Architecte, © (★ Cologne, Rhénanie-Westphalie, 18.12.1864 © Gengenbach, Bade, 8.2.1924).
Fils d’Adolph Nicolaus Knauth, rentier, et de Mathilde Grenel (ou Greuel). ∞ 3.9.1892 à Strasbourg Mathilde Holtzmann (★ Strasbourg 17.11.1868), fille de François Ignace Holtzmann, aubergiste, et de Mathilde Ehrhard ; 2 fils. Entré au service de l’Œuvre Notre-Dame le 8 janvier 1891, Knauth en devint l’architecte en titre le 1er avril 1905. La cathédrale de Strasbourg lui offrit un champ d’activité à sa mesure. Knauth entreprit d’importantes restaurations au décor extérieur de la façade principale de la cathédrale (notamment la galerie des apôtres, les anges musiciens, d’importantes parties de la rose). On lui doit également l’installation d’un système de chauffage et la construction d’un tambour de porte en style gothique tardif sur le côté nord de la cathédrale entre le portail Saint-Laurent et le bas-côté nord (1904). À remarquer le décor en cuivre des deux portes réalisé par le serrurier Rager. Confronté à partir de 1907 au problème de la consolidation de la tour, il s’est surtout attaché au renouvellement des fondations de celle-ci (voir Bulletin de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg, 1978, p. 6-40). Commencés en 1912, les travaux se poursuivirent au ralenti pendant la Première Guerre mondiale. Les conséquences de celle-ci pesèrent tragiquement sur la fin de la carrière de Knauth. Ayant perdu ses deux fils à la guerre, Knauth ne put se résigner à solliciter la nationalité française, condition sine qua non de son maintien au service de l’Œuvre Notre-Dame. Prononcée dès le 18 juin 1919, son expulsion fut provisoirement reportée à la suite des interventions favorables d’A. Millerand ©, commissaire général de la République (11 juillet 1919 et 29 septembre 1920), du Conseil supérieur d’Alsace et de Lorraine (7 octobre 1919), de Boeswillwald, inspecteur général des Monuments historiques, et du préfet (25 mars 1920). Mais le 22 juillet 1920, le maire Peirotes © demanda au préfet d’envisager l’expulsion immédiate de Knauth devant le refus de celui-ci d’acquérir la nationalité française et son remplacement par Dauchy ©, « architecte principal de la Ville qui depuis quatre mois remplit les fonctions que Knauth exerçait autrefois et qui possède les qualités et connaissances requises pour un architecte de la cathédrale » (lettre de J. Peirotes du 9 octobre 1920). Le 7 janvier 1921, le maire fit savoir à Knauth « qu’il est relevé provisoirement du Service de l’Œuvre Notre-Dame ». Knauth contesta cette mesure de suspension provisoire (14 janvier 1921) et intenta un procès à la Ville qu’il perdit en appel à Colmar (lettre de maître Fernand Heitz © du 7 janvier 1924, chargé de la défense des intérêts de la Ville). À partir du 5 mars 1921, Knauth s’était établi à Neuwiller-lès-Saverne avec son épouse. Son logement, 5, place du Château, avait déjà été réquisitionné par arrêté du 27 mars 1920 au profit de l’architecte Dauchy (lettre de l’Office municipal des logements du 18 septembre 1920). Suite à sa destitution et à son expulsion, privé de sa pension, Knauth s’établit à Gengenbach où il mourut peu après, miné par l’ingratitude de la Ville de Strasbourg. Enterré au vieux cimetière d’Offenbourg (Gräberfeld 11) où la Ville de Strasbourg fit déposer une couronne en 1974, cinquantième anniversaire de la mort de Knauth. Sa veuve légua son mobilier et sa bibliothèque au Musée historique de Francfort.
Comme architecte de la cathédrale, Knauth fut sollicité pour superviser les travaux de restauration entrepris à la collégiale de Saint-Martin à Colmar (1903), de l’église Saint-Georges à Sélestat (1909) et de celle d’Überlingen, Bavière (1913). Knauth fut membre du comité des Amis de la cathédrale de Strasbourg à partir de 1903, conservateur des Monuments historiques à titre honorifique à partir de 1904 (lettre de Félix Wolff © du 12 juillet 1904), rémunéré à partir de 1909, membre de la Landesbaukommission (1908). Fin 1913, Knauth fut sollicité pour participer à la commission chargée de l’inventaire des œuvres d’art en Alsace (lettre du 20 décembre 1913). Le 18 mars 1914, il succéda à Émile Salomon © à la Chambre des experts des Beaux-Arts (Sachverständigenkammer für Werke der bildenden Künste). La même année, il démissionna de la présidence du comité « der gemeinnützigen Baugenossenschaft » (30 mars 1914). Les Amis de la cathédrale et la Ville de Strasbourg organisèrent en 1976 une exposition au Musée de l’Œuvre Notre-Dame pour commémorer l’œuvre de Knauth.
