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KOBLOTH René Charles Frédéric

Ingénieur de l’École nationale d’ingénieurs et de techniciens des Eaux et Forêts, (Pl) (★ Ohlungen 18.2.1910).

Fils de Charles Kobloth, brigadier des Eaux et Forêts, et de Marie-Louise Kommer. ∞ 7.2.1934 à Walbourg Élisabeth Jautzy, de Cleebourg ; 4 enfants. Affecté à la Conservation des Eaux et Forêts de Chambéry au service de la restauration des terrains de montagne. Mobilisé au 164e régiment d’Artillerie, secteur fortifié de Savoie. Aspirant-observateur, a occupé dans le massif du Mont Thabor, à 2300 m, de mai à juin 1940, l’observatoire avancé du fort du Télégraphe. A surpris la manœuvre de trois bataillons de chasseurs italiens essayant de contourner les arrières du dispositif de défense de la Maurienne ; par des tirs rapides et précis, leur a infligé des pertes sévères, les contraignant à se replier, le 22 juin. Démobilisé, est entré à l’École nationale des Eaux et Forêts des Barres. Nommé garde général au poste de Raon-l’Étape, Vosges, en juillet 1944. Est entré en contact avec l’inspecteur François à Saint-Dié qui le chargea de missions de renseignements et de liaisons. Arrêté le 18 octobre avec François par un Sonder-Kommando mixte de SS et de miliciens chargé de désorganiser la Résistance et la liaison avec le Groupement mobile d’Alsace. Parmi les forestiers et civils arrêtés, douze furent assassinés le 22 dans la vallée de Ravines, près de Moyenmoutier, et leurs corps brûlés dans la scierie de Barodet. Les autres, dont Kobloth, furent déportés à Dachau via Schirmeck. Kobloth a été incorporé au Kommando du déblaiement des voies ferrées de la gare de Munich. Épuisé, atteint d’une pneumonie, il est entré à l’infirmerie en décembre ; aidé par des camarades, il en est sorti et a été affecté au garage du camp. À l’aide d’un poste radio, il a capté des informations diffusées par les Alliés, et les a répercutées en même temps qu’il a fourni aux malades atteints de dysenterie du charbon de bois, soustrait aux véhicules à gazogène, l’unique remède disponible. Libéré avec le camp le 29 avril, il a été rapatrié par une colonne française commandée par le lieutenant-colonel Massu. Réintégré aux Eaux et Forêts, il a été affecté à l’inspection d’Abreschviller où sévissait une pénurie de main-d’œuvre que l’on essayait de pallier par l’emploi de prisonniers de guerre allemands et qu’il fallait former, ravitailler… En 1951, il a demandé une mutation à Saverne afin que ses enfants puissent fréquenter le lycée. Il a été chargé de la formation de la main-d’œuvre forestière, avec le concours de l’Enseignement technique, en s’inspirant des réalisations en Suisse, à Soleure, et en Allemagne, à l’Institut de formation de Reinbeck, où il a effectué un stage. Pour stabiliser la formation, il a proposé, et obtenu, la création d’un certificat d’aptitude professionnelle de bûcheron-sylviculteur délivré par la Chambre des Métiers. Afin d’attirer la jeunesse rurale, il a organisé des concours de bûcheronnage, aidé par la ville de Saverne et des fabricants d’outillage. Le bûcheron est ainsi devenu un professionnel qualifié. En 1962, il s’est vu proposer la gestion d’un domaine forestier de 1500 ha, dans la région des étangs de Lorraine. Mission : remettre en valeur la propriété amoindrie par suite d’exploitations abusives, mais en maintenant le potentiel de chasse au grand gibier. La restauration passait par une ouverture des massifs et la réintroduction du chêne sur des sols lourds et humides. Pour permettre l’accès de véhicules gros porteurs, les emprises des chemins ont été « stabilisées à la chaux ». Quant aux surfaces à reboiser, elles ont été assainies par des labours en « billons » ; les fonds marécageux ont été transformés en étangs et livrés à la pisciculture. L’ensemble du domaine a été réorganisé à la faveur des remembrements des communes voisines. L’heure de la retraite ayant sonné, Kobloth est revenu à Saverne où il a continué à servir dans l’Église de la Confession d’Augsbourg comme délégué au Consistoire supérieur et membre du Directoire. Titulaire de la croix de Guerre 1939-1945 (9 juillet 1940), de la Médaille de la Résistance (31 mars 1947), il a été nommé chevalier, puis officier de la Légion d’honneur (27 juin 1968 et 5 juillet 1976) et du Mérite agricole (1950 et 1959).

Ses principales réalisations ont fait l’objet de publications dans les organes professionnels, en particulier dans la Forêt privée. Revue forestière européenne et dans le numéro spécial du Centenaire de l’École d’ingénieurs forestiers, septembre 1984 ; diverses relations ont paru dans des bulletins, tels L’Essor, ceux de la Société philomathique vosgienne, de la Société philomathique de Maurienne…

Jean Braun (1993)