Poète dramatique dialectale, (Pl) (★ Phalsbourg, Moselle, 18.8.1906 † Strasbourg 7.1.1977, inhumée au cimetière Sainte-Hélène).
Fille de Frédéric Knecht (★ Sarrebourg 19.7.1878 † Sarrebourg 26.1.1963), photographe, et de Caroline Bacher (★ Phalsbourg 30.1.1884 † Sarrebourg 7.1.1937). Le père avait appris son métier de photographe en 1898 chez Lorson à Strasbourg. La mère lisait avec passion les grands auteurs de la littérature allemande. De là, peut-être, le goût d’A.-F. Knecht pour l’image scénique, l’art dramatique et la poésie. Dès l’âge scolaire, elle écrivit des pièces de théâtre pour les fêtes paroissiales. Devenue employée de bureau à Strasbourg, elle continua à écrire. C’est à ce moment qu’elle entra en contact avec l’anthroposophie, d’abord par le biais du théâtre. Non seulement elle organisa des soirées publiques de poésie et de chant, mais elle aida le docteur Jean Schoch (★ 11.5.1904 † 28.3.1970), responsable de la Société anthroposophique, à mettre en scène les Weihnachtsspiele (les Jeux de Noël) de l’école libre Saint-Michel, Strasbourg-Koenigshoffen. Mais Knecht continua à écrire, en allemand, puisque sa scolarité s’était terminée en 1918. Elle ne se sentait pas suffisamment compétente en français pour utiliser cette langue pour le théâtre. Puis elle quitta les travaux de bureau et alla travailler la terre, dans une ferme pratiquant la culture biodynamique, conforme à l’approche anthroposophique de la nature. En 1939-1940, elle mit sa formation acquise à la Croix-Rouge au service des blessés à l’hôpital militaire de Sarrebourg, où elle s’était repliée. A la fin de la guerre le Dr Schoch lui confia le jardin d’enfants de l’école Saint-Michel auquel elle donna un grand épanouissement. Elle y pratiqua une approche de l’enfance et des méthodes qui devinrent, par la suite, celles de l’enseignement public. Ce labeur ne l’empêcha pas d’écrire. En 1959 elle créa l’association « Les amis de la campagne ». Elle mit en scène ses adaptations et les présenta dans plusieurs villages du Bas-Rhin et des régions limitrophes, ainsi d’après Grimm, D’verdüscht Arwet (Le travail interverti), le conte de Frau Holle. Le théâtre alsacien de Strasbourg, dont elle fut membre du comité, représenta successivement An de Grenz, pièce du temps de la Révolution (1954-1955, 1972-1973, 1988-1989) ; D’Heimkehr (1956-1957) ; Dr verlorene Wald (1958-1959), adaptée pour la RTF par Mme Mathis ; D’r Junker un sini Magd qui relate les amours du comte Jacques de Lichtenberg © et de Barbe © d’Ottenheim (1969-1970) ; S’Uewerzwerich Kàttel, adaptation libre de la Mégère apprivoisée de W. Shakespeare (1971-1972) ; E Pfingschtüsfiuej, une adaptation d’après Rolf Steiner (1975-1976). Non représentées furent la comédie Der Gymnastique Professer (1975) et sa dernière pièce S’isch emol g’sin, située dans le Strasbourg de la Renaissance autour du Stettmeistre Jakob Sturm ©. Cette pièce avait fait l’objet de recherches approfondies et obtint de nombreuses récompenses (2e prix du Concours Lucien Dreyfus-Fédération des théâtres alsaciens ; Prix de l’Institut des Arts et Traditions populaires d’Alsace). Knecht avait écrit une adaptation libre du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Le manuscrit a cependant disparu. À côté de son œuvre dramatique, elle avait conçu de nombreux contes et poèmes, parus dans l’édition bilingue des Dernières Nouvelles d’Alsace, dans le Le Nouvel Alsacien et dans le Grosse hinkende Bote. Des extraits de son œuvre figurent dans : Anthologie. Elsass-Lothringischer Dichter der Gegenwart, I, Strasbourg, 1969, et G. Holderith, Poètes et prosateurs d’Alsace, une anthologie, Strasbourg, 1978. Elle mourut d’une longue maladie, supportée avec la sérénité et le courage dont elle avait fait preuve toute sa vie. Sa famille publia à titre posthume une cinquantaine de poèmes, Gedichte, Obernai, 1978.
Der grosse Strassburger Hinkende Bote, 1965, p. 87 et 123, 1966, p. 29 et 133, 1967, p. 55-69, 1975, p. 64 et 86 ; Soirée de poésie et de chant à l’école Saint-Michel, programme, 13.5.1971 ; Poètes alsaciens contemporains 15.11.-15.12.1972, catalogue de l’exposition Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, Strasbourg, 1973, p. 23 ; Soirée de poésie et de chant, Palais des fêtes de Strasbourg, programme, 30.9.1973 ; Beckpresse, Birkenfeld, 1975, p. 31-35 ; A. Finck, Littérature alsacienne. XXes., Strasbourg, 1990, p. 331.
Suzanne Knecht (1993)