Chercheur intelligent et infatigable, Knauth publia un nombre impressionnant d’articles, dont voici les principaux : « Der Lettner des Munsters, ein verschwundenes Kunstwerk », Die Denkmalpflege IV, 1902 ; Denkschrift betreffend die räumliche Vereinigung der städtischen Kunstsammlungen Strassburg, s.d. ; « Zur Hohkönigsburgfrage », Strassburger neueste Nachrichten du 2.5.1908 ; « Das Strassburger Münster und die Cheopspyramide. Rätsel der Baukunst », Illustrierte elsässische Rundschau, 1907 ; Bericht uber die Bauschäden am Turmpfeiler und ersten Arkadenpfeiler des Munsters, Strasbourg, 1909 ; Das Strassburger Münster, Düsseldorf, 1911 ; Erwin von Steinbach, Strasbourg, 1912 ; Über die Sicherung des Nordturmes des Strassburger Munsters, Berlin, 1913 ; Die Gartenvorstadt Stockfeld bei Strassburg, Oldenburg, 1913 ; Erhaltung des Ortsbildes. Vortrag, Strasbourg, 1913 ; Die Verheerungen des Nordturmes des Strassburger Münsters, Berlin, 1913 ; Die Verheerungen der französischen Revolution am Strassburger Münster, Düsseldorf, 1914 ; Erwin von Steinbach. Zum 600. Todestag des Münsterbaumeisters, Strasbourg, 1918.
Der Elsässer du 25.3.1909 ; Strassburger Post du 24.1.1915 ; « Die Dienstentlassung des Dombaumeisters Knauth », La République du 8.2.1924 ; « Zum Tod des ehemaligen Dombaumeisters Knauth », Dernières Nouvelles de Strasbourg des 10 et 21.2.1924 ; Strassburger neue Zeitung du 10.2.1924 ; « Dombaumeister Knauth gestorben », L’Écho d’Alsace et de Lorraine du 11.2.1924 ; Frankfurter Zeitung du 18.2.1924 ; « Das Strassburger Münster ist nicht mehr gefährdet », Dernières Nouvelles de Strasbourg du 8.8.1924 ; « Das Strassburger Münster ist nicht mehr gefährdet. Der Wahrheit die Ehre », Der Elsässer du 27.8.1924 ; « L’architecte aux yeux bleu d’acier », Dernières Nouvelles de Strasbourg du 31.8.1924 ; La Vie en Alsace, 1926, p. 39-43 ; Thieme-Becker, Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, XX, 1927, p. 575 (bibliographie) ; L. Hell, Johann Knauth, der letzte deutsche Baumeister am Münster zu Strassburg, Strasbourg, 1930 ; Johann Knauth, Elsässer Kurier du 8.1.1931 (Beilage) ; Elsassland, nov. 1931 ; J.-. Haeusser, « À la mémoire de Johann Knauth (1864-1924) », Bulletin de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg, 1974, p. 10-13 (portrait) ; « Hans-Knauth-Ehrung in der Strassburger Presse », Der Westen 24, 1974, p. 7 ; « Hans Knauth, der Retter des Strassburger Münsters. Zum 50. Wiederkehr seines Todestages », ibidem, p. 3-4 (portrait) ; Le Nouvel Alsacien des 7 et 9.2.1974 ; Badische Zeitung du 28.2.1974 ; J.-R. Haeusser, « En l’honneur d’un grand architecte de l’Œuvre Notre-Dame : Johann Knauth », Bulletin de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg, 1976, p. 83-85 ; H. Hering, A. Schimpf, « Les travaux de consolidation du pilier supportant la tour de la cathédrale de Strasbourg conduits par Johann Knauth et Charles Pierre », ibidem, 1978, p. 7-40 ; W. Mechler, « Strassburger Münsterbaumeister Dr. h.c. Joh. Knauth « Retter der Cathédrale » », Badische Heimat 58, 1978, p. 225-228.
† François-Joseph Fuchs (1993)