Architecte, (C) (★ Strasbourg 29.11.1810 † Strasbourg 24.1.1880, inhumé au cimetière Sainte-Hélène).
Fils de Jean-Louis Klotz, brasseur, et de Marie Simon dite Simonette Meyé. 19.1.1860 à Strasbourg Octavie Daclon, fille de Henri Augustin Daclaon, directeur des contributions indirectes en retraite et chevalier de la Légion d’honneur, et de Thérèse de Glaubitz ; 1 fils : Henri (★ 23.3.1861). Après des études secondaires au collège royal à Strasbourg, Klotz partit à Paris et commença en 1828 des études d’architecture à l’atelier de Léon Vaudoyer, l’architecte du Marché des Carmes, puis chez Henri Labrouste. Trois ans après, Klotz poursuivit sa formation artistique à Rome (1831-1834). Il y fit la connaissance d’Ambroise Thomas et d’Hippolyte Flandrin avec lesquels il correspondra durant toute sa vie. De retour à Strasbourg en juillet 1834, Klotz prit en main l’entreprise de son oncle Jean-François Meyé († 7.6.1830), architecte et entrepreneur des travaux de la Ville. En 1836, Klotz obtint avec Eugène Petiti le premier prix au concours organisé par le maire Lacombe © en vue de l’aménagement des promenades publiques de Strasbourg. À la suite de ce succès, Lacombe nomma Klotz architecte de l’Œuvre Notre-Dame en janvier 1837, sous réserve de renoncer aux entreprises dont il était adjudicataire jusque-là. L’année suivante, le nouveau maire Schutzenberger © confirma la nomination de son prédécesseur. De plus, le préfet nomma Klotz architecte départemental, fonction qu’il cumula jusqu’en 1850, date à laquelle le préfet y mit fin parce que Klotz était « commanditaire du journal ultra-socialiste Le Démocrate du Rhin ». Klotz eut à réaliser dans ces deux emplois les travaux nécessaires à la bonne conservation des bâtiments qui lui étaient confiés. En tant qu’architecte départemental, Klotz eut à s’occuper entre autres à Strasbourg de l’hôtel de la Préfecture, du Palais de Justice, du dépôt d’étalons, des prisons, de la caserne de la Gendarmerie, à Sélestat de la construction de la halle aux blés, actuelle Bibliothèque humaniste, et de la restauration de l’église Saint-Georges, à Stephansfeld de la construction de l’asile, à Niederbronn de l’établissement thermal. Parmi les travaux que Klotz entreprit à la cathédrale, il y a lieu de signaler : la restauration des vitraux pour lesquels il fit adopter les cartons présentés par Petit-Gérard ; la suppression des boutiques installées entre les contreforts (1843-1850), et, après les dommages causés par le bombardement de 1870, la reconstruction de la croisée du transept, achevée en 1879. Mais c’est par la transformation de la crypte et du chœur que Klotz commença ses nombreux travaux de restauration, après avoir préalablement effectué un voyage au Proche Orient (1843-1844), aux origines de l’art roman. Après avoir retrouvé à la suite de travaux de fouilles les trois escaliers qui descendaient de la nef dans la crypte, Klotz les rendit à leur usage primitif, en supprimant les escaliers qui permettaient l’accès à partir des transepts. Procédant à d’autres modifications, Klotz donna à la crypte son aspect actuel. S’appuyant sur d’anciens plans, Klotz se mit à la restauration et à la réduction du chœur dans d’assez fortes proportions. Les travaux furent achevés en 1853. Klotz s’attacha aussi à restituer la statuaire mutilée ou détruite pendant la Révolution en faisant appel au sculpteur Philippe Grass © qui exécuta aussi les statues de la chapelle Saint-Laurent et du Jugement dernier qui recouvre le beffroi. Les travaux de restauration touchaient à leur fin, lorsque le bombardement de 1870 remit tout en question. Les deux rapports que Klotz adressa successivement au maire Küss ©, puis à son successeur Lauth ©, donnent une idée de l’ampleur des dégâts : toitures détruites, pinacles effondrés, verrières réduites en morceaux. Klotz se remit au travail. Dans deux autres rapports présentés en 