Homme politique strasbourgeois, (C, puis Pl) (★? 1479 † Strasbourg 4 ou 5.10.1552).
Fils de Claus Kniebs, sénateur de la tribu des Maréchaux, et de Catharina Meyger. ∞ Otilia Roth, sœur du Stadtartzt Michel Roth © ; 6 enfants. On l’a cru licencié en droit, mais ce n’est pas certain. Ammeistre à quatre reprises (à cause de sa surdité croissante, il refusa la cinquième fois ce poste), il fut membre des XV, puis des XIII, administrateur de l’hôpital, de couvents sécularisés, de la paroisse Saint-Thomas, scolarque à vie, sans compter la participation à plusieurs commissions. Il fit partie, avec Jacob Sturm ©, Mathis Pfarrer ©, Martin Herlin ©, Peter Butz ©, du groupe des hommes politiques qui ont le plus contribué à implanter la Réforme protestante à Strasbourg dès 1521. Il était partisan d’une réorganisation de l’instruction scolaire dans le sens indiqué par Martin Bucer © ; scolarque en 1526 avec Jacob Sturm et Jacob Meyer ©, il voulut une éducation dans la nouvelle foi, mais dans une institution laïque, contrôlée par un pouvoir indépendant du clergé. Il restait plus réservé sur l’instauration d’une haute école. Il fut un des protagonistes les plus convaincus de la suppression de la messe en 1529. Plus soucieux du bon fonctionnement de la Ville que du développement du protestantisme en Allemagne, il ne participa qu’à quatre missions extérieures. Partisan du système oligarchique de sa ville, il était porté vers les villes suisses plutôt que vers les princes allemands. Il entretint sur le tard une correspondance abondante et amicale avec Bernhard Meyer, bourgmestre de Bâle. Il supporta mal les relations tendues avec l’empereur, la guerre de Smalcalde et l’Intérim. Il rêvait d’un déroulement plus paisible des événements politiques. Au point de vue social, il eut quelques vues novatrices : dès 1515, il fit engager un médecin municipal, le Dr Michel Roth, dans le but d’infléchir la conception charitable des hôpitaux vers une conception plus thérapeutique. Relativement rigoureux et partisan d’un ordre social respecté par tous, il était très aimé à cause de sa droiture et de ses convictions. Il éprouvait en effet une foi profonde et inébranlable dans la nouvelle religion. Il n’avait rien d’un théologien ou d’un esprit abstrait ; sa foi était simple, parfois teintée d’anxiété et d’impatience, surtout vers la fin de sa vie. Il ne participa pas à la création de la Ligue de Smalcalde et préféra veiller au bon fonctionnement des institutions municipales. Il avait une vue très élevée sur les devoirs des sénateurs. Maître de la corporation des Maréchaux (un ancêtre était chaudronnier), il semble avoir vécu de ses rentes, nanti qu’il était de revenus confortables. Ni orateur, ni écrivain, il a laissé une abondante correspondance.
Archives municipales de Strasbourg, série AA et KS ; Archives du Chapitre de Saint-Thomas, déposées aux Archives municipales de Strasbourg, Inventaire complémentaire de J. Rott ; Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Ms 1058, Collectanea genealogica ; Staatsarchiv Basel, Polit. M 8,1, M 8,2, M 8,3, Zeitungen L 2,1, Kirchenakten A 8 ; Politische Correspondenz der Stadt Strassburg im Zeitalter der Reformation, I-III et IV, 1-2, Strasbourg, 1882-1898, Heidelberg, 1931-1933, passim ; O. Winckelmann, Das Fürsorgewesen der Stadt Strassburg, Leipzig, 1922 ; J. Rott, « Un recueil de correspondances », Bulletin philologique et historique, 1968, p. 749-818 ; idem, « Magistrat et Réforme », Revue d’histoire et de philosophie religieuses, 1974, p. 103-114 ; Th. Brady, Ruling class, Regime and Reformation in Strasbourg, Leyde, 1978 ; Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, sous la dir. de G. Livet et F. Rapp, Strasbourg, II, 1987, p. 367-378 : M. Mathis, « Trois Ammeister de Strasbourg à l’époque de la Réforme, » Annuaire de la Société des Amis du Vieux-Strasbourg, 1992, p. 17-42 (bibliographie complète) ; idem, Inventaire analytique de la correspondance Kniebs, à paraître aux Archives départementales du Bas-Rhin.
Portrait : dessin de Hans Baldung Grien, reproduit en particulier dans Histoire de Strasbourg des origines à nos jours, II.,1981. p. 438, fig. 67A.
Marcel Mathis (1993)