Sager, le fils de son beau-frère, il entra en relation avec le célèbre facteur d’orgues bâlois Hans Tügi. En 1513, on le retrouve à Fribourg-en-Brisgau : il y rencontra Bonifacius Amerbach, à qui il dédia un Tabulaturbuch pour orgue et qui resta son ami le plus proche, mais aussi Thomas Blaurer, Sixt Dietrich, Hans Baldung-Grien ©, Thomas Sporer, les Johann Weiditz I et II, Hans Weck, l’organiste de la cathédrale, et fréquenta les cercles humanistes. En 1514, il fut nommé à vie organiste de l’église collégiale Saint-Nicolas de Fribourg en Suisse. À partir de 1520, il adhéra à la Réforme de Luther et de Zwingli et fut alors l’objet de menaces de la part du Magistrat de cette cité. En 1530, il fuit la ville en compagnie de son ami le Stiftskantor Johann Wannermacher, espérant trouver un poste d’organiste à Strasbourg. Mais la Réforme y avait fait taire, pour un temps, les orgues. Il n’obtint pas non plus de succéder à Hans Büchner à l’orgue de la cathédrale de Constance et dut accepter en 1534 un poste de maître d’école à Berne. En 1540, il acheta une maison dans cette ville et mourut peu après. Sa correspondance avec les érudits, les réformateurs et les musiciens de son temps nous révèle une âme éprise de spiritualité et très engagée dans le mouvement réformateur.

Son œuvre, conservée dans trois manuscrits de la Bibliothèque de l’Université de Bâle (F VII, 26, c ; F IX, 22 ; F IX, 58), comprend une soixantaine de compositions pour clavier : transcriptions de chansons polyphoniques ; danses – parmi lesquelles un humoristique Spaniol Kochersperg ; courtes pièces instrumentales désormais dégagées de l’influence de la musique vocale, d’où leur importance pour l’historien de la musique (Fantaisies, Preambula, Proemia, Praeludia…) et les deux premiers préludes de choral connus: Uss tieffer Nodt schry ich zu dir (choral orné) et O Herre Gott, begnade mich (choral figuré) composés sur des mélodies strasbourgeoises.

Éditions : W. Merian, Der Tanz in den deutschen Tabulaturbüchern, Leipzig, 1927 (rééd. 1968) ; H. J. Moser, F. Heitmann, Frühmeister der deutschen Orgelkunst, Leipzig, 1930 (rééd. Wiesbaden, 1954) ; H. J. Marx, Tabulaturen des XVI. Jahrhunderts, I : die Tabulaturen aus dem Besitz des Basler Humanisten Bonifacius Amerbach, VI, Kassel, 1968.

Thuringisches Hauptstaatsarchiv Weimar, Reg. Bb 4 188, 36 ; Staatsarchiv des Kantons Bern, A II, 107, RM 228, 27 ; A II, 133, RM 263, 207 ; A V, 1421, UP 56, 17 ; F. Bern Stift, 3.5.1540 ; Luscinius (Ottmar Nachtigall ©), Musurgia seu Praxis Musicae, Strasbourg, 1536; A. Fluri, Sammlung Bernischer Biographien, III, Berne, 1898, p. 548-553 ; idem, « Beschreibung der deutschen Schule zu Bern », Archiv des historischen Vereins des Kantons Bern, 16, 1900-1902, p. 492-651 ;  Die Berner Chronik des Valerius Anshelm, éd. par le Historischer Verein des Kantons Bern, Berne, 1901, p. 25 ; A. Fluri, « Sechs Briefe des Organisten H. Kotter an Bonifacius Amerbach », Archiv des historischen Vereins des Kantons Bern 17, 1904, p. 177-193 ; idem, Orgel und Organisten zu Bern, Berne, 1905, p. 33 ; Vogeleis, Quellen und Bausteine zu einer Geschichte der Musik und des Theaters im Elsass, Strasbourg, 1911, p. 186, 192, 195-196 ; W. Merian, Die Tabulaturen des Organisten H. Kotter, Leipzig, 1916 (rééd. 1973) ; idem, « Bonifacius Amerbach und H. Kotter », Basler Zeitschrift für Geschichte und Altertumskunde 16, 1917, p. 140-206 ; A. Pirro, « Deux danses anciennes », Revue de Musicologie, 1924, p. 6-16 ; Th. Gérold, « Les plus anciennes mélodies de l’église protestante de Strasbourg et leurs auteurs », Cahiers de la Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 1928, p. 8 ; W. Gurlitt, « J. Kotter und sein Freiburger Tabulaturbuch von 1513 », Elsass-Lotringisches Jahrbuch, 19, 1941, p. 216-237 (étude fondamentale) ; Y. Rokseth, La musique d’orgue à la fin du XVe siècle et au début du XVIe, Paris, 1935, p. 205 ; Die Musik in Geschichte und Gegenwart, VII, Kassel, 1958, c. 1650-1653 ; Riemann Musik-Lexikon, Mayence, 1959, p. 956-957 ; R. Eitner, Quellen-Lexikon der Musiker und Musikgelehrten, V, Gray, 1959, p. 418 ; H. J. Marx, « Der Tabulaturcodex des Basler Humanisten Bonifacius Amerbach », Musik und Geschichte. Leo Schrade zum 60. Geburtstag, Cologne, 1963, p. 150 ; Schweizer Musiker-Lexikon, Dictionnaire des Musiciens suisses, Zurich, 1964, c. 210-211 ; M. Schuler, « Ein Beitrag zur Biographie H. Kotter’s », Die Musikforschung 22, 1969, p. 197 ; The New Grove Dictionary of Music and Musicians X, Londres, 1980, p. 217 ; M. Honegger, Dictionnaire de la Musique, I, Paris, 1986, p. 664-665 ;  Encyclopédie de l’Alsace, VIII, 1984, p. 4565 ; J. Knietz, Die Handschriften der Universitätsbibliothek Basel : Katalog der Musikhandschriften des 16. Jahrhunderts. Ouellenkritische und historische Untersuchungen, Bâle, 1988, p. 343, 419.

Jean Happel (1994)