1874 et 1877, Klotz défendit, après avoir demandé conseil à Viollet-le-Duc, la reconstruction de la tour de croisée sous forme d’une coupole détachée de la nef en style roman rhénan, correspondant aux substructures. Des études préliminaires avaient déjà été commencées en 1864 et soumises à Paris en 1869. La décoration du chœur, achevée en 1879, fut réalisée grâce entre autres au concours de E. Steinlé © et de L. Steinheil ©. Klotz fit aussi appel à Steinheil pour la restauration des portes d’après des modèles primitifs (1878-1879). Lorsque, après l’achèvement des deux tours de la cathédrale de Cologne, certains architectes envisageaient de construire aussi une deuxième tour à Strasbourg, Klotz établit l’inconséquence technique et artistique d’un tel projet. Son étude resta cependant inachevée puisque la mort emporta Klotz après près de quarante-trois ans de service. Signalons encore à l’actif de Klotz la construction de l’immeuble 5 place du Château à Strasbourg qui fut loué à l’école de Médecine militaire en 1861. Tout au long de sa carrière, Klotz élabora avec rigueur tous ses projets de restauration en s’appuyant toujours sur une excellente étude historique et archéologique préalable de la partie du monument à restaurer, quitte à consulter des historiens de l’art ou des archéologues. Du point Klotz. fut désigné par les électeurs du canton Sud comme leur délégué au Comité central des citoyens du Bas-Rhin. À la suite de la reconstitution de la Garde nationale, Klotz fut nommé capitaine de la 2e compagnie du 4e bataillon jusqu’à sa suppression à la fin de l’année 1851. Klotz figure aussi parmi les fondateurs du journal Le Démocrate du Rhin qui soutint et propagea les principes démocratiques. Ce journal disparut, après une vie éphémère, vers la fin de l’année 1851. Klotz était membre de la Société des Amis des Arts de 1834 à 1851 et trésorier de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace de 1855 à 1880.
Parmi les études et rapports publiés par G. Klotz signalons : Cathédrale de Strasbourg. Réparation des dégâts causés au sommet de la flèche par le bombardement. Rapport présenté à M. Küss, maire de la Ville, Strasbourg, 1871 ; Cathédrale de Strasbourg. Réparation générale des dégâts causés par le bombardement. Rapport présenté à M. E. Lauth, maire de la Ville, Strasbourg, 1872 ; 1875. Cathédrale de Strasbourg. Projet du couronnement à établir sur la coupole du chœur (avec la coll. de F. X. Kraus ©), Strasbourg, 1875 et 1878 ; Recherches sur un bas-relief en bronze attribué aux anciennes portes de la cathédrale faites à l’occasion de l’établissement des nouveaux vantaux, Strasbourg, 1876 ; Über die Bedachung der Vierungskuppel am Münster zu Strassburg, 2 t., Strasbourg, 1875 et 1878 ; Die neuen Thorflügel am grossen Portal des Munsters zu Strassburg, Strasbourg, 1879.
Journal d’Alsace des 27 et 28.1.1880 ; Affiches de Strasbourg du 28.1.1880 ; Revue Alsacienne, février 1880 ; F. Wendel, « Gustave Klotz, architecte de la cathédrale », L’Alsace française du 26.10.1930, p. 340-343 ; J. Klotz, Gustave Klotz (1810-1880) d’après ses notes, ses lettres, ses rapports, Strasbourg, 1965 ; idem, « Gustave Klotz, architecte de l’Œuvre Notre-Dame 1837-1880 », Bulletin de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg, 1966, p. 21-50, portrait ; Élan, 1966, n° 3-4, ; J. Klotz, « Hommage à G. Klotz. Extrait de l’allocution prononcée par J. Klotz le 15.2.1980 », Bulletin de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg, 1980, p. 77-78 ; R. Recht, « L’œuvre historique de G. Klotz », ibidem, 1980, p. 78-79 ; J.-P. Kintz, Journaux politiques et journalistes strasbourgeois sous le Second Empire (1852-1870), Strasbourg, 1982 (index) ; J.-R. Haeusser, « Pour une restitution de la tour de Gustave Klotz », Bulletin de la Société des amis de la cathédrale de Strasbourg, 1984, p. 97.
† François-Joseph Fuchs (1993)